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ment cette justice de vous; il ouvrira les yeux sur les procédés secrets de ces inquisiteurs littéraires qui veulent mettre un bâillon à l'auteur qu'ils dévouent aux flammes; ce public saura que je vous avais engagés à différer votre critique pour des raisons personnelles d'aloin d'accéder à ces con

vancement, et que, sidérations particulières, vous vous êtes hâtés de frapper à coups redoublés sur mon ouvrage, en ajoutant que j'avais eu la faiblesse de vous demander grâce.

Je sais qu'il est impossible de multiplier les copies de ma défense à l'égard du nombre de vos diatribes; il n'y a pas plus de remède aux progrès de la calomnie littéraire qu'il n'y en a contre ceux de la calomnié civile; loin d'espérer de vous une rétractation formelle, je m'attends donc à un soulèvement général de votre part. Vous vous mettrez bravement cinq ou six contre un; vous ferez un serment solennel de n'approuver jamais ce qui sortira par la suite de ma plume. «Vous vous adonne« rez, comme dit Montesquieu, à cet art de << trouver dans une chose, qui naturellement a un bon sens, tout le mauvais sens qu'un esprit qui ne raisonne pas juste peut lui << donner. C'est n'être point utile aux hommes.

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« Ceux qui pratiquent cet art ressemblent aux <«< corbeaux qui fuient les corps vivans, et « volent de tous côtés pour chercher des ca«<davres. » Ce sublime écrivain, que je vous oppose sans cesse, a tracé les lois de l'esprit dans son apologie de l'Esprit des Lois.

Il me reste à vous parler de la forme que j'ai choisie pour ma réponse. J'ai tâché de faire rire à vos dépens, mais jamais aux dépens de la vérité. Paschal a eu le don d'intéresser l'univers à des lettres polémiques dont le sujet semblait ne devoir intéresser que des théologiens; c'est en assaisonnant du sel de la plaisanterie les argumens de la plus saine logique qu'il a dévoué au ridicule les fauteurs d'une morale relâchée. Je me flatte (avec moins de talens) d'obtenir un triomphe à peu près semblable sur ces écrivains despotes qui veulent régler toutes les opinions sur la leur, établir ou renverser les réputations à leur gré, et porter dans l'examen de toutes les productions nouvelles la sévérité la plus décourageante, et la plus révoltante partialité.

Les calomniateurs étaient autrefois en Po

logne condamnés à se mettre à quatre pattes, et à aboyer comme un chien pendant l'espace d'un quart d'heure. Charles V introduisit cette

punition à la cour de France, et il y avait des jours, disent les historiens, où l'on n'entendait dans son anti-chambre qu'aboiemens humains toute la matinée. Je voudrais que les critiques, convaincus par le public d'avoir calomnié un ouvrage utile et bon, fussent condamnés à la même peine afflictive, sauf à eux à s'en racheter en composant un ouvrage de la nature de celui qu'ils auraient déchiré, fût-ce même avec ses défauts.

Voilà un préambule bien sérieux, et d'après lequel on serait tenté de croire que je vous en veux mortellement; passez vîte à ce qui suit pour être détrompés: un esprit gai par caractère ne se fâche point pour ces bagatelles-là.

On l'opprime, il pleure, il crie,

Se démène en cent façons....

Tout finit

par des chansons.

(Vaudeville de Figaro.)

LES ŒUFS DE PÂQUES

DE MES CRITIQUES,

DIALOGUES

MÊLÉS DE VAUDEVILLES.

DIALOGUE

SUR LE PREMIER CHANT

DE L'HARMONIE IMITATIVE.

(M. de Piis ayant prié les bons journalistes de faire tirer les mauvais au sort pour savoir lequel combattrait en champ clos contre lui, le sort tomba sur l'Année Littéraire. Alors les journalistes prirent place, les uns à droite, les autres à gauche, et M. de Piis attendit son adversaire, qui fut bientôt annoncé de la manière suivante:)

UN DOMESTIQUE.

MONSIEUR, c'est l'Envoyé de l'Année Littéraire qui demande à vous parler.

Son nom?

L'AUTEUR.

LE DOMESTIQUE.

Il dit qu'il s'appelle un tel, mais qu'il est le successeur de feu Fréron.

L'AUTEUR.

AIR: En quatre mots je vais vous conter ça.

Quel est ce tel,

Ce critique immortel,

Qui de Fréron gardant l'autel,

Croit tenir son coutel?
Pour semblable bagatelle

Faudra-t-il dans la cervelle

Se mettre martel?

Qu'importe au fond que ce soit Pierre un tél,
Ou Paul, ou Jean un tel,

Ou bien Guillaume tel,
Godefroi tel,

Ou Mainfroi tel,

Ou même G*** (1) tel?

Au surplus qu'il entre..

LE DOMESTIQUE.

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(1) C'est comme qui dirait Gâcon, si Gâcon rimait à Godefroi et à Mainfroi.

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