Que répondrois-je alors? Honteux et rebuté, France, présentée à Aix, l'année 1600, Malherbe avoit dit: Despréaux signale les imitateurs de Malherbe, qui répétoient les expressions de ce poëte jusqu'à la satiété. moi-même." (1) Fameux épicier. (Despréaux, édit. de 1674.) * Claude Julienne demeuroit dans la rue Saint-Honoré, et fournissoit la maison du roi. Le surnom de Franc-cœur fut donné à l'un de ses aïeux par Henri III. Cette particularité, ignorée de Despréaux, est l'une de celles qui lui faisoient dire à Brossette: « A l'air dont vous y allez, « vous saurez mieux votre Boileau que Horace termine par une semblable plaisanterie une épître à Auguste. Marmontel n'en condamne pas moins l'heureux imitateur du favori de Mécène. « Si dans un ouvrage adressé à une personne illustre, dit-il, on doit ennoblir les petites choses, à plus forte raison n'y doit-on pas avilir les grandes; et c'est ce que fait à tout J'imite de Conrart le silence prudent(1): Je laisse aux plus hardis l'honneur de la carrière, « moment, dans les épîtres de Boileau, le mélange de Cotin avec « Louis-le-Grand, du sucre et de la canelle avec la gloire de ce mo«narque. Un mot plaisant est à sa place dans une épître familière; « dans une épître sérieuse et noble, il est du plus mauvais goût [a]. » Cette critique n'est pas juste. Les pièces de Despréaux comportent en général plusieurs tons; les plaisanteries qu'il s'y permet, loin de déplaire, y jettent de l'agrément, et ne sauroient être mieux exprimées. On pourroit seulement les trouver un peu répétées, quoique le tour n'en soit jamais uniforme. Ronsard, dans une épître adressée à Jacques Grévin, avoit dit, en parlant des mauvais poëtes: Ils ne servent de rien qu'à donner des habits, A la canelle, au sucre, au gingembre et au riz. (1) Fameux académicien qui n'a jamais rien écrit. (Despréaux, édition de 1701.) * Chez lui commencèrent les assemblées qui ont donné naissance à l'académie françoise, dont il fut le premier secrétaire. Quoiqu'il ne sût pas le latin, les gens de lettres le consultoient comme un critique d'un goût sûr, et plusieurs lui dédièrent leurs ouvrages. On lit quelques vers de lui dans différents recueils; on a ses lettres à Félibien, et M. de Monmerqué se propose de publier ses mémoires. Né à Paris en 1603, il mourut en 1675. Dans les éditions antérieures à celle de 1683, le vers de Despréaux se trouve ainsi : J'observe sur ton nom un silence prudent. Ce dernier mot, dit Brossette, est une louange équivoque, et fait allusion à cette épigramme de Linière : Conrart, comment as-tu pu faire [a] Éléments de littérature, au mot Epitre. Et regarde le champ, assis sur la barrière. Malgré moi toutefois un mouvement secret Vient flatter mon esprit, qui se tait à regret. Quoi! dis-je tout chagrin, dans ma verve infertile, Des vertus de mon roi spectateur inutile, Faudra-t-il sur sa gloire attendre à m'exercer Que ma tremblante voix commence à se glacer? Dans un si beau projet, si ma muse rebelle N'ose le suivre aux champs de Lille et de Bruxelle (1), Sans le chercher au nord de l'Escaut et du Rhin, La paix l'offre à mes yeux plus calme et plus serein. Oui, grand roi, laissons là les sièges, les batailles : Qu'un autre aille en rimant renverser les murailles; Et souvent, sur tes pas marchant sans ton aveu, S'aille couvrir de sang, de poussière et de feu. A quoi bon, d'une muse au carnage animée, Échauffer ta valeur, déja trop allumée? Jouissons à loisir du fruit de tes bienfaits, Et ne nous lassons point des douceurs de la paix. Pourquoi ces éléphants, ces armes, ce bagage, Et ces vaisseaux tout prêts à quitter le rivage? Disoit au roi Pyrrhus un sage confident (2), (1) La campagne de Flandre, faite par le roi en l'année 1667. (2) Plutarque, dans la vie de Pyrrhus. (Despréaux, édit. de 1713.) Tout ce morceau, fidèlement traduit de Plutarque, est le modèle de ces sortes de dialogues si difficiles à faire, où le poëte joue lui seul le rôle des deux interlocuteurs. C'est un des endroits contre lesquels Pradon se récrie le plus. «Il semble, dit-il, que l'on entend Jodelet qui parle à son maître, etc. » (Nouvelles Remarques sur tous les ouvrages du sieur D***, 1685, page 56.) Conseiller très sensé d'un roi très imprudent. Je vais, lui dit ce prince, à Rome où l'on m'appelle. — Quoi faire?— L'assiéger. - L'entreprise est fort belle, Et digne seulement d'Alexandre ou de vous: Mais, Rome prise enfin, seigneur, où courons-nous [a]?— Du reste des Latins la conquête est facile. — Sans doute, on les peut vaincre[b]: est-ce tout? - La Sicile Courir de là le Gange en de nouveaux pays, [a] Mais quand nous l'aurons prise, eh bien! que ferons-nous ? (Édit. ant. à celle de 1683.) Brossette et Saint-Marc se trompent, en donnant cette seconde leçon de la manière suivante : Et ranger sous nos lois tout ce vaste hémisphère. Nous pourrons rire à l'aise [a], et prendre du bon temps. - C'est aux prélats de cour prêcher la résidence (1). On Il est plus d'une gloire [b]. En vain aux conquérants [a] Nous pourrons chanter, rire. (Première édition.) (1) Quand un trait de satire vient à sourire à Boileau, tout passe par l'étamine, comme il l'a dit lui-même. ( Le Brun. ) " [b] « Ce poëte, qu'on accuse de manquer de philosophie, en eut «assez, dit La Harpe, pour louer un roi conquérant, bien moins sur « ses victoires que sur les réformes salutaires et les établissements « utiles que l'on devoit à la sagesse de son gouvernement. Peut-être « y avoit-il quelque courage à dire au vainqueur de l'Espagne, au conquérant de la Franche-Comté et de la Flandre : 料 « Il est plus d'une gloire. En vain aux conquérants L'errcur, parmi les rois, donne les premiers rangs; etc. » (Cours de littérature, 1821, tome VII, page 45.) |