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ples, pris entre une multitude d'autres. Quand Dieu promet à Abraham de lui donner la terre de Chanaan en propriété éternelle (72), il n'entend pas que sa postérité ne cessera jamais d'en jouir, puisque depuis plus de dix-sept cents ans elle en est dépouillée, Quand il donne aux Israélites, parmi les étrangers, des serviteurs pour les transmettre éternellement par droit héréditaire à leurs descendants (73), il ne promet pas à ces serviteurs eux-mêmes une succession de descendants qui dure autant que l'éternité. Quand Josué dit que les pierres posées sur le bord du Jourdain seront un monument éternel du passage de ce fleuve (74), il ne faut. pas croire que ces pierres y resteront au-delà des siècles. Dieu promet à David d'affermir ́ le trône de son fils Salomon jusques dans l'éternité (75); combien y a-t-il de siècles qu'il est détruit? Isaïe annonce au peuple prévaricateur des ténèbres jusques dans l'éternité (76): est-ce encore de l'éternité absolue qu'il parle? Ces exemples suffisent pour résoudre la difficulté qu'on nous oppose. Le mot éternité ayant dans la sainte écriture deux sens, il faudrait en nous l'objectant prouver que dans les textes que l'on allègue il doit avoir le sens le plus strict, et signifier l'éternité absolue. Mais au contraire, nous montrons aux

Juifs cette éternité attribuée à leur loi expliquée par un de leurs prophètes, et restreinte au temps que devait durer leur république. Si ses lois, dit le Seigneur par l'organe de Jérémie, cessent d'exister, alors aussi ce sera la race d'Israël, en sorte qu'elle ne soit jamais devant moi une nation. Il est impossible de marquer plus clairement l'abrogation future de la loi à l'époque de la destruction de la nation juive. Ces deux événements sont arrivés ensemble, et précisément à l'avénement de Jésus-Christ; et c'est encore là une prophétie accomplie en lui.

Résumons ce que nous venons d'établir. Tout ce qu'avaient prédit les prophètes en plusieurs endroits, qu'il viendrait un docteur de la loi, qu'il apporterait une loi nouvelle, qu'il la publierait parmi les nations, nous le voyons exécuté par Jésus-Christ. Certes, au temps où tous ces écrivains sacrés produisaient ces prédictions, elles étaient bien éloignées de la vraisemblance. Il est impossible aussi d'imaginer qu'elles se soient exécutées par un pur hasard. Le rapport exact, littéral, entier de toutes ces prédictions avec l'événement opéré par Jésus-Christ, prouve donc que c'étaient de vraies prophéties, dont il était l'objet. Jésus-Christ est donc encore à ce titre l'envoyé céleste.

ARTICLE SIXIÈME.

PROPHÉTIE SUR LES MIRACLES DU MESSIE.

I. Nous avons dans Isaïe une prophétie qui annonce la venue de Dieu parmi les hommes, et les miracles qui s'opéreront alors. Dieu lui-même viendra, dit le prophète, et vous sauvera. Alors les yeux des aveugles verront le jour, et les oreilles des sourds seront ouvertes: alors le boiteux s'élancera comme un cerf, et la langue des muets sera déliée (77). Que cette prophétie fut autrefois entendue par les Juifs du Messie, c'est ce dont il est impossible de douter. Huet montre que ce chapitre d'Isaïe est expliqué par beaucoup de leurs docteurs, des miracles que le Messie doit opérer quand il les aura ramenés dans la Judée (78). Nous avons, par l'histoire évangélique, la preuve que les Juifs attendaient un Messie revêtu. d'une puissance surnaturelle : émerveillés des prodiges sans nombre que Jésus-Christ ne cessait d'opérer, ils s'écriaient dans leur admiration: Quand le Christ sera venu, fera

t-il plus de miracles que cet homme-ci (78)? Saint Jean-Baptiste envoie deux de ses disciples demander à Jésus-Christ s'il est le Messie, ou si on doit en attendre un autre. A cela, que répond le divin Sauveur? Il commence par opérer en leur présence plusieurs guérisons miraculeuses; puis il leur dit : Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent (80). C'est ici évidemment une allusion que fait notre Seigneur à la prophétie d'Isaïe, dont il rapporte les propres termes; et c'est en même temps un raisonnement qu'il fait pour prouver qu'il est effectivement le Messie (81): je suis celui qu'Isaïe a prédit, puisque je fais les choses surnaturelles qu'il a prédites. Mais ce raisonnement serait sans force si les Juifs n'étaient pas persuadés que c'était au Messie qu'Isaïe attribuait les guérisons miraculeuses: on lui aurait répondu : Quand vous prouveriez par vos miracles que vous êtes celui qu'a annoncé le prophète, vous n'établiriez pas encore par là votre qualité de Messie, puisque ce n'est pas le Messie qu'il a prédit. Cette opinion constante des Juifs anciens est d'un grand poids contre ceux de leurs descendants actuels qui veulent détourner la prophétie à

d'autres qu'au Messie. Les miracles de JésusChrist étant incontestables, comme nous l'avons prouvé dans une précédente dissertation, non-seulement par l'irréfragable témoignage de ses disciples, mais par l'irrécusable aveu de ses adversaires, il est évident qu'il a accompli littéralement cette prophétie d'Isaïe, et que par conséquent il est le Messie prédit par ce prophète (82). Car on ne nous dira pas sans doute que c'est par des lumières naturelles qu'Isaïe a prévu des événements surnaturels, ou que des œuvres contraires aux lois de la nature sont venues fortuitement cadrer avec sa prédiction.

II. De ce que les miracles de Jésus-Christ avaient été prédits, ils acquièrent une nouvelle force contre les incrédules, pour prouver la divinité de sa mission. Plusieurs saints Pères ont fait sentir cet accord précieux des oracles sacrés et des prodiges divins. Ils s'en sont servis entr'autres avec avantage, pour réfuter le misérable subterfuge des ennemis de Jésus-Christ, qui attribuaient à la puissance du démon ses œuvres miraculeuses. En montrant que ces prodiges étaient l'accomplissement d'antiques prophéties dont le démon ne pouvait pas être auteur, ils prouvaient que c'étaient incontestablement des effets de la puissance divine (83). Gardons

T II.

3.

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