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A NOS LECTEURS.

En commençant cette seconde année, nous éprouvons le besoin de remercier le public éclairé qui a bien voulu encourager une œuvre toute littéraire; et nous allons indiquer, en peu de mots, les améliorations que nous comptons introduire dans notre travail pour justifier de plus en plus sa bienveillance. Ainsi que nous avions le droit de nous y attendre, l'intérêt de nos lecteurs s'est porté principalement sur les articles consacrés à la littérature étrangère: par la voie de la presse ou par la fréquentation des réunions scientifiques, on peut toujours arriver à connaître les productions de la science et de la littérature indigènes; mais il n'en est pas de même pour le mouvement de la bibliographie étrangère.' Jusqu'ici les notions fournies à cet égard par la publicité française étaient trop incomplètes; nous savions que l'Allemagne et l'Angleterre, ces deux grands centres d'intelligence, possédaient des hommes éminens dans tous les genres et produisaient chaque année une foule d'ouvrages intéressans dans toutes les branches de la science. et de la littérature. Mais jusqu'ici nous connaissions peu le nom de ces hommes, la nature et l'esprit de ces ouvrages qui ne franchissent la frontière qu'en bien petit nombre, et qui sont à la portée de si peu de lecteurs. La Revue de Bibliographie a fait connaître une foule de noms et de livres ignorés du public français. C'est dans cette voie qu'elle dirigera ses principaux développemens. Elle sera forcée de réduire le cadre de la bibliographie indigène, mais elle s'attachera à ne faire porter ses reranchemens que sur les ouvrages d'un intérêt trop cir

conscrit, et n'oubliera aucune publication digne d'intérêt par le mérite du sujet et de la forme.

Une seconde obligation que nous ne cesserons jamais d'avoir en vue, c'est de proportionner à l'importance des ouvrages la dimension de nos analyses; mais c'est de l'importance réelle et non de la valeur apparente que nous voulons parler. Il peut arriver aussi que tel écrit, en lui-même assez peu remarquable, soulève une question de haut intérêt et qui exige des développemens peu en rapport avec le mérite du livre : nous ne saurions nous en abstenir. L'accueil fait par nos lecteurs aux renseignemens critiques, philologiques et littéraires, que nous leur avons fournis de notre propre fonds, nous permettra de persévérer dans cette voie avec confiance; il nous suffira d'apporter toujours la plus grande circonspection dans le supplément de nos analyses.

Enfin, quoique nous soyons toujours décidés à nous montrer sobres de discussions et de jugemens, et à garder une juste mesure entre l'éloge complaisant et la critique partiale, nous n'hésiterons pas, lorsque le retentissement funeste de l'ouvrage ou le danger des systèmes nous en feront une loi, à proclamer ce que nous regarderons comme les bonnes et saines doctrines. Sous ce rapport il est difficile de satisfaire à toutes les exigences : mais ce que nous pouvons promettre, c'est de conserver toujours la plus entière impartialité, et d'avoir constamment en vue les intérêts de la science et les véritables progrès de la bibliographie.

DE

BIBLIOGRAPHIE ANALYTIQUE.

JANVIER.

THEOLOGIE.

Novum Testamentum græce textum ad fidem antiquorum testium recensuit, etc. Fr. Const. Tischendorf. Lipsia, 1841. Sumptus fecit C. F. Koehler. In-8° carré de LXXXV-691 p. Prix: 6 fr.

M. Tischendorf ayant témoigné hautement de son savoir et de sa critique par deux thèses, intitulées l'une: Doctrina Pauli apostoli de vi mortis Christi satisfactoria, et l'autre, Disputatio de Christo pane vitæ, M. Winer, écrivain aussi illustre parmi les théologiens que M. Hermann parmi les philologues, engagea M. Tischendorf à s'occuper du texte grec du Nouveau-Testament, et à en donner une nouvelle édition. Ce jeune et habile théologien s'est acquitté de cette tâche avec un talent et une habileté au-dessus de tout éloge. Le texte de Robert Étienne (1550) avait été adopté et reproduit par tous les éditeurs postérieurs; c'est ce que n'a point fait M. Tischendorf, qui nous donne aujourd'hui une recension tont-à-fait nouvelle, après avoir rétabli une multitude de passages. L'amour seul de la vérité et non le désir de la nouveauté a pu l'amener à un parcil résultat. On sait en effet combien il restait encore à faire pour l'amélioration du texte du Nouveau-Testament, même après les travaux des critiques les plus habiles, tels que Mill, Wetsten, Eichhorn, Mat

thæi, Griesbach, Hug, Lachmann et Scholz. Aujourd'hui que les écrits des auteurs classiques sont mis en lumière, tant en France qu'en Allemagne, par les esprits les plus éminens de la science philologique, il semble que le temps soit venu de s'occuper aussi des auteurs sacrés et particulièrement du texte du Nouveau-Testament. M. Tischendorf était, par des études solides et consciencieuses, mieux que personne préparé à se charger de cette entreprise, à la fois difficile et délicate. Il s'agissait en effet de revenir sur une chose que le temps semblait pour ainsi dire avoir consacrée et de la remettre en question; c'était s'exposer, comme Wetsten, à une malveillance proportionnée toujours au mérite d'une découverte. Les manuscrits peu nombreux, d'après lesquels le texte du Nouveau-Testament a été établi au xvio siècle, ne sont pas très-anciens et n'ont qu'une médiocre valeur. Plus tard, l'immense quantité de variantes fournies par tous les manuscrits grecs, les versions et les pères, n'eut d'autre avantage que de noyer dans un déluge de notes ce qui ne présentait aucune espèce d'autorité, comme on peut s'en convaincre en parcourant les éditions de Mill et de Wetsten. Vint ensuite Griesbach, dont les travaux furent en France et en Allemagne accueillis avec tant de faveur, que depuis lors tous les théologiens adoptèrent sa recension avec une confiance qui n'est nullement justifiée par le mérite de l'ouvrage, ainsi que le démontre M. Tischendorf, pag. Lu de ses Prolégomènes.

Les principes de critique adoptés par le nouvel éditeur sont longuement et très-lucidement développés pag. XLIX et x; et on y voit traitée avec un soin particulier la question sur les recensions ou les classes qu'on a trouvées dans les documens fournis par le texte du Nouveau-Testament. On doit reconnaître que M. Tischendorf a apporté beaucoup de précaution et de prudence dans l'usage critique de ces systèmes, s'en étant réservé pour plus tard l'exposition et le jugement complet. Mais ce qu'on remarque avant tout, c'est l'ingénieuse sagacité avec laquelle il a réfuté les erreurs de Scholz. Le nouveau texte se rapproche assez de celui de Lachmann, édition stéréotype

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