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les prophètes du Seigneur, à lui prédire l'avenir. Il est possible qu'Élisée demanda le musicien pour se remettre de cette effervescence. Peut-être aussi le désirait-il pour obtenir, par des prières jointes au chant sacré, la grâce de prédire l'événement sur lequel il était consulté; car il ne faut pas croire que le don de prophétie fût habituel et continuel. Dieu inspirait ses prophètes seulement de temps en temps, et lorsque cela était utile à ses vues (113).

XXVIII. En quatrième lieu, il faut ignorer absolument l'histoire du peuple de Dieu, pour avancer que les prophètes étaient des hommes pauvres et du dernier rang de la société. Moïse législateur, Samuel juge, David roi, Isaïe prince du sang royal, Jérémie et Ézéchiel de race sacerdotale, Daniel ministre d'état, étaient-ils de cette classe vile qui gagne sa vie à dire la bonne aventure? Les prophètes instruisaient la jeunesse dans la loi de Dieu; où a-t-on vu qu'ils lui apprenaient à prédire l'avenir?

XXIX. En cinquième lieu, ce n'est que par une fausse explication du texte sacré, qu'on jette du ridicule sur quelques actions des prophètes. Quand Saül se joint aux disciples de Samuel pour chanter les louanges du Seigneur, il dépose l'habit long dont il

était revêtu à la mode des orientaux. Mais les habits qu'il portait dessous, lui restent; et il demeure vêtu comme les disciples à qui il s'était uni. Il est dit aussi de David, qu'il dansa nu devant l'arche sainte; mais il est observé au même endroit qu'il était couvert d'un éphod de lin; il ne s'était donc pas dépouillé de tous ses vêtements. Au chapitre xx d'Isaïe, on voit ce prophète ôtant ses souliers et ses vêtements, se mettre dans l'état où devaient être les Égyptiens et les Éthiopiens lorsqu'on les menait esclaves en Assyrie; et annoncer l'événement par cette action figurative; mais on n'imagine pas que ces esclaves fussent absolument nus: il ne faut donc pas non plus prendre à la lettre le passage d'Isaïe. Quant au passage d'Ézéchiel où il est parlé de pain recouvert d'excréments humains, il faut observer que la Vulgate s'écarte du texte original. Selon l'hébreu, c'est du pain cuit sous la cendre de fumier brûlé, que le prophète doit manger, afin de donner une idée de la misérable nourriture à laquelle seront réduits les Israélites, parmi les nations où ils seront exilés.

XXX. En sixième lieu, si on veut entendre le passage d'Osée dans son sens littéral, il ne s'ensuivra nullement que Dieu ordonne

à ce prophète la débauche. C'est une femme prostituée que, dans ce cas, il lui ordonne de prendre; mais une femme légitime: le mot uxorem l'indique clairement. C'est donc un mariage que Dieu ordonne avec une femme jusques-là livrée au libertinage et que le prophète en retirera. Mais il est très-probable que le mot fornication doit être pris ici dans un sens métaphorique. On sait que dans le langage des livres saints, l'idolâtrie est souvent désignée par cette expression. Il serait facile d'en citer une multitude d'exemples; ce qui montre que c'est la signification réelle de ce mot dans le texte dont il s'agit. C'est ce qui est ajouté immédiatement après: parce que la terre, en forniquant, a forniqué d'après le Seigneur. Cette seconde partie du texte a une relation naturelle à l'idolâtrie dans laquelle était plongé le royaume d'Israël. Il est donc naturel que la première partie y soit également relative: ce n'est donc pas l'ordre de se livrer à une prostituée que Dieu donne à Osée; il lui commande de prendre une épouse dans la terre de prostitution, dans le séjour de l'idolatrie. Ce qui suit dans le texte favorise encore cette interprétation. Le prophète a de cette femme qu'il a épousée, plusieurs enfants auxquels Dieu lui-même donne des noms : il en appelle l'un sans mi

séricorde un autre, vous n'êtes plus mon peuple. Le but de toute cette action prophétique était de montrer au peuple d'Israël l'indignation et les menaces du Seigneur, par les noms mêmes de ces enfants du prophète qui resteraient de lui. Toutes ces circonstances favorisent l'explication très-naturelle donnée par plusieurs interprètes, que le mot fornication ne signifie ici, comme dans beaucoup d'autres endroits de l'Écriture, autre chose que l'idolatrie.

XXXI. On argumente contre l'autorité « des prophètes de la différence de leur style. « Si le Saint-Esprit, dit-on, les avait inspirés, il leur aurait fait parler à tous le même langage.

"

C'est ici une fausse idée qu'on se fait de l'inspiration. Le Saint-Esprit n'inspire pas les écrivains sacrés, comme le démon les énergumènes; il leur dicte les choses beaucoup plus que les mots. Quant à la manière de les exprimer, il les en laisse libres, se contentant d'en écarter toute erreur. Tous répètent ce que l'Esprit saint leur a révélé ; chacun le répète à sa manière. Isaïe, qui est de la race royale, s'exprime dans le style le plus relevé; Amos, qui est un pâtre, s'énonce d'une maniére simple.

XXXII. «<< Les divers incrédules

proposent

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encore contre l'autorité des prophéties, deux objections contraires, et dont l'une suffirait détruire l'autre. Selon les uns, il ne

« pour

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<< paraît pas que l'attente du Messie fût répandue parmi les Juifs, et ils en donnent « pour raison que Philon et Josephe n'en parlent pas; selon les autres, il n'est pas « étonnant que les prophètes du judaïsme «< aient annoncé de tout temps à une nation inquiète et mécontente de son sort, un libérateur. Ce fut pareillement l'attente des « Romains et de presque toutes les nations « du monde. La venue d'un grand juge, «< d'un réparateur des maux de l'univers est «< une idée générale dont tous les peuples « ont été frappés : elle ne prouve rien, sinon « que les hommes mécontents du présent, « espèrent un meilleur avenir. »

XXXIII. Je commence par répondre à la seconde de ces difficultés, et je dis que toutes les assertions qui y sont contenues, sont fausses.

10 Il est faux que toutes les nations aient été comme les Juifs dans l'attente d'un libérateur; nous n'en voyons aucune trace dans leurs histoires. L'idée d'un jugement à subir par chaque homme après sa mort est toute différente de celle d'un grand personnage qui répare les maux du genre humain pendant la vie.

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