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suite à la troisième personne et de son serviteur. Ces deux manières de s'exprimer, si différentes, suffiraient pour désigner deux êtres différents. Mais il y a plus encore : dans le même verset, il oppose ou il compare l'un avec l'autre de méme que sur toi, dit-il de l'un, de même que son aspect, dit-il de l'autre.

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3o Quelles sont les nations que le peuple juif a lavées ou purifiées?

4o Peut-on dire que ceux qui voient aujourd'hui le peuple juif n'en ont pas précédemment entendu parler?

Mais si on veut appliquer, comme le faisaient les Juifs anciens, ces trois versets au Messie, ils deviennent clairs, et toute difficulté s'évanouit. La comparaison se fait naturellement, d'une part entre les malheurs éprouvés par les Juifs à Babylone, et leur retour glorieux; et de l'autre part les humiliations et la gloire du Messie. Il purifiera beaucoup de nations; ceci se lie parfaitement avec ce que nous allons voir au chapitre suivant, et il est un sujet d'admiration pour ceux à qui il est annoncé, et qui n'en avaient pas entendu parler.

IV. A la suite de ces paroles du prophète, vient le chapitre LIII, qui en est une continuation, et que voici en entier. Qui croira ce

que nous disons? et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ? Et il s'élèvera devant lui comme une faible plante et comme un rejeton qui monte d'une terre desséchée. Il n'a ni figure ni beauté : nous l'avons vu et il n'était pas reconnaissable, et nous l'avons désiré. Il est l'homme méprisé, le dernier des hommes, l'homme de douleurs et chargé d'infirmités. Son visage est comme caché et abattu; pourquoi nous n'en avons fait aucune estime. Il s'est véritablement chargé de nos langueurs, et il a porté nos douleurs, et nous l'avons regardé comme un lépreux et comme un homme frappé de Dieu et avili. Il a été blessé à cause de nos iniquités ; il a été accablé pour nos crimes: la peine qui nous donne la paix lui a été infligée, et nous avons été guéris par ses souffrances. Nous nous sommes tous égarés comme des brebis : chacun s'est détourné de sa voie : et Dieu a placé dans lui l'iniquité de nous tous. Il a. été offert, parce qu'il l'a voulu : et il n'a pas ouvert la bouche. Il sera conduit à la mort comme une brebis : et tel qu'un agneau, il taira devant celui qui le tond: il n'ouvrira pas la bouche. Il est mort dans les angoisses et par un jugement. Qui racontera sa génération? parce qu'il a été arraché de la terre des vivants. Je l'ai frappé à cause du crime

T. II.

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se

de mon peuple. Et il donnera les impies pour le prix de sa sépulture, et le riche pour la récompense de sa mort; parce qu'il n'a pas commis d'iniquité et qu'il n'y a pas eu de fraude dans sa bouche. Dieu a voulu l'écraser dans sa faiblesse. S'il donne sa vie pour le péché, il verra une longue génération : et la volonté de Dieu s'exécutera heureusement dans sa conduite. Parce que son ame a souffert, il verra et il sera rassasié. Ce juste, mon serviteur, justifiera beaucoup de personnes par sa doctrine, et il portera leurs iniquités. Pour cela, je lui en donnerai beaucoup en partage, et il distribuera les dépouilles des forts : parce qu'il a livré son ame à la mort: et il a été rangé parmi les scélérats; et il a porté les péchés de beaucoup ; et il a prié pour les pécheurs (265).

V. Il est certain que c'est le Messie qu'Isaïe a en vue dans tout ce chapitre : c'était l'opinion des anciens Juifs, comme le montre Huet (266). Ce cinquante-troisième chapitre est la continuation du précédent; c'est du même personnage que le prophète parle dans l'un et dans l'autre. Après l'avoir nommé dans le premier son serviteur, il continue de parler de lui. Les pronoms eum ipse, qu'il répète presque à chaque verset, ne peuvent pas avoir d'autre sens, et rappellent néces

sairement la personne indiquée. Au verset onze, il répète le mot ipse servus meus. Dirat-on que c'est là la désignation d'un second serviteur différent du premier? D'ailleurs les premiers mots du chapitre LIII annoncent clairement une continuité du même discours: Qui a cru, ou, ce qui revient au même dans le style prophétique, qui croira ce que je viens de dire? Il vient de parler de la gloire du personnage qu'il annonce, il va parler de ses humiliations. Le sens de la phrase est clair en voyant ce serviteur de Dieu humilié, ainsi que je vais le dépeindre, comment pourra-t-on croire qu'il soit aussi glorieux que je viens de le dire? Puisqu'Isaïe dans les deux chapitres prédit lẹ Messie, il est hors de doute que c'est encore le Messie qui est l'objet du second.

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Ce qui achève de le prouver, ce sont les vains efforts qu'ont faits les Juifs pour détourner ce chapitre à d'autre sens, et pour l'appliquer à d'autres objets. Leurs explications peuvent se réduire à trois principales, toutes également frivoles, toutes inconciliables avec le texte sacré.

VI. Quelques rabbins ont prétendu que ce chapitre LIII d'Isaïe doit s'entendre du corps de la nation juive; que c'est elle que le prophète présente sous la figure d'un

homme, d'un serviteur de Dieu accablé de maux. Cette interprétation est fort ancienne; car Origène rapporte qu'elle lui avait été proposée par des docteurs juifs (267).

J'observe d'abord, que si c'était d'un peuple qu'Isaïe voulût parler sous la figure d'un homme, il y aurait dans quelqu'un des versets quelque mot qui l'indiquerait.

Je dis ensuite, qu'il est impossible d'appliquer au peuple juif les divers caractères énoncés dans le texte prophétique.

Comment peut-on dire que le peuple juif a souffert étant innocent, tandis que Josephe lui-même attribue sa ruine à sa profonde corruption?

Comment peut-on dire que le peuple juif a souffert patiemment, et comme un agneau, sans se plaindre, tandis que ce même Josephe rapporte quelle était sa rage dans le siége de Jérusalem?

Comment peut-on dire que le peuple juif s'est offert volontairement; tandis qu'on lit la guerre terrible qu'il a soutenue, et ses révoltes, même après la destruction de sa république ?

Comment peut-on dire que le peuple juif a porté les iniquités d'autrui ?

Comment peut-on dire que les plaies du peuple juif ont été la guérison d'autres personnes?

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