Oldalképek
PDF
ePub

posa, après avoir été miraculeusement guéri d'une maladie pestilentielle.

Comme un tigre impitoyable,

Le mal a brisé mes os,
Et sa rage insatiable

Ne me laisse aucun repos.
Victime foible et tremblante,
A cette image sanglante,
Je soupire nuit et jour;
Et dans ma crainte mortelle,
Je suis comme l'hirondelle
Sous les griffes du vautour.

Ainsi de cris et d'allarmes,
Mon mal sembloit se nourrir;
Et mes yeux noyés de larmes
Etoient lassés de s'ouvrir.
Je disois à la nuit sombre:
O nuit, tu vas dans ton ombre
M'ensevelir pour toujours.
Je redisois à l'aurore:
Le jour que tu fais éclore,
Est le dernier de mes jours.

Mon ame est dans les ténèbres;
Mes sens sont glacés d'effroi.
Ecoutez mes cris funèbres,
Dieu juste, répondez-moi.
Mais enfin sa main propice
A comblé le précipice

Qui s'entr'ouvroit sous mes pas:
Son secours me fortifie,

Et me fait trouver la vie

Dans les horreurs du trépas.

Voyez aussi sous quelles brillantes images le marquis de Pompignan, s'élevant jusqu'à l'enthousiasme de David, peint la grandeur, la justice, et tout-àla fois la clémence du Seigneur. fois

Ce Dieu si grand, si terrible,
A nos voix daigne accourir ;

Sa bonté toujours visible
Se plaît à nous secourir.
Prodigue de récompenses,
Malgré toutes nos offenses,
Il est lent dans sa fureur,
Mais les carreaux qu'il apprête,
Tôt ou tard brisent la tête
De l'impie et du pécheur.

Dieu m'a dit : de Bazan pourquoi crains-tu les piéges?
La mer engloutira ces tyrans sacriléges
Dans son horrible flanc.

Tu fouleras aux pieds leurs veines déchirées ;
Et les chiens tremperont leurs langues altérées
Dans les flots de leur sang.

le

Les ennemis de sa gloire
Sont vaincus de toutes parts:
La pompe de sa victoire
Frappe leurs derniers regards.
Nos chefs, enflammés de zèle,
Chantent la force immortelle
Du Dieu qui sauva leurs jours;
Et nos filles triomphantes
Mêlent leurs voix éclatantes

Au son bruyant des tambours.

Il y a des odes sacrées, qui sont dans genre élégiaque, et où par conséquent le poète exprime sur le ton le plus élevé toute l'énergie du sentiment. Telle est celle-ci du marquis de Pompignan, regardée comme un chef-d'oeuvre. Elle est tirée d'un pseaume, composé prophétiquement par David, ou par Jérémie, à limitation de David, durant la captivité des Juifs à Babylone. La fin de cette ode est une prédiction du châtiment des habitans de cette ville corrompue, et de celui des Iduméens, peuples descendus d'Esaii. La voici tout entière.

Captifs chez un peuple inhumain,

Nous arrosions de pleurs les rives étrangères;
Et le souvenir du Jourdain,

A l'aspect de l'Euphrate, augmentoit nos misères.

Aux arbres qui couvroient les eaux, Nos lyres tristement demeuroient suspendues, Tandis que nos maîtres nouveaux Fatiguoient de leurs cris nos tribus éperdues.

Chantez, nous disoient ces tyrans, Les hymnes préparés pour vos fêtes publiques; Chantez; et que vos conquérans Admirent de Sion les sublimes cantiques.

Ah! dans ces climats odieux,

Arbitre des humains, peut-on chanter ta gloire ?
Peut-on dans ces funestes lieux

Des beaux jours de Sion célébrer la mémoire !

De nos aïeux sacré berceau, Sainte Jérusalem, si jamais je t'oublie ;

Si tu n'es pas jusqu'au tombeau L'objet de mes desirs, et l'espoir de ma vie ;

Rebelle aux efforts de mes doigts, Que ma lyre se taise entre mes mains glacées, Et que l'organe de ma voix

Ne prête plus de sons à mes tristes pensées.

Rappelle-toi ce jour affreux,

Seigneur, où d'Esau la race criminelle
Contre ses frères malheureux
Animoit du vainqueur la vengeance cruelle.

Egorgez ces peuples épars;
Consommez, crioient-ils, les vengeances divines:
Brûlez, abattez ces remparts,
Et de leurs fondemens dispersez les ruines.

Malheur à tes peuples pervers,

Reine des nations, fille de Babylone!

La foudre gronde dans les airs :

Le Seigneur n'est pas loin; tremble; descends du trône.

Puissent tes palais embrasés Eclairer de tes rois les tristes funérailles!

Et que sur la pierre écrasés,

Tes enfans de leur sang arrosent tes murailles !

Les pseaumes de David, les cantiques de Moïse, de Débora, de Judith, et ceux des prophètes sont des odes sacrées, qui ont toute la perfection imaginable. Leurs auteurs, considérés uniquement comme écrivains, l'emportent infiniment sur tous les lyriques profanes.

L'ode héroïque est faite à la gloire Ode hédes grands hommes en tous les genres. roïque. Le poète y loue avec enthousiasme les exploits, le génie, les talens, les vertus éclatantes des souverains, des ministres, des généraux, des négociateurs, des magistrats, des gens de lettres, etc. Voici quelques strophes d'une Ode héroïque de J. B. Rousseau au prince Eugène. Notre langue n'offre peut-être rien de plus beau.

Ce vieillard, qui d'un vol agile
Fuit sans jamais être arrêté,
Le temps, cette image mobile
De l'immobile éternité,
A peine du sein des ténèbres
Fait éclore les faits célèbres,
Qu'il les replonge dans la nuit.
Auteur de tout ce qui doit être,
Il détruit tout ce qu'il fait naître,
A mesure qu'il le produit.

Mais la déesse de mémoire,
Favorable aux noms éclatans,
Soulève l'équitable histoire

1

Contre l'iniquité du temps;
Et dans le registre des âges
Consacrant les nobles images
Que la gloire lui vient offrir,
Sans cesse en cet auguste livre,
Notre souvenir voit revivre
Ce que nos yeux ont vu périr.

C'est là que sa main immortelle,
Mieux que la déesse aux cent voix,
Saura dans un tableau fidèle
Immortaliser tes exploits.
L'avenir faisant son étude
De cette vaste multitude
D'incroyables événemens,
Dans leurs vérités authentiques,
Des fables les plus fantastiques
Retrouvera les fondemens.

Tous ces traits incompréhensibles
Par les fictions ennoblis,
Dans l'ordre des choses possibles,
Par-là se verront rétablis.

Chez nos neveux moins incrédules,

Les vrais Césars, les faux Hercules
Seront mis au même degré;

Et tout ce qu'on dit à leur gloire,
Et qu'on admire sans le croire,
Sera cru sans être admiré.

Voyez aussi comme le même poète loue Homère dans cette strophe de son Ode à Malherbe contre les détracteurs de l'antiquité.

A la source d'Hippocrène,

Homère ouvrant ses rameaux,
S'élève comme un vieux chêne
Entre de jeunes ormeaux.
Les savantes immortelles,

Tous les jours de fleurs nouvelles

Ont soin de parer son front;
Et par leur commun suffrage,
Avec elles il partage

Le sceptre du double mont.

« ElőzőTovább »