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térité est positivement marquée par lui-même. Il est également évident, et il serait ridicule de s'arrêter à le prouver, que les événements prédits par Jacob à Juda, ne pouvaient pas être prévus par des causes naturelles, et n'ont pas pu se réaliser par hasard. Si donc on voit ces prédictions s'accomplir pleinement et littéralement, on sera forcé de convenir que ce sont de véritables prophéties divines; si on les voit accomplies ainsi dans Jésus-Christ, on ne pourra révoquer en doute que ce ne soit lui dont la venue a été prophétisée par Jacob. Nous avons deux choses à prouver ici : la première, que cette prophétie annonce la venue d'un envoyé céleste dont elle fixe le temps; la seconde, que cette prophétie a été pleinement accomplie en Jésus-Christ.

III. Sur le premier point, nous sommes d'accord avec les Juifs anciens; ils regardaient, ainsi que nous, les paroles de Jacob à Juda comme une prophétie du futur Messie (129); ils niaient seulement qu'elle se fût accomplie en Jésus-Christ. Les Juifs modernes, méprisant l'autorité de leurs anciens, rapportent cette prophétie à d'autres personnages qu'au Messie: il n'est pas difficile de voir quel est l'intérêt qui a changé l'opinion de la synagogue,

Jacob donne trois caractères au personnage qu'il annonce: il l'appelle Shilo, ce que notre Vulgate rend par le mot celui qui doit être envoyé; il dit qu'il sera l'attente des nations; il promet que le sceptre et le chef ne sortiront pas de la tribu de Juda jusqu'à la venue de cet envoyé.

IV. Relativement au premier de ces caractères, les rabbins actuels prétendent que nous traduisons mal le mot Shilo, et qu'il ne signifie pas l'envoyé futur; mais l'autorité de leurs anciens docteurs est contre eux d'un poids immense : ceux-là connaissaient bien mieux que ceux-ci la valeur des termes et le sens qu'y attachait la tradition. Toutes les anciennes versions rendent le mot Shilo d'une manière qui ne peut convenir qu'au Messie: il y a quelque différence dans les termes, mais la signification est au fond la même. Les trois paraphrases chaldaïques sont précises, et nomment positivement le Messie. Le texte samaritain rend le mot Shilo par pacifique, ce qui est un caractère du Messie. La version des Septante porte: jusqu'à ce que vienne celui à qui les choses sont réservées; et les anciennes traductions orientales: jusqu'à ce que vienne celui à qui appartient la chose (130).

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Ce qui montre combien est peu fondée la

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difficulté des rabbins actuels, c'est leur embarras, leur division, la faiblesse de leurs conjectures lorsqu'il s'agit de déterminer le personnage autre que le Messie indiqué le mot Shilo: les uns l'appliquent à Jéroboam, les autres à Nabuchodonosor, ceuxci à Saul, ceux-là à Ahias le Silonite. Sans entrer dans la discussion de ces diverses explications, une seule considération les réfute toutes. Quel est, de tous ces hommes, celui de qui il peut être dit avec quelqu'apparence de fondement, qu'il a été l'attente des nations?

V. Ce second caractère donné par Jacob au personnage qu'il annonce, présente une considération imposante; il lie cet oracle avec les promesses précédemment faites à Abraham, à Isaac, et à Jacob lui-même (131). Il y a entre ces promesses et cette prophétie, une analogie précieuse; c'est évidemment du même objet qu'il est parlé : Dieu promet aux patriarches que, dans leur postérité, seront bénies toutes les nations. Jacob avait été fait héritier de la promesse à l'exclusion d'Ésaü; il transmet cet héritage à Juda de préférence à ses frères. Cette prophétie rapprochée de celles qui l'ont précédée et de celles qui doivent la suivre, leur donne et en reçoit une force et une clarté

nouvelle. C'est une succession d'oracles depuis Abraham jusqu'aux derniers prophètes, dans un intervalle de quatorze cents ans, annonçant un personnage qui réunira à lui toutes les nations. Il est absurde aux Juifs actuels de prétendre que cette prophétie de Jacob n'a pas trait au Messie, tandis qu'ils admettent que d'autres prophéties semblables et qui ont le même sens lui sont relatives.

Il est bon, au reste, d'observer que ces mots: il sera l'attente des nations, sont un peu différents dans les différentes versions. Le texte hébreu porte: toutes les nations lui obéiront; le samaritain et la traduction arabe: autour de lui se réuniront les peuples; le syriaque: les nations l'attendront. Mais toutes ces expressions reviennent au même; elles ne peuvent convenir qu'à un envoyé céleste reconnu par tous les peuples. Cette variété dans les expressions, en conservant l'uniformité dans le sens, contribue à montrer quelle a été la manière unanime d'entendre le texte : tous s'accordent sans s'être concertés.

VI. Le troisième caractère donné par Jacob au personnage qu'il prédit, est qu'il ne viendra que lorsque le sceptre sortira de Juda, et qu'il n'y aura plus de chef descendu de lui. Le mot hébreu que nous traduisons

T. I.

5.

sceptre, est schebet qui, dans son sens litté~ ral, signifie la verge du commandement. Le mot hébreu que la Vulgate rend par le mot dux ou chef, est metokek, dont la signification littérale est un chef, ou un législateur, ou un juge, ou un scribe, ou un docteur de la loi.

VII. « Les Juifs, pour se soustraire à la << preuve victorieuse qui résulte contre eux « de cette prophétie, ont imaginé de dé<< tourner le mot schebet de la signification << que nous lui donnons ; ils disent donc que «< ce mot signifie aussi souvent une verge de «< châtiment qu'une verge de domination;

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qu'ainsi, le sens de la prophétie est que Ju« da ne cessera d'être affligé que lorsqu'arri« vera le personnage annoncé ce que l'on « voit, ajoutent-ils, dans l'état malheureux «< où se trouve actuellement cette nation. » VIII. Mais la fausseté de cette interprétation est facile à démontrer :

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10 Il s'agit ici de l'interprétation d'un mot hébreu ; et sur ce point l'autorité des Juifs anciens est immense. Or, tous unanimement entendaient le mot schebet comme nous, d'une verge, signe du commandement. Tous les targum, toutes les versions anciennes portent ce sens, tous les anciens rabbins l'adoptent. Comment peut-on, après une lon

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