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pour être parfait dans l'ode. Son délire est toujours naturel et vrai; ses écarts toujours heureux; son désordre toujours sage et réglé par la raison. Il est, selon les sujets, énergique, majestueux, grave, brillant, délicat et naïf. Dans le genre sublime, c'est un torrent qui gronde, et qui tonne au milieu des arbres qu'il déracine, et des rochers qu'il entraîne. Dans le genre gracieux, c'est un clair ruisseau qui coule et serpente sans bruit sur des gazons fleuris, dont il entretient la délicieuse fraîcheur. Le P. Sanadon, à qui nous devons une traduction complète de ses poésies, l'emporte sur tous les autres traducteurs, même dans les odes, quoiqu'il paraphrase quelquefois son original. Cependant je ne passerai point ici sous silence la bonne traduction que Reganhac nous a donnée de la plus grande partie des odes. Il en a mis plusieurs en vers cette imitation ne manque ni de mouvement ni de chaleur, et peut figurer presque à côté de l'original.

Malherbe est le premier poèle lyrique qu'ait eu la France: ceux qui l'ont précédé ne méritent pas d'en porter le nom. Né en 1555, dans un siècle qui sortoit à peine de la barbarie, il connut le premier le génie de notre langue, et fut, parmi nous, le père de la haute poésie. C'est peu d'avoir mis de la grace et de

l'harmonie dans ses odes. On y trouve encore toute la chaleur du génie, et un enthousiasme vraiment lyrique, qu'il sut toujours plier avec art aux règles du bon goût et de la raison. Si l'on ne s'arrête point à quelques mots surannés, on y verra par-tout une abondance et une justesse d'expressions admirable, une richesse d'ornemens toujours proportionnée au sujet, et jamais de stances qui soient vides d'idées. C'est un des meilleurs modèles de poésie lyrique.

Racan, disciple de Malherbe, avoit un génie propre à la poésie sublime. Mais en général, ses odes, parmi lesquelles il y en a quelques-unes de fort belles, sont négligées et foibles de style. On peut en dire autant de sa traduction en vers des Pseaumes.

J. B. Rousseau, qui est venu après eux, a porté l'ode française à sa plus haute perfection. L'élévation, la vigueur et la souplesse du génie, une imagination des plus vives, des plus brillantes et des plus fécondes, un enthousiasme toujours soutenu, une expression toujours pittoresque, une versification toujours harmonieuse, la grandeur des sentimens, la hardiesse des pensées, l'éclat des images, lui assureront, tant que le goût de la belle poésie subsistera parmi nous, la place qu'il occupe à côté des plus grands poètes, et des lyriques

les plus célèbres. Dans l'ode sacrée, il soutient dignement le caractère de l'éloquence du prophète qu'il imite. Dans l'ode héroïque, il échauffe, élève notre ame, et la remplit des transports d'admiration dont il est lui-même saisi à la vue des grands hommes qu'il loue. Dans l'ode morale, il montre la raison sous la pompe la plus majestueuse de la poésie, et la fait parler avec toute sa force el toute sa dignité. Dans les sujets agréa bles, il nous plaît, il nous enchante par la douceur de la versification, la fraîcheur des images, et la délicatesse du sentiment.

La Motte a fait dans le genre sublime des odes qui manquent d'élévation, de chaleur et de génie. Mais il a réussi dans le genre gracieux. Ses odes anacréontiques peuvent servir de modèle.

Les odes sacrées du marquis de Pompignan étincèlent de beautés vraiment lyriques. La véhémence et l'élévation en font le principal caractère. Il y en a plusieurs dont on peut assurer que le grand Rousseau se seroit glorifié à juste

titre.

CHAPITRE III.

Des grands Poèmes.

IL s'ouvre devant nous une carrière bien plus vaste et plus périlleuse que toutes celles que nous avons indiquées, et qu'on pourroit dire n'être que des sentiers agréables, quoique raboteux, qui conduisent au temple des Muses. Celle-ci est la grande et belle route, mais qui est bordée d'une infinité d'écueils et de précipices. Aussi le poète qui a le courage d'y entrer, et la force de la suivre jusqu'au bout, arrive-t-il plus glorieux et plus triomphant au temple sacré, où la couronne immortelle l'attend dans une des places les plus éminentes.

Quoiqu'on donne le nom général de poème à tous les ouvrages en vers, il convient néanmoins plus particulièrement (et peut-être uniquement) au poème didactique, au dramatique, qui comprend le genre comique et le genre tragique, et au poème épique. Ce n'est pas seulement parce que ce sont des ouvrages de longue haleine; c'est encore parce qu'ils exigent, plus que tous les autres, un génie riche, étendu, ferme,

et qui ait assez de vigueur pour se soutenir jusqu'à la fin.

Je vais faire connoître ces grands poèmes, en exposant les règles, 1°. du poème didactique; 2°. du poème dramatique en général; 3°. du poème comique; 4. du poème tragique; 5°. du poème épique.

ARTICLE I.

Du Poème Didactique.

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didacti

LE devoir de l'écrivain, dans le poème Définition didactique, est d'instruire, sans donner du Poème à son instruction une forme allégo que rique, sans la couvrir du voile de la fiction. Mais son ouvrage ne seroit point un vrai poème, si cette instruction n'étoit animée, embellie de l'éclat et du coloris poétique. Il faut donc, 1°. que pour instruire, il y mette de l'ordre et de la méthode; 2°. que pour instruire en poète, il fasse usage des ornemens que peut fournir le langage des Muses. Ainsi le poème didactique est un tissu de préceptes, ou une suite de principes, revêtus de l'expression et de l'harmonie de la poésie. Les arts, les sciences la morale, les dogmes mêmes de la religion peuvent lui servir de matière. Nous avons, soit des anciens, soit des modernes, des poèmes didactiques sur tous ces différens objets.

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