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style. Les syllabes étant brèves ou longues d'après la nature et la position des lettres, on peut juger quelle importance ils attachaient à la valeur de ces mêmes lettres quant au son, et à leur ton lent, sourd, vif ou doux.

Mais Denys d'Halicarnasse a traité particulièrement de la nature et de la valeur des lettres, de leur distinction en voyelles muettes et liquides, de celles qu'il faut employer plus souvent, et de celles qu'il faut éviter dans la composition des mots. Après avoir dit que les lettres sont brèves ou longues, non pas d'après le caprice ou l'usage, et examiné les différentes mesures que l'on peut employer dans la composition, le pied bachique, crétique, iambe, pœan, anapeste, etc., il va jusqu'à comparer aux animaux ceux qui négligent l'art des nombres.

Il examine ensuite la valeur des lettres, « et, dit-il, « il y a une différence sensible pour la mesure comme ❝ pour le son. Il est donc indispensable que les syl<labes, qui sont composées de lettres diversement com«binées, tiennent à la nature de chaque lettre en par«ticulier, d'où résulte une combinaison générale qui « dépend de la position et du mélange des lettres. De là «les mots doux, durs, rapides et traînans, qui flattent « l'oreille ou la blessent, et par le moyen desquels on « excite ce nombre infini de passions qui sont dans le <cœur de l'homme. »

Après avoir donné la division des lettres en voyelles liquides ou demi-voyelles, et muettes, division fondée sur la nature, il ajoute : « Les lettres brèves ont moins

d'agrément que les longues; l'Aaqa est la plus sonore

« des voyelles; ensuite l'Exo ou le No; l'a est «< celle qui l'est le moins parmi les demi-voyelles; le

Aaußda est celle qui flatte le plus agréablement l'o«reille; le Pa est la plus mâle, et a plus de roideur; le «Mu et le No tiennent le milieu; elles sont nasales, et «<imitent le son de la flûte. Le Eryua est sans grâce; on « n'aime pas l'entendre souvent répéter; il semble être «plutôt le sifflement d'un animal que l'expression de « l'homme qui parle pour persuader. Rien n'est plus « doux que le zyra. Voilà les principes qu'ont suivis «<les plus grands poëtes et les plus habiles écrivains « pour réussir à plaire; par l'heureuse combinaison des «<lettres ils ont formé des mots avec tant d'art, qu'ils « excitent à leur gré toutes les passions : c'est là le secret « d'Homère, etc. Veut-il peindre une beauté faite pour « inspirer le plaisir, il emploie les voyelles sonores, «<les demi-voyelles les plus douces; il évite le con« cours des muettes, et, par l'heureuse harmonie des « lettres, il produit des sensations agréables : veut-il « peindre Sysiphe poussant avec effort son rocher au « sommet de la montagne, les syllabes longues et le ❝ choc des lettres rudes peignent la difficulté du tra<< vail:

Λᾶαν ἄνω ἄθεσκε.

« Mais lorsque la pierre retombe avec rapidité il évite «d'employer le choc des voyelles et des demi-voyelles « pour ne rien ôter à l'harmonie:

Αὖτις ἔπειτα πεδονδε κυλίνδετο.

Denys d'Halicarnasse divise les styles, quant au technique de la phrase, en trois genres; le genre austère, le genre fleuri et le genre commun. Le genre austère est

celui de Pindare et de Thucydide. «Le style de Thucy« dide, dit-il, est austère, nerveux; il affecte le chos « des lettres, au lieu d'un style doux et sans aspérité. » Il cite ensuite un dithyrambe de Pindare dont il examine la contexture grammaticale, et conclut à le mettre dans le genre du style austère, entre autres raisons, << parce que les voyelles se heurtent, ce qui produit un << son rude et peu agréable. >>

Pour le style fleuri il cite Isocrate et Sapho. «Les << expressions d'Isocrate sont unies et douces; elles ont << un air virginal, μapbevara. Il évite avec grand soin les « syllabes rudes et qui se heurtent. ››

Après avoir cité une ode de Sapho il dit : « Le «< charme de cette poésie vient de l'heureux arrange«ment des lettres pour former des mots harmonieux. «Dans l'ode entière les muettes, les demi - voyelles et « les voyelles sont combinées comme l'exige la nature; ❝on y trouve peu, ou très-peu de demi-voyelles, ou ❝voyelles qui se heurtent et qui rompent l'harmonie.>>

de

Platon, dans son dialogue intitulé Cratyle, fait une dissertation curieuse sur différentes lettres. «Socrate « établit pour principe que le nom primitif des choses « n'est que l'imitation des objets représentés par les « lettres et les syllabes. Les poëtes, pour se tirer d'em«barras, ont dit que les dieux avaient donné les noms « aux différens êtres.... Cette raison suffit à ceux qui ne << veulent pas se donner la peine de se rendre compte « de l'origine de ces noms primitifs; mais quiconque

ignore quelle est l'origine de ces noms primitifs ne "peut se tromper sur ceux qui dans la suite en ont été <<< formés.

« D'abord, dit Socrate, le Pa paraît être un instru«ment pour désigner le mouvement; il est sans cesse << employé pour rendre par imitation le mouvement et « le déplacement, comme dans le mot Prov, ruisseau, « Tpów, trembler, Tpvula, rompre, Kpovw, frapper. « Cette lettre veut être prononcée avec rapidité et sans «<lenteur, et voilà pourquoi elle peint le mouvement.

«L'Iara sert pour exprimer la finesse, ce qui pénètre ; « de là va, ire, dont l' est l'imitation. Le 1,,oryka, « Lǹra, (ph, ps, s, z) exigent plus d'haleine pour être ❝ prononcés. Ces lettres sont employées surtout pour «peindre les objets violens, qui exigent de la peine, « comme pov, du froid, Zew, bouillir, Zeuw, secouer.

« Le Aλra et le Tau se prononcent en pressant la « langue contre le palais et en la retirant sur-le-champ; <<< ainsi ils sont plus propres à désigner ce qui est « tenu, arrêté, stable. La langue coule en prononçant « Aaußda; par imitation elle peindra le poli, le li« quide, le laps ou chûte (λ, xomades, omotaveiv). En "prononçant außda la langue se trouve arrêtée; cette <«<lettre dans les mots peindra ce qui est doux, gluant « (yauxus, gaolwdns). Le vu (n) se trouve comme retenu « dans le gosier; il peint l'intérieur, le dedans (εvdov, «ENTOS). L'âμɛya et l'ära (ó, é), lettres longues, re« présentent la longueur (μnxos). L'ouızpov, rond, re«présente le cercle ( rpoxiatov). 55.

Il donne encore une longue liste d'étymologies sur un grand nombre de mots.

DU

TRAITÉ DES ÉTUDES DE M. ROLLIN

SUR L'HARMONIE IMITATIVE.

M. ROLLIN, en donnant dans son Traité des Etudes des leçons de poésie, aurait cru manquer entièrement son but s'il n'eût en même temps donné des leçons d'harmonie imitative; cette partie lui a paru si essentielle, qu'il est entré sur ce sujet dans des détails que tout autre que lui aurait peut-être regardés comme minutieux. Ce grand maître en littérature a fait de l'harmonie imitative un art particulier qui a ses principes invariables; persuadé que cette harmonie dépend absolument de l'arrangement des mots et des lettres, il donne des règles sûres pour les combiner ensemble: en mettant sous les yeux de ses élèves les plus beaux morceaux d'harmonie imitative qui se trouvent dans les meilleurs auteurs, il leur montre, d'après ces grands modèles, à broyer leurs couleurs pour en faire sortir les nuances assorties aux objets qu'ils peuvent avoir à peindre.

TOME I.

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