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Le penchant qu'un Auteur de ce mérite peut avoir pour le paradoxe le détourne quelquefois du vrai, mais alors c'est l'Alchimiste de la Littérature qui, dans la vaine recherche du reméde univerfel, trouve en chemin mille fecrets qui tous féparés de leur objet, deviennent de la plus grande utilité.

Je ne finirai point cet Avertissement fans excufer autant qu'il eft poffible, M. Rouffeau d'avoir fcandalifé dans quelques-uns de fes Ouvrages, & le François Citoyen & le Gatholique. Etranger à Paris, il naquit & fut élevé dans une République & dans le Schif

me.

Fin de l'Avertissement.

LES

LES PENSÉES

DE

J. J. ROUSSEAU,

CITOYEN

DE GEN Ê V E.

R

DIEU.

LUS je m'efforce de contempler fon effence infinie moins je la conçois ; mais

elle eft, cela me fuffit; moins je la conçois, plus je l'adore. Je m'humilie & lui dis : Être des Êtres, je fuis, parce

A

que tu es; c'eft m'élever à ma fource que de te méditer fans ceffe. Le plus digne ufage de ma raifon eft de s'anéantir devant toi : c'eft mon raviffement d'efprit, c'eft le charme de ma foibleffe de me fentir accablé de ta grandeur.

Voulons-nous pénétrer dans ces abimes de métaphyfique qui n'ont ni fond ni rive, & perdre à difputer fur l'effence divine ce tems fi court qui nous eft donné pour l'honorer? Nous ignorons ce qu'elle eft, mais nous fçavons qu'elle eft que cela nous fuffife; elle fe fait voir dans fes œuvres, elle fe fait fentir au-dedans de nous. Nous pouvons bien difputer contre elle, mais non pas la méconnoître de bonne foi.

Rien n'existe que par celui qui eft, C'est lui qui donne un but à la juftice', une base à la vertu, un prix à cette courte vie employée à lui plaire; c'eft lui

qui ne ceffe de crier aux coupables que leurs crimes fecrets ont été vus, & qui fait dire au jufte oublié, tes vertus ont un témoin ; c'est lui, c'est sa substance inaltérable qui eft le vrai modéle des perfections dont nous portons tous une image en nous-mêmes. Nos paffions ont beau la défigurer; tous fes traits, liés à l'effence infinie, fe repréfentent toujours à la raifon, & lui fervent à réta blir ce que l'impofture & l'erreur en ont altéré.

É VANGI L E. CE divin Livre, le feul néceffaire à un Chrétien, & le plus utile de tous à quiconque même ne le feroit pas, n'a befoin que d'être médité pour porter dans l'ame l'amour de fon Auteur, & la volonté d'accomplir fes préceptes.

Jamais la vertu n'a parlé un fi doux langage; jamais la plus profonde fageffe ne s'eft exprimée avec tant d'énergie & de fimplicité. On n'en quitte point la lecture fans fe fentir meilleur qu'aupa ravant,

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La majefté des Ecritures m'étonne, la fainteté de l'Evangile parle à mon cœur. Voyez les Livres des Philofophes avec toute leur pompe qu'ils font petits près de celui-là! Se peut-il qu'un Livre, à la fois fi fublime & fi sage, foit l'ouvrage des hommes ? Se peut-il que celui dont il fait l'hiftoire ne foit qu'un homme lui-même ? Eft-ce là le ton d'un enthousiaste ou d'un ambi̟tieux fectaire? Quelle douceur, quelle pureté dans fes mœurs! quelle grace touchante dans fes inftructions! quelle élévation dans fes maximes! quelle profonde fageffe dans fes difcours ! quelle préfence d'efprit, quelle fineffe & quelle

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