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La force est pour la brute, et la loi pour les hommes,
La loi fut accordée à tous tant que nous sommes.
C'est par ses noeuds sacrés que le ciel nous unit:
Le ciel nous récompense, et le ciel nous punit.
Quiconque en ses discours, par un public hommage,
Rend à la vérité le plus par témoignage,
Obtient de Jupiter d'éclatantes faveurs;

Et ses derniers neveux partagent ses honneurs.
Un opprobre éternel sait tout mortel parjure:
Son nom pour ses enfans est une affreuse injure;
Leur unique héritage est le courroux des dieux,
Trop aveugle Persés, ouvre tes foibles yeux :
A leurs regards troublés deux chemins se présentent.
L'un n'est par-tout rempli que d'objets qui nous tentent;
Il est large, facile, et parsemé de fleurs :

C'est celui des plaisirs, du vice, et des erreurs.
L'autre est pierreux, étroit, bordé de précipices;
Il mène à la vertu, inais non par les délices:
Les dieux au-devant d'elle ont placé des travaux,
Des périls, des dégoûts, des peines et des maux.
Le mortel qui franchit cette rude barrière,
Trouve enfin le bonheur au bout de la carrière.

Ce poème a été fort bien traduit en prose par l'abbé Bergier, ainsi que la theogonie ou génération des dieux du même poète, le seul que la Grèce ait produit en ce genre.

Virgile dans ses Georgiques est bien supérieur à Hésiode. Il est aussi riche et aussi inépuisable que la nature même. Ses préceptes sont presque toujours renfermés dans des descriptions, ses tableaux non moins variés que brillans, son style toujours noble, rapide et harmonieux, ses épisodes toujours agréables et bien amenés. Il déploie tous les trésors du langage poétique avec un art qui paroît inimitable. De toutes les traductions en

prose qui en ont été faites, celle de l'abbé des Fontaine est la plus estimée. Ou ne lit plus la traduction en vers des Géorgiques et de l'Enéïde par Ségrais. Celle des Géorgiques par l'abbé Delille n'égale point l'original. Mais elle en est bien digne par la richesse des expressions, la vivacité des peintures, la beauté de la poésie : c'est une très-belle copie d'un fort beau tableau. On ne peut refuser à la traduction en vers du même poème par le marquis de Pompignan, l'élégance de la versification, l'énergie du coloris, et encore moins le mérite de l'exactitude la plus scrupuleuse à rendre le sens de l'original.

Lucrèce né dans le même siècle que Virgile, embrassa une matière plus élevée, et prétendit dans un poème qu'il intitula, de la nature des choses, établir le système et la doctrine absurde d'Epicure. On y reconnoît depuis long-temps une mauvaise physique. Mais on y admirera toujours une poésie riche, brillante, forte et vraiment pittoresque. La meilleure traduction que nous en ayons, est celle de la Grange.

Horace, contemporain de ces deux derniers poètes, entreprit de tracer les règles de la poésie. Mais son ouvrage n'est proprement qu'une épître, dans laquelle, dédaignant de s'asservir à aucune méthode, il se contente de donner

à ses préceptes de la chaleur et de l'agré ment. Il inspire par-tout le goût du simple, du beau et du naturel. Le P. Sanadon est celui qui l'a le mieux traduit.

Tels sont les vrais poèmes didactiques qui nous restent de l'antiquité. On peut y joindre les Fastes d'Ovide, quoiqu'ils ne soient autre chose que le calendrier des Romains. C'est un de ses meilleurs ouvrages. Le P. Kervillars jésuite, l'a fort bien traduit. Voici les poèmes didactiques que nous ont donnés les modernes : ils sont en assez grand nombre.

Vida, né en Italie, dans le seizième siècle, traita en vers latins le même sujet qu'Horace. Son poème est plein d'excellentes réflexions, et un des plus beaux qui aient été faits en cette langue, depuis le siècle d'Auguste. L'abbé Batteux l'a traduit en français.

L'art poétique de Boileau efface ceux d'Horace et de Vida. Tous les objets renfermés dan un plan général, y sont divisés en quatre chants, dont chacun a un plan particulier. Le mérite de l'ordre est encore relevé par la beauté des détails. Que de difficultés vaincues! quelle versification! Ces deux choses jointes à l'utilité de l'ouvrage même, le rendent le plus précieux que nous ayons dans notre empire littéraire. C'est ce chefd'œuvre de notre poète, qui lui a valu le glorieux titre de législateur du Par

nasse. Voltaire dit dans son Temple du Goût :

Là régnoit Dépréaux, leur maitre en l'art d'écrire,
Lui qu'arma la raison des traits de la satyre;
Qui donnant le précepte et l'exemple à-la-fois,
Etablit d'Apollon les rigoureuses lois.

Le siècle de Boileau vit éclore parmi nous trois poèmes latins. Le premier sur la peinture est de Dufresnoy, qui étoit peintre lui-même. Ses préceptes sont sûrs et puisés dans le sein de la nature, mais en général exprimés trop séchement. De Piles le traduisit en françois, presque sous les yeux de l'auteur.

Le second est le poème des Jardins, par le P. Rapin, jésuite; ouvrage vraiment digne du siècle de Virgile, par l'économie du plan, l'élégance et les graces du style, le choix des ornemens, et la variété des descriptions. On en avoit donné, il y a quelque temps, une traduction, mais beaucoup trop libre, et infidèle. Celle qui a été publiée depuis peu, est exacte: il ne lui manque que d'être un peu plus soignée.

Le troisième est l'Antilucrèce, par le cardinal de Polignac. Le systême du partisan d'Epicure y est détruit par les raisonnemens les plus simples et les plus convaincans, embellis de tout le coloris et de tous les charmes de la poésie. Voici ce que Voltaire, dans son Temple du

Goût, fait dire à Lucrèce qui s'adresse au cardinal :

Aveugle que j'étois, je crus voir la nature.
Je marchai dans la nuit, conduit par Epicure.
J'adorai comme un dieu ce mortel orgueilleux,
Qui fit la guerre au ciel, et détrôna les dieux.
L'ame ne me parut qu'une foible étincelle,
Que l'instant du trépas dissipe dans les airs.
Tu m'as vaincu; je cède, et l'ame est immortelle
Aussi bien que ton nom, mes écrits et tes vers.

Il seroit bien difficile de donner de ce beau poème une traduction plus élégante et plus fidèle que celle qui en a été faite par Bougainville.

Le P.Sanlecque, contemporain de Boileau, nous a laissé un poème français sur le Geste. Il y a des maximes et des préceptes utiles aux orateurs: mais la poésie en est foible.

Notre siècle a été plus fécond encore en poètes didactiques, que celui de Louis le Grand. Un de ceux qui l'honorent le plus est le P. Vanière, jésuite, par son Prædium rusticum. Il y traite avec ordre, et dans le plus grand détail, de tout ce qui concerne l'agriculture. Sa poésie est moins vive et moins brillante que celle de Virgile: mais elle est douce, harmonieuse et variée. Ses tableaux sont gracieux, ses descriptions charmantes; et les plus petits objets y sont toujours ennoblis par l'élégance et la beauté de la diction. Ce poème a été foiblement traduit par Berland d'Halouvry.

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