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torité des chefs dans les tribus. Non-seulement on voit en plusieurs endroits des hommes appelés princes de la multitude; mais au commencement du livre des Nombres, ils sont désignés par leurs noms et par leurs tribus; ils sont appelés princes des tribus et des maisons, chacun dans sa parenté; princes de la multitude dans leurs tribus et chefs de l'armée d'Israël: ils sont associés à Moïse pour faire le recensement de tous les hommes en état de porter les armes (137). On les voit ensuite, dans l'ordre du campement, placés chacun à la tête de sa tribu, et la commandant (138). Enfin on les retrouve dans beaucoup d'occasions associés à Moïse et à Aaron, et toujours avec ce même titre de princes des tribus.

Si cependant on veut que cet ordre de choses n'ait pas existé dans le désert, et que les tribus n'y aient pas eu un gouvernement particulier, nous n'avons pas d'intérêt à soutenir le contraire; il s'ensuivra seulement que cette forme de gouvernement par tribus a commencé plus tard, et lorsque les Israélites, ayant passé le désert, se furent établis dans la terre de Chanaan: il n'en sera pas moins vrai que du moment où elle a commencé, elle s'est perpétuée jusqu'au temps de Jésus-Christ dans la tribu de Juda, mal

gré les diverses révolutions par lesquelles elle a passé.

Immédiatement après l'établissement du peuple hébreu dans la terre qui lui avait été promise, les douze tribus formèrent douze cantons séparés, ayant chacun son gouvernement; et, sous les lois communes que Moïse leur avait données, composèrent une sorte de république fédérative. Au premier chapitre du livre des Juges, on voit ces diverses tribus avoir chacune de son côté des guerres contre les nations qui leur étaient voisines, ou qui occupaient leur territoire; on les voit ensuite avoir des guerres civiles: ce qui suppose dans toutes un gouvernement et des chefs particuliers. Il est vrai que dans cet intervalle la nation a eu de temps en temps des chefs communs sous le nom de juges. C'était principalement dans le temps où, en punition de ses fautes, elle avait été asservie à des puissances étrangères; que Dieu, en considération de son repentir, lui envoyait des libérateurs qui jouissaient sur elle d'une autorité générale. Mais, outre ces juges communs qui n'existaient que de temps en temps, les tribus avaient leurs chefs particuliers qui régissaient et jugeaient chacune d'elles: Moïse le leur avait ainsi ordonné (139); et nous trouvons dans

plusieurs endroits une mention expresse de ces chefs. Deux tribus qui étaient restées en-deçà du Jourdain ayant donné de l'inquiétude aux autres, il fut député vers elles dix princes ou chefs, un de chaque tribu, avec Phinéès fils du grand prêtre (140). Débora parle dans son cantique de ces princes qui siégeaient sur les tribunaux (141). Il serait facile de produire bien d'autres exemples. Ainsi, dans ce premier intervalle de quatre cents ans, la prophétie de Jacob a été accomplie.

Il ne peut pas y avoir de difficultés sur l'état politique de la tribu de Juda pendant le temps de ses rois, surtout depuis David. Il est bon cependant d'observer que, quelle que fût l'autorité suprême des rois, les tribus formaient des corps séparés, et avaient des chefs. A la mort de Saül, la tribu de Juda vint trouver David, et l'oignit pour réguer sur elle (142). Abner, général des armées de Saül, engagea toutes les autres tribus à reconnaître pour leur roi Isboseth fils de Saül, et ce ne fut qu'à la mort de ce prince que ces tribus vinrent trouver David, et firent avec lui un pacte d'après lequel elles l'oignirent roi sur tout Israël (143). Roboam ayant irrité les Israélites par sa dureté, le peuple dit : Qu'avons-nous de com

mun avec David? Pourquoi serions-nous l'héritage du fils d'Isaïe? Retournez dans vos maisons, Israël; David, conservez votre maison (144). Dès ce moment, les destinées de la tribu de Juda furent différentes de celles des autres tribus. Tandis qu'elles étaient régies successivement par des rois de différentes dynasties et de différentes tribus, Juda fut toujours gouverné par des rois du sang de David. Remarquons cependant que ce royaume de Juda n'était pas absolument formé de cette seule tribu, il renfermait la tribu de Benjamin, beaucoup de membres de la tribu de Lévi, et quelques individus des autres royaumes; mais la majeure partie de l'état, on peut même dire la totalité morale, était la tribu de Juda; le reste étant en comparaison d'elle très-peu nombreux. Aussi voyonsnous dans plusieurs endroits les auteurs sacrés dire qu'il n'était resté dans ce royaume que la tribu de Juda. Le prophète Ahias prédisant à Jéroboam sa royauté, lui annonce que le Seigneur le fera régner sur dix tribus, et n'en laissera qu'une au fils de David (145). Et il est dit ailleurs, au sujet de la destruction du royaume d'Israël, que Dieu irrité contre Israël l'a rejeté de sa présence, et qu'il n'est resté que la seule tribu de Juda (146).

Ces deux royaumes finirent d'exister, par

ce qu'ils furent conquis, et leurs peuples amenés en captivité, savoir: le royaume d'Israël, par Salmanazar, et celui de Juda, quatre-vingt-cinq ans après, par Nabuchodonosor: mais le sort de ces deux nations fut bien différent. La ruine d'Israël fut totale, absolue, sans retour. Dès ce moment leurs dix tribus ont cessé de former un état politique; elles sont restées assujetties à leurs vainqueurs, et n'ont jamais été rétablies. Il est même rapporté que les rois d'Assyrie donnèrent leur pays à de nouveaux habitants, qui prirent possession de Samarie et des autres villes (147). Quant aux individus des dix tribus, ils furent transportés au-delà de l'Euphrate, d'où ils ne revinrent plus ; et Josephe atteste que leurs descendants y étaient encore de son temps (148).

Mais il en fut tout autrement de la tribu de Juda et de la captivité qu'elle éprouva: elle cessa, il est vrai, d'avoir des souverains du sang de David, portants le titre de roi; mais elle ne cessa pas pour cela de former un corps de nation, de se régir par ses lois, et d'avoir des chefs de son sang. Si l'on veut absolument que, pendant les soixante-dix ans de la captivité de Babylone, cette tribu n'ait conservé aucune autorité sur elle-même, nous pouvons sans inconvénient l'ac

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