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L'ÉGLISE CATHOLIQUE

VENGÉE

DU REPROCHE DE FAVORISER LE DESPOTISME

POLITIQUE ET ECCLÉSIASTIQUE.

PREMIÈRE PARTIE.

L'ÉGLISE catholique a été envoyée sur la terre pour s'opposer à la tyrannie, détruire le despotisme; pour défendre la liberté et les droits des peuples; pour interroger et juger les rois. Placée entre les oppresseurs et les victimes, elle cite les despotes devant son tribunal, les accuse, les condamne, les flétrit, les dégrade. Elle fait entendre sa voix à ses premiers pasteurs; leur ordonne de respecter la liberté de ceux que Jésus

Christ a affranchis; leur prescrit des devoirs multipliés, des obligations très-onéreuses, pour servir de contre-poids à leur dominanation, à leur despotisme; prononce contre eux l'anathême quand ils s'éloignent de son esprit de douceur, de charité, d'humilité, quand ils osent attenter à l'indépendance des fidèles.

Son dogme et sa morale témoignent assez haut de l'horreur que lui inspire le despotisme soit politique, soit ecclésiastique; démontrent que le catholique ne peut jamais être esclave. La servitude ne pourra jamais faire peser sur lui ses chaînes; les enseignemens de l'Église brisent ses fers, proclament sa liberté et son indépendance. Elle nous présente l'Écriture Sainte et la Tradition comme la règle de sa foi et de sa politique; c'est à ces deux sources qu'elle puise sa doctrine, ses principes sur les devoirs des rois et des pasteurs, sur les droits des peuples et des fidèles.

Montrons d'abord par les Livres saints et par les monumens de la Tradition, quels sont ses sentimens sur le despotisme politique.

CHAPITRE PREMIER.

Le despotisme politique est essentiellement opposé au dogme de l'Église catholique.

L'Église catholique enseigne aux rois que toute leur puissance vient de Dieua. Sa providence paternelle a établi un prince pour gouverner chaque peuple. C'est par lui que les rois règnent, que les législateurs portent des lois justes. Ils reçoivent du Très-Haut la puissance, la force, l'empire et la gloirea. Ils sont les ministres de Dieu. C'est Dieu qui met l'épée dans leurs mains pour être les vengeurs de sa cause contre les méchans:

a

f

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Non est enim potestas nisi à Deo, quæ autem sunt, à Deo ordinatæ sunt. Rom. 13, 1.

↳ In unamquamque gentem præposuit rectorem. Eccli., c. 17, v. 14.

C

Per me reges regnant et legum conditores justa decernunt. Prov. 8, v. 15.

4.

d Quoniam data est à Domino potestas vobis. Sap. 6, v.

Deus cæli, regnum, et fortitudinem, et imperium, et gloriam dedit tibi. Dan. 2, 37.

e Dei enim minister est. Rom. 13, v. 4.

Non enim sine causa gladium portat. Ibid., v. 4.

5 Vindex in iram ei qui malum agit. Ibid., v. 4.

pour punir ceux qui se conduisent mal, et récompenser les gens de bien".

Les princes apprennent que c'est Dieu qui leur donne la puissance. Ils doivent en user avec crainte et retenue, comme d'un pouvoir que Dieu leur prête, dont il leur demandera compte. Ils doivent donc trembler en se servant de la puissance que Dieu leur confie, et songer combien c'est un sacrilége horrible d'employer au mal une puissance qui vient de Dieu. Il les place sur le trône, leur met l'épée en main, non pour opprimer les peuples, mais pour les protéger, pour être les vengeurs de la cause de Dieu contre les méchans, pour punir le crime et récompenser la vertu : noble destinée qu'ils ne peuvent remplir sans être justes. Malheur à eux, s'ils emploient l'épée que Dieu leur met en main, à faire des violences, à égorger ses enfans!

N'étant que les ministres de Dieu, ils sont les dépositaires et non les maîtres de sa puissance; c'est donc Dieu qui doit régner et dominer par eux. Ils doivent dire au peuple comme Gédéon: « Nous ne dominerons point sur vous, ni moi, ni mon fils; mais le Sei

a Ab eo missis ad vindictam malefactorum, laudem vero bonorum. I. Petr., c. 2, v. 14.

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