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même, qu'il ne font pas des prophéties: telles étaient ces personnes dont il est dit en plusieurs endroits de l'Écriture, qu'elles avaient un esprit de Python (41); telles sont encore, parmi nous, ceux qui se disent sorciers, et qui prétendent annoncer l'avenir d'après les révélations du démon.

X. On présente, comme un signe de la prophétie, la sainteté du prophète. Mais il faut convenir que ce ne peut pas être un signe positif: le caractère moral d'un homme ne peut pas être assez parfaitement connu, pour former une preuve démonstrative de sa véracité: un hypocrite peut très-bien venir, au nom de Dieu, apporter de fausses prophéties. On pourrait même prétendre que ce n'est pas absolument une note négative; qu'à parler strictement, le défaut de sainteté ne prouve pas la fausseté du prophète. Par exemple, le fait de Balaam, personnage trèséloigné de la sainteté, et cependant honoré du don de prophétie, montre que Dieu se sert quelquefois de pareils ministres (42). Mais un exemple, et peut-être encore un très-petit nombre d'autres, ne doivent pas former un principe; et quand on connaît celui qui se donne pour prophète comme un homme vicieux, on est légitimement fondé à croire que Dieu n'en a pas fait son organe.

XI. Un autre signe distinctif de la vraie et de la fausse prophétie, est, dit-on, la pureté de la doctrine en faveur de laquelle elle est faite cette note n'est pas plus que les précédentes positive. Il est possible qu'un homme, pour s'attirer de la considération, se donne faussement pour prophète, annonce des événements éloignés qui ne se réaliseront pas, et qu'en même temps, pour ne pas se décréditer, il prêche la doctrine plus pure : ce sont des choses très-conciliables que la saine doctrine et les mauvaises mœurs, que la vérité sur un point et l'imposture sur un autre. Mais la fausseté de la doctrine pour laquelle est faite la prophétie, est une marque certaine de la fausseté de la prophétie, et est véritablement une note négative. Il ne peut pas être l'organe de la divinité, celui qui prêche des dogmes évidemment absurdes, ou une morale notoirement perverse (43); Dieu se contredirait lui-même, si sa prophétie était en opposition avec ce qu'il nous enseigne. L'exemple de Balaam ne peut être objecté sur ce point; il n'avait pas sans doute une saine doctrine, mais ce n'était pas pour' accréditer ses erreurs qu'il prononçait sa prédiction.

Passons maintenant des notes négatives aux positives, et des caractères qui font dis

cerner les fausses prophéties à ceux qui font connaître les véritables. J'en remarque d'abord deux, les miracles opérés par les prophètes, et les prophéties d'événements prochains exactement réalisées (44).

XII. Le miracle est, comme nous l'avons montré, le sceau de la divinité, la lettre de créance que le Tout-Puissant donne à ses envoyés. Lors donc qu'un homme s'annonçant comme un prophète du Seigneur, opère de vrais miracles, il prouve qu'il est en effet le ministre du Très-Haut, et que foi doit être ajoutée à ses paroles, comme émanées de la véracité divine. Si ces paroles sont des prédictions, il est évident à tous ceux qui ont la certitude des miracles, que ce sont de vraies prophéties, et que refuser d'y croire est refuser croyance à Dieu lui-même. Nous voyons souvent, dans l'Ancien Testament, les prophètes accréditer leur mission en faisant des miracles, et dans le Nouveau, JésusChrist confirmer ses oracles par les prodiges qu'il opère (45) souvent le peuple, frappé d'étonnement à la vue de ses merveilles, à cette marque le reconnaissait hautement pour un prophète (46).

XIII. Un autre moyen dont j'ai déjà dit un mot, par lequel Dieu confirme la vérité des prophéties qui ne doivent se réaliser que

T. I.

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dans des temps reculés, est de produire d'autres prophéties dont le terme est trèsrapproché. Ceux qui voient l'accomplissement actuel de celles-ci, ne peuvent pas douter de l'accomplissement futur de celleslà; ils sont assurés que Dieu, qui a fait cadrer l'événement avec les unes, ne se démentira pas, et saura de même effectuer les autres (47). C'est ainsi que dans l'ancienne loi les prophètes annoncent souvent des faits de l'ordre temporel, qui doivent arriver dans des temps plus ou moins prochains; ils confirment par ce moyen et rendent certaines toutes leurs prédictions lointaines sur le Messie et sur sa religion. « Les prophètes, « dit Pascal, sont mêlés de prophéties par«ticulières et de celles du Messie, afin que « les prophéties du Messie ne fussent pas sans « preuves, et que les prophéties particulières <«< ne fussent pas sans fruit (48). » De même Jésus-Christ prédisant ce qui devait arriver incessamment à lui-même, à ses disciples, au peuple juif, donnait à la génération même qui voyait se réaliser ces prophéties, la certitude de l'accomplissement de ses prophéties plus éloignées, sur l'étendue et la perpétuité de sa religion, et sur son second avénement.

XIV. Une dernière note de la prophétie, et celle-là est la plus décisive, celle qui cap

tive le plus communément l'assentiment, c'est son accomplissement; mais il faut que cet accomplissement n'ait pu ni avoir lieu par hasard, ni être naturellement prévu : ce caractère est à la fois positif et négatif. Il est évident, d'une part, qu'un événement qui n'a pu être prévu que par Dieu n'a pu être prédit que par lui (49); et de l'autre part, il est également évident qu'une prédiction qui ne se réalise point ne vient point de Dieu, qui n'a pu ni se tromper ni vouloir tromper (50).

XV. Ici, quelques incrédules nous font une difficulté. La prophétie dépend de l'événement, et l'événement dépend de la prophétie; la prédiction ne prouve que parce qu'elle est réalisée, et la réalisation ne prouve que parce qu'elle a été prédite. N'est-ce pas là évidemment un cercle vicieux? Non, il est au contraire évident que ce n'en est pas un. Le cercle vicieux consiste en ce que deux propositions se servent réciproquement de preuve, et c'est ce qu'on ne voit pas ici. La prédiction n'est pas la preuve de l'événement, ni l'événement la preuve de la prédiction: mais la prédiction revêtue des qualités requises, et l'événement qui y cadre exactement, sont deux choses qui concourent ensemble à une seule et même démonstra

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