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mers; il court à tout moment le danger inévitable d'être découvert, saisi et livré à la justice et à la colère de l'Église. Il a beau vouloir se cacher pour éviter ses poursuites, se transporter par la fuite dans les déserts les plus affreux, sur les rochers les plus inhabités, dans les solitudes les plus profondes, l'Église le suit pas à pas. Partout où vous serez, disait Cicéron à Marcellus, n'oubliez pas que vous vous trouverez également à la portée du bras du vainqueur; paroles que nous devons adresser avec plus de raison au despote: partout où vous serez, souvenez-vous que vous êtes sous la surveillance de l'Église, exposé à ses anathèmes. Quand elle voit le despote porter une main sacrilége sur la liberté des peuples, attenter à leur indépendance, aussitôt elle élève la voix, les dénonce à l'humanité entière, révèle au grand jour leur cruauté; va remuer dans le cœur de tous les hommes, cette horreur, cette indignation générale que le despotisme inspire. Dans quelque lieu de l'univers qu'il exerce sa fureur, l'Église s'y trouve par sa diffusion, pour le condamner, pour crier contre son injustice. Quelle garantie pour les peuples! Quel bonheur pour eux d'avoir dans tous les lieux de la terre, une mère qui veille sur leur liberté, qui plaide la cause des opprimés,

qui reproche aux despotes d'une voix incessante leurs crimes; qui dévoile leur honte, leur infamie; qui pousse un cri d'alarmes, qui retentit à l'instant d'un bout du monde à l'autre, pour avertir les peuples que leur liberté est menacée, pour leur dire: Souvenezvous de votre indépendance.

L'hérésie ne peut présenter cette garantie à la liberté des peuples; elle n'a point reçu mission d'inspecter les royaumes, les empires, de surveiller les tyrans, les despotes: les coupables se moqueraient de ses réclamations, de ses menaces, déclineraient sa compétence. D'ailleurs, elle sait très-bien que le titre glorieux de catholique ne peut lui appartenir. Bornée à certains pays, restreinte dans quelques lieux particuliers, comment pourrait-elle exercer une autorité contestée sur l'universalité des royaumes, des empires, sur ceux qui les oppriment? Où serait son influence universelle? Comment sa voix pourrait-elle se faire entendre d'un bout de l'univers à l'autre? Sa main n'est pas assez forte pour tenir les rênes de tous les empires du monde; pour faire trembler les despotes, pour briser la tyrannie. Les peuples opprimés ne s'adresseront jamais à elle, pour plaider leur cause, pour mettre fin à leur servitude. Ce privilége glorieux n'appartient qu'à l'Église.

Elle seule peut maintenir l'équilibre entre les rois et les sujets; seule elle a le droit de faire trembler les tyrans, de défendre la cause des peuples. Son inspection s'étend sur tous les royaumes, sur tous les points du monde. Seule elle est appelée à terminer les différends entre les rois et les peuples; le despotisme ne peut se dérober à ses regards ni à ses poursuites; partout où il se trouve, il est toujours découvert, condamné, frappé d'anathème. Son œil perçant va déterrer sa victime et la met en liberté.

Ainsi, la constitution de l'Église offre aux peuples mille garanties de liberté. Son unité repousse avec horreur et condamne les principes du despotisme; sa sainteté le proscrit et l'abhorre, comme étant la réunion de tous les crimes. Apostolique, elle lui oppose la doctrine de Jésus-Christ et des apôtres, cette chaîne qui n'a jamais été rompue et qui remonte sans interruption jusqu'au berceau du christianisme, contre laquelle il doit nécessairement se briser. Enfin, le titre de catholique lui donne inspection sur tous les royaumes de la terre, lui confère la charge de chercher, de découvrir, de condamner les despotes sur tous les points du monde, de mettre en liberté leurs victimes.

CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE.

Nous devons donc conclure de tout ce que nous avons vu jusqu'à présent, que le despotisme est condamné et réprouvé par l'Église catholique. Peut-elle soutenir le despotisme, cette Église qui a donné les plus grands éloges aux défenseurs de la liberté, à ceux qui, par l'ordre de Dieu et avec le mandat de leur nation, ont abattu les tyrans, à ceux qui ont eu le courage d'affranchir les peuples? Quels hommages rendus à Moïse, pour avoir délivré Israël des mains de Pharaon, pour avoir enseveli dans la mer Rouge le despote et le despotisme le plus barbare; et à Josué, pour avoir fait triompher Israël des peuples voisins qui le menaçaient de la servitude! Quels éloges donnés à Samson, à Gédéon, à Débora, pour avoir conquis et assuré la liberté du peuple de Dieu ! Quelle vénération pour Judith! Sa mémoire sera immortelle dans ses fastes, pour avoir délivré son peuple d'une servitude inévitable. Elle n'oubliera jamais ce moment où cette illustre héroïne va dans le camp ennemi, portant dans son courage le sort de tout un peuple qui a remis sa destinée entre ses mains, subjugue le despote par sa beauté, l'abat par la

force de son bras, décide par ce coup hardi la victoire qui sauve Jérusalem et le peuple condamné à périr, revient avec le double triomphe de sa chasteté et de son intrépide courage, annonce à cette nation consternée que ses fers sont rompus, pousse un cri de liberté que tout le peuple répète avec transport. Quand cessera-t-elle de parler de cette grandeur d'âme, de cet héroïsme?

Quels éloges n'a-t-elle point donnés à Judas Machabée et à ses frères, à ces guerriers qui résistèrent à toutes les forces de l'Asie, enfoncèrent et mirent en fuite avec peu de troupes des armées innombrables, remportèrent les victoires les plus éclatantes, les plus inouïes; à ces héros qui arrachèrent tant de fois leur patrie des mains du tyran qui voulait l'asservir, la détruire entièrement par le fer et la flamme? Leur nom rappelle l'enthousiasme de la liberté. Quel courage! Quelle force! Quelle grandeur d'âme! Brutus et Cassius tuent César en plein sénat, en traîtres, en assassins; Judas et ses frères vont attaquer les tyrans à la tête de leurs armées, en bataille rangée. Seuls, soutenus par le patriotisme, ils renversent des troupes innombrables, abattent la tyrannie par leur courage, l'ensevelissent sous un tas affreux de morts, dans des torrens de sang. Jamais

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