ne pas être frappés de cette si entière et si admirable conformité entre toutes ces prédictions et leur accomplissement? Ce n'est pas un seul prophète, c'est une suite de prophètes dans une longue succession de siècles. Ce n'est pas un simple événement, c'est une quantité d'événements. Ce ne sont pas des faits annoncés vaguement et en général, ce sont des particularités souvent minutieuses, prédites dans tous leurs détails. Ce ne sont pas des événements probables, que l'ordre des choses peut faire deviner; ce sont des événements éloignés, lorsqu'ils étaient prédits, de toute vraisemblance, dont rien ne pouvait donner l'idée, dont plusieurs sont audessus des forces de la nature, dont quelquesuns mêmes paraissent opposés entre eux. Et cependant, toutes ces prédictions si multipliées, si diverses, en apparence si contraires, finissent par s'accorder parfaitement : Jésus-Christ est le lien qui les rapproche, qui les unit, qui les concilie. De tous les oracles sur le Messie consignés dans les livres saints, on n'en peut citer aucun qui ne soit accompli par quelque particularité de sa vie : de toutes les particularités de sa vie, on n'en peut indiquer aucune qui ne fût annoncée par quelque oracle des livres saints. Les temps, les lieux, les manières, tout cadre

avec une justesse parfaite entre les prédictions et les accomplissements. Qu'avez-vous à opposer à cette nuée de témoins qui, tant de siècles avant Jésus-Christ, attestaient toutes les circonstances de sa vie? Leur reprocherez-vous de s'être concertés? considérez la distance des époques auxquelles ils ont écrit. Contesterez-vous l'authenticité de leurs prédictions? elles étaient publiques long-temps avant le temps qu'elles annoncent. Révoquerez-vous en doute leur accomplissement ? ce sont des faits dont l'évidence est portée au plus haut degré. Nierez-vous le rapport des prédictions et des faits? il ne peut pas être plus complet et plus frappant. Soupçonnerez-vous que les événements ont été naturellement prévus? citez donc une cause naturelle qui ait pu les faire prévoir. Imaginerez-vous enfin que le hasard a pu les faire éclore précisément comme ils avaient été prévus? leur multiplicité, leur variété, leur singularité repoussera aussitôt cette idée. Qu'est-ce donc qui peut encore empêcher votre croyance (334)?

CHAPITRE III.

PROPHETIES DE NOTRE-SEIGNEUR
JÉSUS-CHRIST.

L'ACCOMPLISSEMENT merveilleux d'une multitude de prophéties anciennes dans la personne de Jésus-Christ, prouve évidemment la divinité de sa mission. Mais en voici une nouvelle démonstration aussi frappante, et que l'on pourrait même en quelque sorte regarder comme plus directe: c'est les prophéties que lui-même a faites, et qui se sont littéralement accomplies (335). Il est évidemment l'envoyé de Dieu, et une foi entière est due à tout ce qu'il a enseigné au nom de Dieu, s'il a été revêtu de l'esprit prophétique que Dieu seul peut donner; s'il a prédit des choses qu'il ne pouvait prévoir que par une inspiration divine, et si Dieu a imprimé son sceau sur ses prédictions, en leur donnant un accomplissement entier et

littéral. C'est ce qu'il est facile de démon

trer.

:

I. Avant d'examiner les diverses prophéties de Jésus-Christ, observons un don particulier dont il était doué, qu'on n'a jamais vu que dans lui, et qui a du rapport avec le don de prophétie : c'est la connaissance qu'il possédait des pensées secrètes (336). Nous en voyons dans les évangiles une multitude d'exemples contentons-nous d'en rapporter quelques-uns. On amène à Jésus-Christ un paralytique pour le guérir; il commence par lui annoncer la rémission de ses péchés : sur cela plusieurs scribes, ou docteurs de la loi, disent en eux-mêmes qu'il blasphème mais lui, connaissant leur idée, Pourquoi, ditil, formez-vous dans vos cœurs de mauvaises pensées (337)? Dans une autre occasion il pénètre la pensée des pharisiens, qui l'accusaient dans leur cœur de chasser les démons au nom de Belzébut (338). Une autre fois, pour prémunir contre la fausse doctrine des pharisiens et des sadducéens, il avait recommandé de se garantir de leur pain fermenté : mais eux, prenant ses paroles dans un sens naturel, pensaient intérieurement qu'ils n'avaient pas de pain. Jésus, manifestant leur pensée, la réfuta, en expliquant son discours (339). Voudra-t-on arguer de faux ce

T. II.

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rapport des évangélistes, et prétendre qu'ils ont imaginé ces histoires pour donner du relief à leur maître? Mais plusieurs de ces traits, ceux spécialement que nous venons de rapporter, sont des réponses de JésusChrist aux pensées secrètes des scribes, des pharisiens, des sadducéens, ses ennemis déclarés lorsque saint Matthieu, peu d'années après, les publiait, c'était au milieu des acteurs et des témoins: aurait-il osé en leur présence annoncer par écrit et publiquement ces faits, s'ils eussent été faux? et s'il en avait eu l'audace, le cri, non-seulement des intéressés, mais de tout le pays, n'aurait-il pas confondu son assertion, et arrêté dès le premier pas le succès de sa prédication?

On peut rapporter à quatre points principaux les prophéties de notre divin Sauveur: à ce qui le concerne personnellement; à ce qui regarde ses disciples; à l'établissement de sa religion; à la ruine de Jérusalem.

II. Jésus-Christ a prédit sa passion, avec toutes les circonstances dont elle a été accompagnée, et en même temps il a annoncé sa résurrection. Nous lisons ces prophéties dans tous les évangélistes. S. Matthieu spécialement rapporte quatre occasions différentes, où il a fait ces prédictions de la manière la