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qu'au démon et aux idoles? Si on veut s'opiniâtrer à entendre dans ce passage des triomphes temporels, comment les concilierat-on avec les autres passages dans lesquels sont annoncés la douceur du Messie, et la paix qu'il doit donner au monde ? Mais qu'on l'entende de triomphes de l'ordre spirituel, il cadre parfaitement avec tous les autres textes de l'Écriture. Nous en avons rapporté plusieurs qui annoncent que le Messie donnera au monde une religion nouvelle. Il y en a d'autres qui prédisent la destruction de l'idolâtrie : En ce jour-là, dit Isaïe, l'homme abandonnera les idoles d'or et d'argent qu'ont forgées ses mains dans le péché (149). En ce jour-là, dit Zacharie, le Seigneur des armées détruira les idoles qui sont sur la terre, et elles resteront désormais oubliées (150). Il est naturel que le démon, et les personnes attachées aux anciennes religions, les adorateurs des idoles, fassent leurs efforts pour conserver le culte antique ; mais le Messie vaincra leur résistance, il triomphera de tous ces ennemis de sa religion : voilà quels sont les Philistins et les autres peuples que le Messie domptera. Enfin, une dernière et décisive raison pour entendre la prophétie dans ce sens, est son accomplissement. Ne voyonsnous pas Jésus-Christ triomphateur de tous

les ennemis qui s'étaient efforcés de détruire son Eglise? On ne peut pas révoquer en doute le fait on ne doit pas en contester la conséquence.

Voilà tous les raisonnements, ou au moins les principaux, par lesquels les rabbins soutiennent leur système d'un règne temporel du Messie. Il est aisé de voirque tous les textes relatifs au règne de cet envoyé céleste, ceux mêmes qu'allèguent les docteurs Juifs, sont beaucoup plus relatifs à un règne de l'ordre spirituel. Achevons de démontrer que tel est le sens de toutes ces prophéties, par leur accomplissement.

XIX. Troisième proposition. Toutes les prophéties sur la royauté du Messie, entendues d'un royaume spirituel, se trouvent entièrement accomplies en Jésus-Christ.

Que l'on reprenne toutes les prophéties relatives au règne du Messie; que l'on y joigne toutes les allusions qui y sont faites dans beaucoup d'endroits de l'Ancien Testament; que l'on examine soit les caractères généraux attribués à ce royaume, soit les particularités de détail qui en sont énoncées, et que l'on en fasse l'application au royaume de Jésus-Christ, au royaume qu'il appelait le royaume de Dieu, au royaume qu'il déclarait n'être pas de ce monde, c'est-à-dire

à son Église, soit triomphante soit militante, qui n'en fait qu'une seule; et on verra qu'il n'y a pas un seul point, pas une seule expression qui ne vienne parfaitement s'y adapter. Les caractères principaux attribués à ce royaume sont : l'universalité sur toutes les nations, la perpétuité dans tous les siècles. L'universalité est claire : la religion prêchée et l'Église étendue dans tous les pays sont des faits incontestables. La perpétuité ne peut pas être encore prouvée de même, puisque nous ne sommes pas à la fin des siècles; mais ne l'est-elle pas autant qu'elle puisse l'être, par la permanence continuelle de l'Église malgré les terribles attaques de tout genre qu'elle a eu à soutenir, et à sa naissance, et depuis son origine, et jusque dans ces derniers temps.

XX. « Sur cette perpétuité du règne du « Messie, les Juifs élèvent une nouvelle dif«ficulté. L'éternité de domination est pro« mise, disent-ils, non à sa personne mais à « sa postérité. Ce sera un royaume éternel<«<lement gouverné d'abord par lui, et ensuite « par ses descendants, de génération en géné«ration. » Mais dans toutes les prophéties que nous avons rapportées, que voit-on qui favorise cette idée ? Au contraire, tout, dans les oracles sacrés, annonce la perpétuité du

règne personnel du Messie. Bornons-nous à un seul exemple. Le psaume Cix porte que ce sera assis à la droite de Dieu que le Messie dominera sur ses ennemis et jugera les nations (151). Cette domination éternelle lui est donc promise lorsqu'il sera revêtu de l'immortalité; c'est donc à sa personne et non à sa race qu'elle est promise.

Si de ces deux caractères principaux attribués au règne du Messie, nous passons aux diverses particularités de ce règne qu'annoncent les prophètes, nous les verrons encore toutes merveilleusement réalisées en Jésus-Christ. David dit que le Messie est établi roi pour prêcher les préceptes du Seigneur: Jésus-Christ n'a cessé, pendant le cours de sa carrière apostolique, de les prêcher par luimême, et il ne cesse pas encore de les prêcher par ses ministres. David ajoute que le roi est le fils de Dieu engendré par lui: nous faisons profession d'adorer dans Jésus-Christ le Verbe fils du Père éternel, engendré par lui avant tous les temps. Daniel place le commencement de ce royaume avant la fin de tous l'Eglise n'a-t-elle pas commencé du temps de l'empire romain, maintenant détruit? Le même prophète appelle ce royaume, le royaume des saints: c'est dans l'Eglise de Jésus-Christ qu'ils sont. Presque tous les pro

phètes parlent avec enthousiasme de la paix dont on jouira dans le royaume du Messie: et quel est le genre de paix que Jésus-Christ n'a pas donné au monde? D'abord, par sa mort il a opéré la paix du cielavec la terre (152); ensuite il a apporté aux hommes la paix la plus désirable, la paix que le monde est incapable de donner, la paix intérieure (153); enfin il a prêché la paix des hommes entre eux (154). Il serait facile, en reprenant les unes après les autres toutes les prophéties relatives au règne du Messie, de montrer qu'il n'y a aucune circonstance, quelque minutieuse qu'elle soit, qui ne se trouve réalisée dans le royaume spirituel de l'auteur de notre religion. Je m'arrête à ces seuls oracles. Que les incrédules et les Juifs nous montrent un seul trait qui ne se soit pas accompli en lui.

Or, de là résulte une conséquence évidente contre les uns et les autres. Ce n'est pas une seule, c'est une grande quantité de prophéties qui annoncent un royaume futur du Messie. Ceux qui les ont produites, à des intervalles considérables, ne se sont certainement pas concertés. Soit qu'on les considère en elles-mêmes, soit qu'on les compare à d'autres, ces prophéties ne peuvent pas s'entendre d'un royaume temporel, et se concilient au contraire avec l'idée d'un royaume

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