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conservé le droit de glaive, qui est une portion essentielle de la souveraineté. Nous en avons diverses preuves: l'histoire de la femme adultère amenée à Jésus-Christ pour savoir si on devait la lapider (156); l'information faite par le Sanhedrin au sujet d'un aveugle né que le Sauveur avait guéri (157); la réponse de Pilate aux Juifs dans la passion : Prenez-le vous-mêmes et jugez-le selon votre loi (138); le procès fait aux apôtres et leur flagellation, parce qu'ils prêchaient au nom de Jésus-Christ (159); le martyre de saint Étienne (160); celui de saint Jacques le mineur (161). Peut-être d'après ces faits, l'opinion la plus vraie est-elle que ce n'est pas tout d'un coup et à une seule époque que le sceptre a cessé d'être dans la tribu de Juda; mais qu'elle a perdu successivement les diverses prérogatives qui constituent l'autorité souveraine, et cela depuis les temps qui ont un peu précédé la naissance de Jésus-Christ jusqu'à l'entière ruine de l'état, environ quarante ans après son ascension.

XIV. Si nous avions encore affaire aux Juifs anciens qui reconnaissaient dans les paroles du patriarche Jacob à son fils Juda une prophétie du Messie, il suffirait de leur montrer que depuis long-temps ils n'ont plus aucune forme d'état politique, aucune

sorte d'autorité, aucun chef pris parmi eux : et nous en conclurions que le Messie promis par Jacob est arrivé depuis long-temps. Mais les Juifs modernes, et surtout les incrédules de nos jours, refusant de voir dans ces paroles une prophétie, il faut reprendre les choses de plus haut, et leur montrer que c'en est une qui a été littéralement accomplie en Jésus-Christ.

Le caractère le plus certain d'une prophétie est, comme nous l'avons vu, son accomplissement. Lorsque de la part de Dieu est annoncé un événement futur, que la prudence humaine ne pouvait aucunement prévoir, et qui se réalise avec une exactitude entière, sans que le hasard ait pu former cette conformité entre l'événement et la prédiction, on ne peut pas s'empêcher de croire que c'est une vraie prophétie.

Or, il est évident 10 que Jacob prédit à Juda, de même qu'à ses autres enfants, des choses futures relatives à sa postérité.

Il est évident 20 que les choses qu'il lui prédit sont: que ses descendants formeront une nation, une société politique; que cette nation sera régie par des chefs pris au-dedans d'elle; qu'il viendra un personnage désigné par le nom de Kilo; que la nation conservera son autorité politique et ses chefs jusqu'à

l'arrivée de ce personnage; enfin que ce personnage sera l'attente des nations, ou que les nations se réuniront à lui, ou que les nations lui obéiront.

Il est évident 30 qu'il était impossible à Jacob de prévoir par ses seules lumières naturelles toutes ces destinées futures de sa postérité; que de chacun de ses enfants il sortirait une tribu; que chacune de ses tribus jugerait son peuple et aurait sur lui l'autorité; que cette autorité cesserait plutôt dans les autres tribus que dans celle de Juda; que cette autorité se conserverait dans la tribu de Juda jusqu'à l'arrivée de Kilo ; que toutes les nations viendraient se réunir à Kilo.

Il est évident 40 qu'il serait également absurde d'attribuer au hasard le rapport avec la prédiction d'événements aussi éloignés, aussi compliqués, aussi perpétués dans le cours de plusieurs, aussi dépendants de causes diverses, libres et inconnues.

Il est évident 5o et nous venons de le démontrer, que la partie de la prédiction relative à la permanence de l'autorité dans la tribu de Juda s'est littéralement accomplie pendant un intervalle de près de quinze siècles, et malgré les révolutions à travers lesquelles a passé cette tribu.

T. I.

6.

Il est évident 6o que vers le temps où les Juifs ont perdu leur autorité et leurs chefs pris parmi eux, Jésus-Christ a paru dans le monde.

Il est évident 7o qu'après la venue de Jésus-Christ il a été annoncé aux nations qui l'ont reconnu et qui se sont soumises à sa loi.

Il est évident 8o qu'il ne s'est élevé, ni à cette époque, ni auparavant, ni depuis aucun autre personnage qui réunisse ces caractères.

Il est donc évident enfin, que les paroles de Jacob à Juda sont une vraie prophétie de Jésus-Christ, qui a eu dans Jésus-Christ son accomplissement littéral, exact et parfait.

XV. On demande pourquoi cette prophétie, qui aurait été si puissante pour convaincre les Juifs, n'a été cité ni par JésusChrist, ni par ses apôtres : à cette interrogation nous avons plusieurs réponses à donner. En premier lieu, l'objet principal de la prophétie était de montrer le temps où le Messie devait venir; mais lorsque Jésus-Christ est venu publier sa loi, c'était, comme nous le verrons, une opinion générale et constante, le temps de l'apparition du Messie était arrivé: on n'avait pas à prouver ce point; et l'emploi de la prophétie de Jacob eût été superflu. En second lieu, il aurait été encore

que

la ré

inutile par une autre raison : c'est que publique des Juifs subsistait encore, et que rien n'annonçait qu'elle dût finir. L'argument tiré de ce qu'elle devait peu après être détruite, n'aurait pas eu encore de force. En troisième lieu, la partie de la prophétie qui annonce que les nations reconnaîtront le Messie, n'était pas encore accomplie; il était donc encore à cet égard impossible d'en faire une preuve de la mission de Jésus-Christ.

Nous finirons ce qui concerne cet oracle sacré par deux réflexions: entre la première et la dernière partie de la prophétie il y a un rapport intime. L'autorité doit cesser dans Juda quand l'autorité sur toutes les nations doit passer au personnage annoncé. Un empire doit succéder à l'autre : c'est qu'alors il sera inutile que la république judaïque subsiste; elle n'est établie que pour amener le Messie, qui donnera sa loi à toutes les nations. Le Messie venu, la tribu de Juda n'a plus d'objet; elle ne sert plus aux vues de Dieu son état est anéanti.

De là, résulte encore contre le système des Juifs un très-fort argument. Si, comme ils le croient, le Messie doit être un roi victorieux, qui rétablisse leur empire, et qui leur donne pour toujours une vaste domination; il n'est pas vrai qu'alors le sceptre

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