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» sèrent sous une longue montagne une >> route aux eaux dormantes de ce ma>> rais: ouvrage admirable qui ne devoit » pas être inutile aux siècles suivans.

»Le conduit souterrain de ces eaux >> marécageuses nous étoit entièrement >> inconnu, Mais il fut découvert, lors» qu'on perça les flancs pierreux de cette >> même montagne, pour construire ce » canal merveilleux, qui joint aujour>> d'hui le double empire des ondes. Ce » fut alors que Rome parut renaître de » ses cendres, pour opposer à la har>> diesse de notre entreprise la grandeur >> de son ancien ouvrage, voulant ravir » à la France la gloire d'un si beau mo»nument. Mais si les Romains vinrent » à bout, par un travail opiniâtre et » forcé, de conduire à la mer les eaux de >> ce marais avec ses habitans; les Fran»çais enrichis par le commerce, cou>> vrent de leurs flottes toute l'étendue. » des deux mers, depuis qu'ils ont frayé >> une route aux navires dans les entrail» les mêmes de la terre. Non loin de » cette grotte profonde, les vaisseaux » portés sur des voûtes hardies (1), où >> coulent les eaux qui y sont comme sus» pendues, paroissent vogner dans les

(1) Pont de trois arches, sur lequel le canal de Languedoc est porté, tandis qu'audessous coule la rivière de Cesse.

» champs de l'air, et devoir craindre le » sort d'Icare. Ici au contraire, on croi>> roit qu'ils fendent les noires ondes du » Styx, et qu'ils vont aborder aux som» bres rivages. Mais à peine le naviga>>teur sorti de ce fleuve souterrain, dé>> couvre les hautes tours de Béziers, et » ces belles campagnes, où l'astre du » jour darde ses rayons les plus purs, » qu'il se croit aussitôt transporté dans » les jardins fortunés de l'Elysée.

» Cependant la vue de ce ciel serein, >> de ces riches coteaux, de cette plaine »riante, n'est pas capable de dissiper >> le nouvel effroi dont il se sent tout-à» coup saisi. Les eaux qui tombent du >> haut de la montagne, ne sont ni moins » rapides ni moins bruyantes qu'un tor>> rent fougueux, qui grossi par l'orage, » précipite du sommet des Alpes ses flots » écumans, qu'il roule avec un fracas » horrible parmi des rochers déserts. Au >> bruit épouvantable qu'elles font par >> leur chute, le navigateur est glacé » d'une horreur soudaine; et les vais>> seaux, flottant sur le bord de l'abîme, » sont près d'y être engloutis. Mais les >> vastes bassins (1)creusés sur le penchant

(1) Ce sont huit écluses accolées ensemble, qui en élevant les eaux au niveau de la montagne, y portent les barques, et les en font descendre. Quand les portes de ces huit écluses

» de la colline, et que les eaux remplis» sent successivement, leur facilitent la >> descente de ces lieux escarpés, que la >> chèvre légère franchissoit autrefois >> avec peine.

» C'est là votre ouvrage, illustre » Riquet : c'est à vous que Béziers, votre >> patrie, doit ses richesses et l'ornement » de ses murs: c'est à vous que la France doit le monument le plus beau

le

plus magnifique et le plus utile. Al»cide a détourné le cours des fleuves, >> tracé de nouvelles routes, brisé des ro» chers, aplani des montagnes, et s'est » élevé par ces travaux à l'immortalité. > Vous avez plus fait qu'Alcide: malgré » la distance prodigieuse des lieux, vous » avez ouvert au commerce l'empire des >> deux mers. Si les spectacles de la terre >> vous touchent encore, contemplez-le >> du haut des cieux, ce chef-d'œuvre de » votre grand génie ; à moins que vous >> ne trouviez ici-bas un objet qui flatte >> plus vos regards, dans cet aimable en>> fant à qui sa respectable mère a trans» mis le sang des Lamoignons. Que » d'exemples des plus rares et des plus >> sublimes vertus son illustre famille va >> lui offrir; soit qu'il marche sur les no>> bles traces de son père ou de son oncle;

sont ouvertes, la chute des eaux y forme la plus belle cascade qu'on puisse imaginer.

» soit qu'il couvre sa tête du casque de >> Mars ou du mortier de Thémis »>!

Qu'on ne s'imagine pas qu'un épisode soit toujours une simple description agréable, faite pour délasser et pour égayer l'esprit. Il y en a que le poète didactique mêle à son sujet, dans le dessein d'instruire; et alors en peignant ces objets qui ne tiennent qu'aux principales parties de son ouvrage, il trace une suite raisonnée de préceptes. C'est fait Rosset dans le chant de son poème, où il traite des arbres. A propos du mûrier, il décrit les travaux des vers à soie, qui se nourrissent des feuilles de cet arbre précieux, et entre à ce sujet dans les détails les plus étendus. Cette description est trop bien faite et trop curieuse, pour que je n'en cite pas quelque morceau. En voici un qui est char

ce que

mant.

Lassés d'un vain loisir, et libres de leurs maux, Les vers veulent alors commencer leurs travaux. Aidez de tous vos soins un espoir qui vous flatte. Dans leurs corps transparens l'or de la soie éclate. Vous les voyez monter; offrez-leur des rameaux; Qu'ils puissent y suspendre et filer leurs tombeaux. Sous les anneaux mouvans qu'à vos yeux ils présentent, Dans leur sein deux vaisseaux à longs replis serpentent. La soie en se formant brute et liquide encor, Dans ses riches canaux coule ses ondes d'or. La liqueur s'épaissit dans sa route dernière, Se transforme en un fil, et sort par la filière. Quand la chenille enfin voit ce temps arrivé, Elle prodigue un suc jusqu'alors réservé. En longs cercles d'abord, des fils qu'elle ménage, Elle forme un duvet, appui de son ouvrage : Bientôt elle décrit des mouvemens plus courts;

Et

Et ses fils plus serrés, unis par mille tours,
D'un tissu merveilleux composant la structure
D'un œuf d'or ou d'argent présentent la figure.
Venez les admirer: ce ver dans sa prison

Ne commence qu'à peine à former sa cloison;
Celui-ci, que déjà cache un épais nuage,
Laisse encor de ses fils entrevoir l'assemblage:
D'autres se renfermant dans les mêmes réseaux,
Unis pendant leur vie, unissent leurs tombeaux.
Mais dans ces jours, hélas! si du bruit du tonnerre,
Le ciel dans son courroux épouvante la terre,
Ils frissonnent d'horreur, tombent, et pour jamais
Laissent en expirant leurs tissus imparfaits.

L'agriculture, le plus ancien comme Poètes didactiques. le plus nécessaire des arts, est celui qui a été chanté le premier. Il le fut par Hésiode, bien long-temps avant le siècle d'Alexandre, dans un poème intitulé les Travaux et les Jours. Cet ouvrage semé d'un grand nombre de traits de morale, contient des préceptes d'agriculture, mais trop superficiels. Quoiqu'il y ait des peintures agréables, on y desireroit néanmoins encore plus d'agrément, plus d'art, plus d'épisodes, et surtout plus de poésie. Le marquis de Pompignan en a traduit, ou imité en vers le premier livre. Je ne croirai pas inutile d'en citer ici un morceau qui fera autant connoître le mérite du traducteur, que le caractère et les opinions morales du plus ancien poète profane qui nous soit parvenu. Ce Persés, à qui il adresse ses leçons, étoit son frère.

Persés, veux-tu jopir d'un plus tranquille sort?
Sois toujours le plus juste et non pas le plus fort.

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