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On doit observer de mêler les rimes masculines et les féminines, de manière que deux différentes rimes de même espece ne se trouvent jamais ensemble dans une même suite de vers; c'est-à-dire qu'une rime masculine, par exemple, ne peut être suivie que de la rime masculine qui y répond, ou d'une rime fé

minine.

Les rimes peuvent être suivies ou entremélées. Elles sont suivies, lorsqu'après deux rimes masculines, il s'en trouve deux féminines, ensuite deux masculines, et ainsi des autres. Telles sont les rimes de ces beaux vers, que Boileau met dans la bouche de la mollesse, pour faire l'éloge de Louis XIV.

Hélas! qu'est devenu ce temps, cet heureux temps,
Où les rois s'honoroient du nom de fainéans;
S'endormant sur le trône, et me servant sans honte,
Laissoient leur sceptre aux mains ou d'un maire, ou
d'un comte !

Aucun soin n'approchoit de leur paisible cour:
On reposoit la nuit, on dormoit tout le jour.
Seulement au printemps, quand Flore dans les plaines,
Faisoit taire des vents les bruyantes haleines,
Quatre bœufs attelés, d'un pas tranquille et lent,
Promenoient dans Paris le monarque indolent.
Ce doux siècle n'est plus. Le Ciel impitoyable
A placé sur leur trône un prince infatigable.
Il brave mes douceurs ; il est sourd à ma voix :
Tous les jours il m'éveille au bruit de ses exploits.
Rien ne peut arrêter sa vigilante audace:
L'été n'a point de feux; l'hiver n'a point de glace.
J'entends à son seul nom tous mes sujets frémir.
En vain deux fois la paix a voulu l'endormir:
Loin de moi son courage entraîné par la gloire,
Ne se plaît qu'à courir de victoire en victoire.

Je me fatiguerois à te tracer le cours
Des outrages cruels qu'il me fait tous les jours.

Les rimes sont entremêlées, lorsqu'une rime masculine est séparée de celle qui y répond par une ou deux féminines, ou lorsqu'entre deux rimes féminines, il se trouve une ou deux rimes masculines, comme dans cet exemple:

J'ai cherché ce bonheur qui fuyoit de mes bras,
Dans mes palais de cèdre, aux bords de cent fontaines;
Je le redemandois aux voix de mes sirènes :
11 n'étoit point dans moi; je ne le trouvois pas.
J'accablois mon esprit de trop de nourriture;
A prévenir mon goût j'épuisai tous mes soins:
Mais mon goût s'émoussoit en fuyant la nature.
Il n'est de vrais plaisirs qu'avec de vrais besoins.

On ne peut point établir de règles pour le mélange des rimes. Il y a plusieurs manières de les croiser. C'est au poète à choisir la plus agréable à l'oreille, et la plus convenable à son sujet.

Les poèmes héroïques, les dramatiques, les satyres, etc. doivent être en vers alexandrins. On peut dans d'autres sujets, et sur-tout dans des pièces badines ou destinées à être mises en musique, faire des vers de tout pied, qu'on appelle libres, et croiser les rimes en consultant toujours l'oreille et l'harmonie.

On doit aussi entremêler les rimes Du médans les stances ou strophes, qui sont un lange des certain nombre de vers, après lesquels des stan

vers ou

ces,

le sens est fini et complet. Elles se divisent en stances de nombre pair, et en stances de nombre impair.

Celles de nombre pair sont de quatre, de huit et de dix vers. Dans les stances de quatre, ou quatrains, on peut employer indifféremment toutes sortes de mesures et l'on doit entremêler les rimes, en faisant rimer le premier vers avec le troisième, et le second avec le quatrième. En voici des exemples:

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Modérons nos propres vœux.
Tachons de nous mieux connoître.
Desires-tu d'étre heureux ?
Desire un peu moins de l'étre.

Le fameux souverain bien,
Dans un séjour de misère,
N'est qu'un pompeux entretien,
Et qu'une noble chimère....

Voici comment j'ai compté
Dès ma plus tendre jeunesse :
La vertu, puis la santé ;

La gloire, puis la richesse.

Conti n'est plus, ô ciel! ses vertus, son courage,
La sublime valeur, le zèle pour son roi
N'ont pu le garantir, au milieu de son âge,
De la commune loi.

Il n'est plus; et les dieux en des temps si funestes
N'ont fait que le montrer aux regards des mortels.
Soumettons-nous. Allons porter ces tristes restes
Au pied de leurs autels.

Elevons à sa cendre un monument célèbre.
Que le jour de la nuit emprunte les couleurs.
Soupirons, gémissons sur ce tombeau funèbre
Arrosé de nos pleurs.

On fait rimer aussi dans ces sortes de stances le premier vers avec le quatrième, et le second avec le troisième.

Pour vous l'amante de Céphale
Enrichit Flore de ses pleurs :
Le Zéphyr cueille sur les fleurs
Les parfums que la terre exhale.

Pour entendre vos doux accens,
Les oiseaux cessent leur ramage,
Et le chasseur le plus sauvage
Respecte vos jours innocens.

Dans les stances de six vers, il y a différentes manières d'entremêler les rimes, et de varier la mesure. Celle qui est assez commune et fort belle, consiste à faire rimer ies deux premiers vers, et à terminer le sens après le troisième, qui doit rimer avec le dernier.

Nous admirons le fier courage
Du lion fumant de carnage,
Symbole du dieu des combats.
D'où vient que l'univers déteste
La couleuvre bien moins funeste?
Elle est l'image des ingrats.

Non, non, sans le secours des filles de mémoire,
Vous vous flattez en vain, partisans de la gloire,
D'assurer à vos noms un heureux souvenir.
Si la main des neuf sœurs ne pare vos trophées,
Vos vertus étouffées

N'éclaireront jamais les yeux de l'avenir.

On voit aussi des stances de six vers, qui ne sont composées que de deux rimes,

et où le sens n'est terminé qu'après le dernier vers. Telle est celle-ci :

Sous des arbres, dont la nature
A formé de rians berceaux,
Entre des tapis de verdure,
Que nourrit la fraîcheur des eaux,
Serpente avec un doux murmure
Le plus transparent des ruisseaux.

Les stances de huit vers ne sont, à proprement parler, que deux quatrains uuis; soit que les vers aient tous la même mesure, soit qu'ils en aient une différente, comme on peut le voir dans ces deux exemples.

Venez, nations arrogantes,

Peuples vains, et voisins jaloux,
Voir les merveils éclatantes,
Que sa main opère pour nous.
Que pourront vos ligues formées
Contre le bonheur de nos jours,
Quand le bras du Dieu des armées
S'armera pour notre secours?

O bien heureux mille fois
L'enfant que le Seigneur aime;

Qui de bonne heure entend sa voix,
Et que ce Dieu daigne instruire lui-même !
Loin du monde élevé, de tous les dons des cieux
Il est orné dès sa naissance;

Et du méchant l'abord contagieux
N'altère point son innocence.

la

Voici les stances de dix vers, pour mesure la plus harmonieuse, et le mélange des rimes le plus agréable. Les vers, composés de huit syllabes, sont arrangés de manière que le premier ré

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