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tout le mal qu'elle a fait, des plaies dégoûtantes, des ruines, un peuple entier abattu, des cadavres entassés couvrant le théâtre de cette scène sanglante, faisant cet aveu qu'elle peut détruire et non rétablir, abattre et non relever, renverser le despotisme et non assurer la liberté, faire le cahos et non ressusciter l'ordre: cette destinée glorieuse n'appartient qu'à l'Église. Sa doctrine est là pour arrêter la férocité du parti vainqueur, pour faire respecter les droits de l'humanité, pour rétablir la force et la vigueur des lois, pour faire naître du désordre et de la confusion l'ordre et l'harmonie, pour donner aux ressorts de l'état suspendus et arrêtés par ce grand choc leur premier mouvement, pour rassurer la confiance publique, pour faire naître l'espérance dans tous les cœurs. Comme après un grand orage, une affreuse tempête, le soleil en brillant semble ressusciter, ranimer tous les objets et consoler la nature; ainsi, après l'horrible désordre que cause la force brutale, l'Église fait briller sa doctrine, ses enseignemens, pour réchauffer, ranimer les cœurs abattus des citoyens, pour consoler l'humanité toute tremblante, toute consternée, pour annoncer des jours sereins, la fin des désordres, le retour du calme, de la liberté et du bonheur.

Ainsi, grâce à la doctrine de l'Église, le despotisme ne pourra jamais prendre racine sur les trônes; les peuples imbus de ses principes ne pourront jamais se familiariser avec la tyrannie, ni être façonnés à la servitude. La doctrine de l'Église, sans effusion finit par abattre et renverser les

de sang,
tyrans et les despotes.

La résistance morale présente donc une manière de combattre plus noble, plus efficace, plus propre à assurer la victoire, à conquérir et à consolider la liberté, au jugement de tous les grands hommes, et bien plus terrible pour le despotisme.

CHAPITRE VI.

L'obéissance et la soumission à la puissance, même injuste, que l'Église commande au catholique, n'ôtent rien à la force, à l'énergie, à l'héroïsme de sa liberté.

La soumission du catholique, sa patience à supporter le despotisme, quand il n'a pu l'arrêter, l'abattre par la résistance morale, n'affaiblissent en rien sa liberté. Il reste toujours le plus libre, le plus indépendant des hommes. Le plus obéissant, quand on exige de lui des choses justes; le plus ferme, le plus inébranlable, quand il s'agit de se roidir contre

un commandement injuste: il meurt et ne se rend pas. Quand Julien disait aux chrétiens, d'après le témoignage de saint Augustin: « Adorez les idoles, offrez-leur de l'encens ils le refusaient, en lui montrant celui qui méritait seul d'être adoré, le Dieu tout-puissant. Mais, quand il leur disait : « Prenez les armes, allez combattre contre tel peuple, ils obéissaient sans hésiter aux ordres du prince. Ils distinguaient le roi éternel du roi temporel; quand il s'agissait de trahir la cause de JésusChrist, ils ne reconnaissaient d'autre maître que celui du Ciel. » Le martyr saint Jules. disait : « Je n'ai jamais résisté aux puissances, ni reculé dans les combats; je m'y suis distingué, de manière à ne le céder à aucun de mes compagnons; mais, si j'ai été fidèle dans de tels combats, croyez-vous que je le sois moins dans celui-ci qui est bien d'une autre importance. »

Sentimens admirables, qu'expriment si bien les soldats de la légion thébaine, dans leur

a Si quando volebat ut idola colerent et thurificarent, proponebant illi Deum : quando autem dicebat: Producite aciem, ite contra illam gentem, statim obtemperabant. Distinguebant Dominum æternum a Domino temporali......... Ubi veniebatur ad causam Christi, non agnoscebant nisi illum qui in cœlo erat. Augustin.; Enarrat. in psal. 125, p. 1415. b Act. Jul.

requêté présentée à l'empereur Maximien par la voix de deux de ses tribuns; harangue qui figurerait avec honneur parmi celles de Thucydide, de Tite-Live, de Salluste : « Nous sommes vos soldats, prince, mais nous sommes aussi les serviteurs de Dieu, et nous le confessons avec franchise; nous vous devons le service militaire, mais nous lui devons l'innocence. Nous recevons de vous la paie, et nous avons reçu de lui la vie. Nous ne pouvons pas obéir à vos ordres, quand ils se trouvent contraires aux siens, ni renoncer à notre maître qui est aussi le vôtre, quand vous ne le voudriez pas. Tant que l'on ne nous a rien demandé qui pût lui déplaire, vous nous avez vus obéir à vos ordres avec joie; mais, quand il faudra désobéir à l'un de ces deux maîtres, nous lui obéirons plutôt qu'à vous. Vous pouvez employer nos armes contre les ennemis de l'état et les vôtres;

a

Milites sumus, imperator, sed tamen servi, quod libere confitemur, Dei. Tibi militiam debemus, illi innocentiam. Sequi te imperatorem in hoc nequaquam possumus, ut auctorem negemus Deum, utique auctorem nostrum Dominum, auctorem, velis, nolis, et tuum....... Offerimus nostras in quemlibet hostem manus, quas sanguine innocentium cruentare nefas ducimus. Tenemus ecce arma, et non resistimus: quia mori quam occidere satis malumus, et innocentes interire quam noxii vivere, peroptamus. S. Eucherii epist.

mais nous ne les tremperons jamais dans le sang des innocens. Pourriez-vous compter sur notre fidélité, si nous étions assez lâches pour en manquer à Dieu ? Nous lui avons fait serment avant que de vous le prêter à vous, et vous ne pourriez pas compter sur le second, si nous étions capables de trahir, de violer le premier. Vous nous ordonnez de chercher les chrétiens pour les punir: en voici, nous le sommes. L'extrémité à laquelle on nous a réduits, n'est pas capable de nous porter à la révolte. Nous avons les armes à la main; mais nous ne savons ce que c'est que de résister, parce que nous aimons mieux mourir innocens, que de vivre coupables. »

Après avoir parlé ainsi, ils livrent leurs armes, présentent leur tête aux bourreaux: la terre fut couverte des cadavres de ces généreux martyrs; leur sang précieux coula à torrens.

Durant trois cents ans de persécution impitoyable, les chrétiens ont toujours suivi le même exemple; ils furent les meilleurs citoyens, les plus utiles à leur pays, les plus ardens à marcher contre l'ennemi, tant qu'on ne les obligeait point dans les armées à des actes d'idolâtrie. Non-seulement ils défendaient la patrie par leurs bras, mais par leurs prières : témoin la pluie obtenue par la légion

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