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lonté d'hommes qui n'existent pas encore (19).

Des deux principes que nous venons d'établir, que la prophétie est en soi possible, mais qu'elle n'est possible qu'à Dieu, résultent deux conséquences évidentes.

V. La première, que la prophétie (nous ne parlons que de celle qui est véritable et conforme à la notion que nous en avons donnée) est la parole de Dieu (20), comme le miracle est son œuvre. La seconde, qu'elle doit captiver notre assentiment, et qu'il serait déraisonnable autant qu'injuste de n'y pas ajouter une foi entière. Si, par sa prescience, Dieu connaît toutes les choses auxquelles il donnera l'être par sa véracité, il rend certaines celles qu'il daigne manifester. Lors donc que nons voyons une religion prédite de cette manière, long-temps avant son établissement, nous sommes obligés de la regarder comme véritable, et de nous y soumettre. C'est ainsi qu'ont raisonné tous les anciens apologistes dn christianisme; ils ont constamment opposé aux Juifs et aux païens qui l'attaquaient, l'autorité suprême des prophéties; ils faisaient valoir cette preuve victorieuse, les Justin (21), les Théophile (22), les Athénagore (23), les Clément d'Alexandrie (24), les Origène (25), les Lactance (26), les Jérôme (27), les Augustin (28).

Saint Irénée déclare que les instructions des prophètes ont dû rendre facile la foi en Jésus-Christ (29); Origène dit que Celse a omis à dessein la preuve la plus forte au sujet de Jésus-Christ, celle des prophéties, parce qu'il sentait l'impossibilité d'y répondre (30). Ne croyez pas seulement à mes raisonnements, dit saint Cyrille de Jérusalem; vous pourriez croire qu'on vous fait illusion par des sophismes: ne croyez qu'aux choses qui avaient été prédites par les prophètes. Vous pouvez soupçonner celui qui est présent; mais quel soupçon peut-on concevoir sur celui qui a prophétisé plus de mille ans avant l'événement (31)? Avant ces grands docteurs, l'apôtre Pierre, après avoir rapporté qu'étant sur la montagne sainte il a entendu la voix céleste qui proclamait JésusChrist fils de Dieu, avait ajouté: Mais nous avons le discours prophétique, qui est encore plus certain (32). Saint Augustin commentant ce texte, dit qu'en effet la voix prophétique a, pour convaincre les incrédules, quelque chose de plus fort que la voix même descendue du ciel. On attribuait à la magie les miracles opérés par Jésus-Christ; on aurait pu attribuer à la même cause la voix céleste: mais dira-t-on qu'un homme était magicien avant de naître (33)?

VI. La prophétie étant, par sa nature, une chose surnaturelle, fait partie de l'ordre surnaturel de la providence: or tout cet ordre, et par conséquent la prophétie, se rapporte au salut de l'homme, et à la vraie religion, qui en est le moyen. La prophétie ne peut donc pas avoir un autre but, soit direct, soit indirect (34). Nous voyons en effet, dans nos livres saints, toutes les prophéties se rapporter comme à leur fin, soit immédiate, soit médiate, à l'objet spirituel. Le plus grand nombre, à partir de la prédiction faite à Adam, annoncent la venue du Messie, la conversion des gentils, le jugement général, et d'autres objets également spirituels. Mais nous en lisons d'autres qui se rapportent à des événements temporels, tels que la succession des empires et les révolutions des états. Mais outre cette fin prochaine, immédiate et directe, elles en ont une autre plus éloignée, médiate et indirecte; c'est de prouver, par leur accomplissement plus prochain, la vérité des autres prophéties relatives à la religion, et de confirmer la foi qu'on doit y avoir. Elles rentrent par là dans l'ordre surnaturel de la providence, et concourent, de même que les autres, à établir la vérité de la religion (35). Nous aurons incessamment occasion de reve

nir sur cette réflexion, et de la développer. VII. Ce n'est point par le cours des astres, par les entrailles des animaux, par des augures, par les autres moyens dont se vantait le paganisme, que Dieu publie ses prophéties (36). Nous voyons que les personnes sensées, parmi les païens, n'y croyaient pas : les augures eux-mêmes connaissaient la vanité de leur fausse science, et en convenaient dans le particulier, quoiqu'ils crussent avantageux de maintenir l'opinion de leur utilité, pour contenir le peuple dans la religion nationale (57). Dieu annonce quelquefois par lui-même les choses futures, et nous aurons occasion d'en voir quelques exemples: mais plus ordinairement il emploie pour ce miracle comme pour les autres, le ministère d'hommes d'une sainteté éminente, qu'il inspire, et dans la bouche desquels il place sa parole (38). Mais des imposteurs peuvent prétendre que Dieu les a revêtus de cette importante mission; et on a vu trop souvent de tels hommes, soit dans les fausses religions, soit même jusques dans la véritable (39). Les livres saints nous présentent un grand nombre de faux prophètes, qui trompaient le peuple de Dieu, et qui l'induisaient en erreur. Ainsi, lorsque Dieu daigne annoncer aux hommes des choses futures, il est de sa jus

tice, de sa bonté, de sa véracité, de donner des moyens certains auxquels nous puissions reconnaître que c'est véritablement de lui que vient la prophétie.

VIII. Ces caractères distinctifs de la vraie et de la fausse prophétie peuvent être de deux espèces. Nous appellerons les uns positifs, et les autres négatifs. Nous entendons par caractères positifs, ceux qui prouvent qu'une prophétie est véritable, et vient effectivement de Dieu. Nous appelons négatifs, ceux qui montrent qu'elle est fausse, et l'ouvrage de l'imposture. Les premiers engagent à y donner croyance, les seconds à la refuser. Je vais commencer par examiner ceux-ci.

IX. Le premier caractère nécessaire pour qu'on regarde une prédiction comme venant de Dieu, est que celui qui l'énonce déclare que c'est de la part de Dieu qu'il la publie, et qu'il est son envoyé. On sent que ce ne peut être là qu'une note négative, car il est très-possible qu'on se dise faussement le ministre de la divinité; et dans le fait, les faux prophètes qui trompaient le peuple juif, ceux qui abusaient de la crédulité des païens, prétendaient que c'était au nom de Dieu qu'ils parlaient (40). Mais ceux qui conviennent eux-mêmes que ce n'est pas au nom de Dieu qu'ils prédisent, déclarent, par cela

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