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nous ayons si peu de renseignemens sur la célèbre Bibliothè que de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés. Voici cependant quelques détails à ce sujet, qui pourront présenter de l'intérêt à nos lecteurs.

La Bibliothèque de Saint-Germain-des-Prés avait été commencée par le père Dubreul, et dès lors composée d'excellens livres. Depuis, sans cesse augmentée par les bibliothécaires qui lui succédèrent, elle reçut les accroissemens les plus considérables. D'abord, en 1685, Noël Vallant, médecin de mademoiselle de Guise, lui donna tous ses livres, par testament. En 1700, Michel-Antoine Baudran, prieur de Rouvres et de Neumarché, l'enrichit encore de sa bibliothèque. Elle eut en 1718 celle de l'abbé Jean d'Estrées, en 1720 les livres de l'abbé Renaudot, en 1752 la bibliothèque des manuscrits du chancelier Séguier (1), en 1744 et en 1762 les livres et manuscrits du cardinal de Gèvres, archevêque de Bourges, et de M. de Harlay, conseiller d'État. Cette précieuse collection contenait environ cent mille volumes imprimés, parmi lesquels on comptait un grand nombre d'éditions rares et anciennes; quinze à vingt mille manuscrits dans toutes les langues, dont plusieurs trèsprécieux et très-rares, surtout un psautier latin en lettres onciales, et deux ou trois Bibles de la plus haute antiquité. On y voyait le manuscrit des pensées de Pascal, sur de petits papiers écrits de sa main et réunis dans un volume in-folio qui se trouve aujourd'hui à la Bibliothèque Royale avec tous les

(1) On lit dans la Biographie universelle, à l'article Séguier, vol. XLI, p. 464: « Le chancelier possédait une bibliothèque immense, qu'il avait léguée à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés : elle a été brûlée dans le commencement de la révolution, l'exception des manuscrits qui ont été transportés à la Bibliothèque du Roi,» Ceci est une grave erreur : le chancelier Séguier n'a pas légué sa bibliothèque à l'abbaye de SaintGermain, mais bien au duc de Coislin, évêque de Metz, qui l'enrichit d'une infinité d'ouvrages précieux, tant imprimés que manuscrits, et la légua à l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, en 1732, époque de sa mort. Dans le même ouvrage, à l'article Coislin, vol. IX, p. 198, au lieu de 1693, date de l'incendie, il faut corriger 1794. Pour l'histoire de cette célèbre abbaye, voyez l'ouvrage de J. Bouillart, Histoire de l'abbaye royale de Saint-Germain-des-Préz, Paris, 1724, in-folio.

manuscrits qu'on a pu arracher, soit aux flammes, soit à l'avidité de ceux qui voulaient en trafiquer avec l'étranger.

Pour en revenir au catalogue des manuscrits grecs de SaintPétersbourg, nous dirons qu'il est fait de manière à donner une haute idée du savoir et du mérite de son rédacteur. Nous devons désirer que la suite réponde au commencement, et que le même soin, la même exactitude, la même méthode, président à sa rédaction; nous voudrions seulement qu'il y eût moins de confusion dans la justification typographique qui fatigue la vue par une trop grande profusion de signes et d'abréviations de tout genre.

LITTÉRATURE MODERNE.

Anciens patois de la France. La Bernarda Buyandiri, tragi-comedia, (n. 28). -Paris, 1840. Chez Techener, libraire. In-8° de 23 p.

Le zèle infatigable de M. Brunet accumule les publications des originaux de nos idiomes provinciaux. Grâce à lui, il sera bientôt possible de se livrer à un travail général sur cette littérature si peu connue et cependant si digne de l'être. En effet, la plupart de ces poésies patoises sont remarquables, non seulement par leur naïveté et leur énergie, mais souvent par des qualités de style dont on ne croirait pas susceptibles des langages que l'érudition dédaigneuse se plaît à appeler de misérables jargons. La pièce nouvelle publiée par M. Gustave Brunet est de la plus grande rareté. Ainsi qu'il l'indique luimême, elle n'est point mentionnée dans la Bibliothèque du Theatre-Français (Dresde, 1768); elle ne figure point parmi les compositions du même genre qu'offre le catalogue La Vallière Nyon. Cette tragi-comédie, intitulée Bernarda Buyandiri, est divisée en deux parties. M. Brunet a seulement jugé

propos de reproduire la première : la raison en est sans doute au peu de mérite littéraire qu'offre cette pièce, où l'on trouve en effet une grande grossièreté de style et une non moins

grande crudité de poésie. Elle n'est curieuse que comme étude de langage; mais, dans ce cas, la partie qu'en a donnée l'éditeur suffit. La dédicace est signée Henri-Perrin, auteur que nous recommandons à la Biographie lyonnaise de MM. Breghot du Lut et Péricaut aîné, et elle est adressée à Jean Grollier, sieur de Bellecize, personnage qui ne se montre point parmi les Grollier énumérés dans Moreri.

Die alten Liederbücher der Portugiesen, u. s. w. Les anciens chansonniers des Portugais, ou matériaux pour l'histoire de la poésie portugaise du treizième siècle au commencement du seizième. Acc. de morceaux extraits de manuscrits ou d'anciennes publications, par le D' Chr. Fr. Bellermann, ministre de la paroisse Saint-Paul, à Berlin. Berlin, chez F. Dümmler, 1840. In-4°.

La question d'antériorité entre les poésies portugaise et espagnole est encore indécise, malgré la lettre du marquis de Santillane, morceau qui date du milieu du xv siècle, et qu'on peut regarder comme un des plus anciens fragmens d'histoire littéraire espagnole. L'auteur du présent ouvrage ne trouve rien non plus de concluant à cet égard; mais ce qu'il se flatte d'établir, c'est que le Portugal ainsi que la Galice, fort proches parens à l'égard du langage, possédaient avant la Castille une poésie déjà fort perfectionnée, grâce aux relations qu'eurent ces deux pays avec les poètes provençaux, prédécesseurs des poètes de toutes les langues romanes. Les poètes lyriques de Galice se firent de bonne heure un grand nom, et les Castillans qui cultivérent cette branche de la poésie choisirent longtemps, pour reproduire l'œuvre de leur inspiration, l'idiome galicien, ou ce qui dans l'origine était tout un, le portugais. Mais on ne peut se flatter d'avoir des monumens réels de ces chants populaires et de ces poésies primitives. Le peu de fragmens présentés par les écrivains portugais comme les plus anciens produits de la poésie nationale, et attribués tantôt au x11° siècle, tantôt à des époques antérieures, perdent, une fois

comparés à d'autres monumens du langage de ces temps, ce caractère d'ancienneté qu'on cherchait à leur donner, et même laissent soupçonner quelque supposition. Bernardo de Brito, moine de Citeaux et historiographe, nous a conservé dans sa Monarchia Lusitana un de ces morceaux, qu'il dit avoir extrait d'un cancioneiro manuscrit, et avoir entendu depuis chanter par les paysans de la province de Beira. C'est le récit de l'enlèvement des filles que l'usurpateur Maurégat livrait aux Maures comme tribut, en retour de l'appui qu'ils donnaient à sa puissance. Le style de cette chanson ressemble au galicien ou à l'ancien portugais du XIIIe siècle; cependant on y reconnaît des élémens bien plus modernes et des formes tout espagnoles. Toutefois, quand elle n'appartiendrait qu'au xv ou au xvi° siècle, elle s'est perpétuée dans la bouche du peuple, et n'est donc point fabriquée par Brito. Un autre morceau appartenant au règne du premier roi portugais, Affonso Henriquez, et attribué à Gonçalo Hermiguez, nous est encore transmis par Brito dans son Histoire de l'ordre de Citeaux. L'historien ne détermine pas bien précisément le livre d'où il l'a tirée; mais il donne sur cette chanson les détails suivans :

Gonçalo Hermiguez, fils de Hermigio Gonçalves, surnommé o Luctador, qui périt à la bataille d'Ourique, n'était point inférieur à son père à l'égard de la bravoure chevaleresque. Ses exploits lui valurent le surnom de Tragamouro, le mangeur de Maures. Il avait de plus une douceur de mœurs qui le rendit cher à toute la cour. Un jour, accompagné d'une troupe de belliqueux chevaliers, il remontait le Sado dans l'Alemtejo; il passe devant Alcacer do Sal, ville au pouvoir des Maures. C'était le jour de Saint-Jean. On avait coutume d'ouvrir les portes, et le peuple, hommes et femmes, se répandait dans la campagne pour se livrer aux jeux et aux danses. Gonçalo saisit l'occasion; il aborde avec ses compagnons, et après avoir reconnu le terrain, il surprend les infidèles et remporte des prisonniers dans son esquif. Une des captives, Fatime, fille de la plus grande beauté, que Gonçalo encore caché avait aperçue, l'avait dès le premier moment tellement enchaîné, qu'il

s'était destiné cette noble part du butin. En vain les Maures se sont mis sur la défensive, deux fois on la lui arrache, deux fois il la reprend. L'ardent amour du chevalier chrétien était fait pour inspirer du retour, et la captive touchée céda à cette passion, fut baptisée sous le nom d'Oriane, et devint son épouse. Tel est le récit contenu en substance dans la chanson, Elle offre de fort grandes difficultés de langage; il y a des mots complètement inexplicables, et le douzième siècle fournit des documens dont la langue est bien plus intelligible; c'est ce qui rend suspecte l'authenticité de ce morceau. Du reste, plein de vivacité et de feu, il se compose de lignes irrégulières, dépourvues de mesure, et tenant plutôt du rhythme iambique que du rhythme trochaïque des chansons provençales. De distance à autre se rencontre une rime ou une as◄ sonance; mais cette manière ne domine point. Plus suspecte encore est l'authenticité des deux chansons d'Egas Moniz Coelho rapportées par un certain Miguel Leitao de Andrade dans un étrange livre intitulé: Miscellanea do sitio de N. Senhora da Luz, Lisboa, 1629, in-4°. Ce livre est un assemblage fort divers de morceaux d'histoire, de politique et de morale, en forme de dialogues dont les interlocuteurs discourent tan- . tôt de choses vraies, tantôt de choses inventées à plaisir. Souvent l'auteur met dans la bouche de ses personnages des vers appartenant au Camoens, à Diego Bernardes et à d'autres. Dans un de ces dialogues, il est traité de la poésie portugaise, et c'est à ce propos que se trouvent citées les deux chansons attribuées à un poète cousin d'Egas Moniz Coelho, le fidèle maître d'hôtel du roi Alfonse Ier, que chanta Camoens. Ce poète est donné pour le premier de son temps; mais, à l'appui de cette assertion, nous n'avons que le dire d'Andrade, et plus tard celui de Faria y Sousa, qui fit entrer les deux chansons dans son Europa Portuguesa. Le langage en est bien quelque peu antique; mais on y reconnaît un mélange des formes de siècles différens qui prouve que ces vers sont fabriqués et ne méritent aucune créance. Ne nous pressons point non plus d'admettre comme réelle l'existence d'un fragment

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