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CHAPITRE VII.

Le prêtre est-il esclave dans l'Église catholique? Est-il abandonné sans défense aux coups du despotisme ecclésiastique ?

Pourquoi le prêtre serait-il esclave dans le catholicisme? Serait-ce parce qu'il est obligé d'obéir à son évêque? Mais c'est une obéissance à laquelle il s'est engagé le jour de son ordination. Cette soumission est le résultat d'un choix libre et volontaire. On lui a permis, avant de le revêtir du caractère sacré, de se retirer, d'éviter ce joug, de conserver son indépendance. Il a préféré ce glorieux esclavage; il a tout sacrifié à l'Église, son esprit, son cœur, ses sentimens, les joies et les plaisirs du monde, le plus précieux des biens, sa liberté. Il n'est donc pas plus esclave que ne l'est ce guerrier qui, ayant fait serment de fidélité et d'obéissance à son général, le suit dans les combats, dans les dangers et les hasards, mettant à sa disposition sa liberté, son sang et sa vie. La soumission du prêtre n'a donc rien qui sente la servitude, puisqu'elle est la conséquence nécessaire d'un choix libre et glorieux. Il doit cette obéissance à des promesses faites au pied des autels; il la doit au pontife qui ne

l'a consacré qu'à cette condition; il la doit à l'Église dont il a subi volontairement le joug; il la doit à Dieu, témoin d'engagemens, dont il est le garant et le vengeur; c'est à Dieu qu'il obéit; c'est Dieu lui-même qu'il sert: or, en le servant, on n'est jamais esclave, on est toujours roi: Cui servire regnare est.

Le prêtre n'oublie pas sans doute que sa soumission à l'évêque doit être raisonnable, comme dit l'apôtre : Rationabile obsequium. Son obéissance est celle que prescrivent l'Écriture Sainte, la Tradition, les canons et les règles de l'Église. Sa soumission s'arrête là, et ne va pas plus loin. Malheur au pouvoir qui ose franchir les retranchemens sur lesquels repose l'obéissance du prêtre! Il est méconnu, il n'est plus rien à ses yeux, comme le décide le droit fondé sur cette maxime : Il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes.

Dira-t-on que le prêtre est esclave, parce qu'il est amovible, exposé à des changemens et des déplacemens continuels? Nous convenons qu'avec un titre irrévocable, prêtre peut faire beaucoup de bien dans une paroisse; l'idée qu'il ne doit plus la quitter, l'attache plus fortement à ses paroissiens, au milieu desquels il doit mourir. Cet espoir peut l'engager à entreprendre des œuvres très-utiles, à former des établissemens

durables, que le doute d'un changement prochain peut faire avorter. Mais à tous ces avantages viennent se joindre de graves inconvéniens. Une place inamovible peut bien mettre un curé à couvert de l'arbitraire et de l'injustice; mais elle ne le rend pas plus libre, puisqu'il est toujours obligé d'obéir et d'être soumis aux canons. Un titre irrévo– cable peut le porter plus facilement à la négligence de ses devoirs, lui faire oublier tout ce qu'il doit d'égards à l'autorité, le rendre fier, hautain, injuste envers ce peuple qui ne peut plus le faire révoquer, ni l'obliger à se retirer. En convenant qu'une place inamovible favorise la liberté du prêtre, on est forcé d'avouer qu'elle gêne la liberté des fidèles, qui sont obligés de voir à leur tête un homme qu'ils détestent souvent, qui a eu le malheur de perdre leur estime, ou qui s'en est rendu indigne par sa conduite; un homme dont la seule présence les irrite; enfin, comme il peut arriver, un homme indigne de sa place, qui serait un sujet de scandale. Et qui pourra venger ce peuple? Qui pourra lui ôter ce joug insupportable? Bon gré mal gré, il faut attendre la mort de ce titulaire. Nous prions ceux qui veulent que toutes les cures soient à vie, de bien examiner toutes ces raisons; ils verront qu'en

défendant la liberté du prêtre, ils sacrifient l'indépendance des fidèles.

Mais, si un curé est esclave parce que son titre est révocable, il faut convenir qu'il y a beaucoup d'esclaves en France; car, à l'exception de la magistrature, tout est sujet aux vicissitudes, tout est soumis aux déplacemens, tout vit dans un mouvement perpétuel.

Dira-t-on que le prêtre est esclave, parce que l'autorité ecclésiastique est sujette à des abus, à l'injustice? Ces abus sont rares : la précipitation, le défaut de réflexion, la multiplicité d'affaires, les contrariétés sans nombre, de faux rapports, des dépositions pleines d'impostures peuvent bien égarer un instant un supérieur ecclésiastique; mais bientôt, mieux instruit, mieux informé, il revient sur sa décision; plus il s'aperçoit qu'il a été trompé, et plus il s'empresse de reconnaître et de réparer ses torts. Et, après tout, n'y a-t-il pas des abus dans les autres administrations? Les subordonnés n'ont-ils pas à se plaindre de l'injustice, du caprice et de l'arbitraire des chefs? Ne sont-ils pas exposés, comme les prêtres, à perdre leur place, à courir d'un poste à un autre? La justice et l'équité y règnent-elles toujours ? Prêtez l'oreille vous n'entendez que cris, que

plaintes et murmures; d'où vient que vous gardez le silence sur ces vexations horribles des administrateurs civils, tandis que vous relevez avec tant d'acharnement les mesures d'un évêque dont vous ignorez souvent les motifs? Vous lui refusez un pouvoir que vous accordez au chef du dernier bureau? Et, après tout, vous doit-il compte à vous, de tout ce qu'il juge convenable pour le bien de son diocèse? Il y a donc dans toutes ces vociférations un motif perfide, une haine implacable contre l'Église. Dans les consistoires y trouve-t-on toujours la justice? Un pasteur n'y est-il jamais victime du caprice et de l'arbitraire? Peut-être qu'on ne prend pas même la peine de le citer et d'examiner ses œuvres, tout étant tenu pour indifférent dans cette secte, même la conduite des pasteurs. Si toutefois il y existe un tribunal, le croyezvous exempt d'injustice? Ce serait un privilége dont ne peuvent pas toujours se glorifier les autres tribunaux; car tous avouent que, par erreur, par prévention, par la déposition de témoins sans conscience, ils ont pu con→ damner des innocens.

Il serait sans doute à souhaiter que les lois ecclésiastiques touchant le jugement des prêtres et l'ancienne forme des procédures, fussent rétablies. Nous convenons que les

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