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qui parut en 1830. Mais M. Tischendorf a eu à sa disposition des documens importans, qui lui ont permis d'établir sa recension sur des données plus positives et d'après une critique sage et ingénieuse, tandis que Lachmann a négligé entièrement cette partie essentielle qui aurait pu donner quelque prix à son travail. M. Tischendorf a eu soin aussi de mentionner au bas des pages toutes les sources ainsi que les variantes les plus importantes fournies, soit par les manuscrits, soit par les éditeurs précédens, afin de présenter un tableau complet de la critique du texte du Nouveau-Testament.

Nous devons terminer cette analyse par une observation toute favorable au travail de M. Tischendorf, sous le point de vue religieux. Nous croyons devoir recommander son édition aux théologiens catholiques, parce que son plus grand mérite consiste à avoir fait concorder, dans beaucoup de parties, le texte grec avec la version latine adoptée par l'Église catholique et connue sous le nom de Vulgate. Nous dirons aussi que ce livre, sous le rapport de l'exécution matérielle, ne laisse rien à désirer; il est d'un format commode et sur un papier assez beau; la justification est très-nette et ne fatigue point la vue; ajoutez à cela que le prix est extrêmement modique et à la portée de tout le monde.

Prophetæ veteres pseudepigraphi partim ex abysinico vel hebraico sermonibus latine versi. Edente A. F. GfræStuttgardiæ. Prostand (sic) apud Adolphum Krabbe. 1840. In-8° de xiv-437 p.

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Tout le monde sait combien la théologie et les antiquités chrétiennes et juives doivent à l'évêque anglais Richard Laurent, qui a traduit et publié en latin, d'après le Codex amharicus, trois écrits anciens, attribués l'un à Énoch, l'autre à Esdras, et le troisième intitulé Ascension d'Isaïe. Le livre d'Énoch et l'Ascension d'Isaïe, connus jusqu'au neuvième siècle, avaient entièrement disparu après cette époque, et on n'en connaissait plus que quelques fragmens. Il y a soixante ans,

un voyageur anglais, Bruce, découvrit en Afrique et rapporta la version amharique de ces deux écrits, d'après laquelle Laurent fit son travail. Le quatrième livre d'Esdras n'était pas, comme celui d'Énoch, perdu entièrement. Outre la version arabe, on en connaissait une en latin qui a été publiée trèssouvent, entre autres par le célèbre Fabricius, dans sa collection des apocryphes de l'Ancien-Testament. Mais comme cette traduction latine est altérée dans beaucoup de passages, Laurent a cru devoir en publier une nouvelle d'après le manuscrit amharic rapporté par Bruce. L'excessive rareté de ces trois ouvrages en Allemagne a engagé M. Gfrærer à en donner une nouvelle édition, en ayant soin de mettre en latin tout ce qui se trouve en anglais dans le travail de Laurent. Il reproduit aussi l'écrit intitulé De vita et morte Mosis libri tres, publié pour la première fois en hébreu et en latin par Gilbert Gaulmin, ensuite par Fabricius, écrit beaucoup plus moderne que les livres d'Enoch et d'Esdras, mais qui renferme cependant les plus anciennes traditions juives sur l'histoire de Moïse, Viennent ensuite quelques apocryphes du moyen âge, qui étaient devenus très-rares: tels sont les prophéties en vers de Merlin, les oracles de Merlin mis en latin vers 1160, par Geoffroy de Monmouth; enfin les prophéties d'Hermann Lehninensis sur la maison de Brandebourg, et celles de Malachias sur les souverains pontifes. La vie métrique de Merlin par Geoffroy de Monmouth n'avait pas encore été publiée en Allemagne; on en connaissait seulement trois éditions, deux anglaises et une française. C'est cette dernière dont M. Gfrærer a adopté le texte, en se servant des savantes recherches des éditeurs, MM. Francisque Michel et Thomas Wright. Les prophéties d'Hermann, si l'on en croit Adelung, ont été publiées plusieurs fois dans le courant du siècle dernier; mais ces éditions sont devenues extrêmement rares. Enfin la célèbre prophétie de Malachias, évêque d'Hibernie, sur les pontifes romains depuis l'an 1143, avait été publiée pour la première fois par Wion, dans son ouvrage intitulé: Lignum vitæ (vol. I, p. 307, sqq.).

Lettre à M. l'abbé de Ravignan sur les sujets traités dans ses conférences à Notre-Dame de Paris, en 1840. Paris, 1840. Chez Marc Aurel, rue Saint-Honoré, n. 158. Impr. d'Amédée Gratiot. In-8° de 84 p.

L'auteur anonyme de cette lettre s'est proposé d'entamer une polémique avec M. l'abbé de Ravignan, au sujet de certaines questions religieuses traitées par lui dans l'année qui vient de s'écouler. Le succès des conférences du célèbre prédicateur a été grand, et c'est à cause de leur retentissement que son correspondant, qui semble avoir un système religieux opposé, a choisi cet antagoniste afin de donner plus de retentissement à ses objections. Écrivant en province, il n'a point assisté aux sermons du prédicateur; il en parle d'après les comptes rendus de l'Ami de la Religion et des Annales de philosophie chrétienne. C'est sans doute à cette circonstance qu'il faut attribuer quelques erreurs de discussion et souvent une compréhension peu juste et peu complète des idées de l'orateur chrétien. Malgré la bonne foi et les soins scrupuleux des deux recueils que nous venons de citer, il est impossible qu'ils aient rendu en entier toutes les paroles et même toutes les idées de M. de Ravignan; et il faudrait être assuré d'avoir le texte complet et exact de ses discours pour entamer contre lui une controverse de détails où chaque mot a sa valeur, chaque nuance d'idée son importance. A part cette réserve, il faut rendre justice à la bonne foi de l'auteur de cette Lettre et à son désir qui paraît sincère de s'instruire. Voulant ranimer la foi, le prédicateur s'était attaché à faire ressortir les considérations philosophiques et les préjugés qui la confirment. L'auteur de la lettre veut soustraire à la foi tout ce qui n'est pas démontré d'une manière rationnelle et critique: c'est la doctrine du protestantisme dont l'abus supprime la foi sous prétexte de l'épurer, et qui prétend soumettre à la raison des choses qui ne sont pas de son domaine.

JURISPRUDENCE.

De constitutionibus quas Jacobus Sirmondus Parisiis A. MDCXXXI edidit dissertatio. Scripsit D' Gustavus Haenel. Lipsiæ, typis B. G. Teubneri. 1840. In-4° de 25 p.

M. Haenel a pris pour sujet de sa dissertation les Constitutions mises au jour pour la première fois par Sirmond, et qui tantôt portent le nom de leur éditeur, tantôt sont appelées du titre apposé à la première, Constitutions sur la juridiction épiscopale, et quelquefois enfin reçoivent le titre d'Appendice au Code théodosien. Le célèbre Godefroy a fortement attaqué l'authenticité de ces Constitutions et la légitimité de la décou verte du P. Sirmond, et n'a pas hésité à les repousser du Code théodosien, dont ses recherches et sa critique ont tant amélioré et expliqué le texte. La discussion a été vive entre lui et la plupart des théologiens jurisconsultes, qui défendaient dans ces Constitutions les précieux priviléges de l'épiscopat. M. Haenel s'est proposé de résumer cette discussion, et, en faisant porter son examen sur les pièces du procès, de formuler à son tour, sans passion, sans parti pris d'avance, son opinion sur la question dont il s'agit. Il commence par faire un examen critique des différentes éditions qui ont été données de ces Constitutions et des divers manuscrits dans lesquels elles nous ont été conservées. Cette description des manuscrits choisis dans les principales bibliothèques de l'Europe est du plus haut intérêt. De la discussion à laquelle M. Haenel s'est livré sur le degré d'authenticité de ces Constitutions, il résulte que la découverte du P. Sirmond n'est point supposée, comme l'a soutenu Godefroy, mais que d'un autre côté c'est une loi de Constantin dont il s'agit, et non de Théodose, comme on l'a pensé. En terminant sa dissertation, M. Haenel se loue beaucoup de l'obligeance de M. Hase, et surtout de M. Miller, qui lui a transcrit gratuitement ces Constitutions d'après le manuscrit de la Bibliothèque Royale.

SCIENCES ET ARTS.

Essai sur le panthéisme dans les sociétés modernes, par H. Maret. 2° édit. — Sceaux, Dépée, 1840. A Paris, chez Olivier Fulgence. In-8° de xvi-492 p.

Quoique M. Maret nous paraisse s'exagérer l'état de décadence des cryoances religieuses et catholiques et l'empire comme l'envahissement du panthéisme, il n'en est pas moins vrai que cette dernière doctrine a fait de grands progrès dans ce dernier siècle, et que depuis vingt ans surtout elle semble avoir pris la place de tous les systèmes philosophiques. Mais ce n'est pas à dire que le catholicisme ait perdu tout le terrain qu'a gagné le panthéisme. Celui sur lequel il a surtout progressé est un terrain au moins neutre, déjà perdu depuis long-temps pour le catholicisme, et, en bien des endroits, hostilement disposé contre lui. Le seul changement qui nous paraisse bien sensible et bien avoué, c'est celui qui a entièrement ruiné et transformé la philosophie matérialiste et athée du dernier siècle. L'athéisme aujourd'hui n'est plus de mise; il est devenu du panthéisme : ainsi, au lieu d'une négation, nous avons une aptitude à croire. Quoi qu'on en dise, c'est là gagner au lieu de perdre. Mais la plaie, car il y en a une, ce n'est pas la passion pour tel ou tel nouveau système philosophique héritier ou vainqueur des systèmes du dernier siècle. La passion est rare aujourd'hui dans une croyance quelconque. Ce que nous voyons plutôt avec douleur, c'est l'indifférence dans l'erreur comme dans la vérité : voilà le mal qu'il faut combattre. Mais peut-être l'excès du mal en sera le remède; car cette indifférence pour les systèmes comme pour la foi religieuse est pour beaucoup dans ce penchant très-réel, très-constaté vers le panthéisme, dans lequel se sont fondues ou tendent toutes les philosophies.

Or, comme l'observe avec justesse M. Maret, la question se trouve ainsi aujourd'hui fort simplifiée. Deux grandes routes 'ouvrent devant les esprits; le catholicisme et le panthéisme:

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