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I. Nous avons dans Isaïe une prophétie qui annonce la venue de Dieu parmi les hommes, et les miracles qui s'opéreront alors. Dieu lui-même viendra, dit le prophète, et vous sauvera. Alors les yeux des aveugles verront le jour, et les oreilles des sourds seront ouvertes: alors le boiteux s'élancera comme un cerf, et la langue des muets sera déliée (77). Que cette prophétie fut autrefois entendue par les Juifs du Messie, c'est ce dont il est impossible de douter. Huet montre que ce chapitre d'Isaïe est expliqué par beaucoup de leurs docteurs, des miracles que le Messie doit opérer quand il les aura ramenés dans la Judée (78). Nous avons, par l'histoire évangélique, la preuve que les Juifs attendaient un Messie revêtu d'une puissance surnaturelle émerveillés des prodiges sans nombre que Jésus-Christ ne cessait d'opérer, ils s'écriaient dans leur admiration: Quand le Christ sera venu, fera

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t-il plus de miracles que cet homme-ci (78)? Saint Jean-Baptiste envoie deux de ses disciples demander à Jésus-Christ s'il est le Messie, ou si on doit en attendre un autre. A cela, que répond le divin Sauveur? Il commence par opérer en leur présence plusieurs guérisons miraculeuses; puis il leur dit: Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent (80). C'est ici évidemment une allusion que fait notre Seigneur à la prophétie d'Isaïe, dont il rapporte les propres termes; et c'est en même temps un raisonnement qu'il fait pour prouver qu'il est effectivement le Messie (81): je suis celui qu'Isaïe a prédit, puisque je fais les choses surnaturelles qu'il a prédites. Mais ce raisonnement serait sans force si les Juifs n'étaient pas persuadés que c'était au Messie qu'Isaïe attribuait les guérisons miraculeuses: on lui aurait répondu : Quand vous prouveriez par vos miracles que vous êtes celui qu'a annoncé le prophète, vous n'établiriez pas encore par là votre qualité de Messie, puisque ce n'est pas le Messie qu'il a prédit. Cette opinion constante des Juifs anciens est d'un grand poids contre ceux de leurs descendants actuels qui veulent détourner la prophétie à

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d'autres qu'au Messie. Les miracles de JésusChrist étant incontestables, comme nous l'avons prouvé dans une précédente dissertation, non-seulement par l'irréfragable témoignage de ses disciples, mais par l'irrécusable aveu de ses adversaires, il est évident qu'il a accompli littéralement cette prophétie d'Isaïe, et que par conséquent il est le Messie prédit par ce prophète (82). Car on ne nous dira pas sans doute que c'est par des lumières naturelles qu'Isaïe a prévu des événements surnaturels, ou que des œuvres contraires aux lois de la nature sont venues fortuitement cadrer avec sa prédiction.

II. De ce que les miracles de Jésus-Christ avaient été prédits, ils acquièrent une nouvelle force contre les incrédules, pour prouver la divinité de sa mission. Plusieurs saints Pères ont fait sentir cet accord précieux des oracles sacrés et des prodiges divins. Ils s'en sont servis entr'autres avec avantage, pour réfuter le misérable subterfuge des ennemis de Jésus-Christ, qui attribuaient à la puissance du démon ses œuvres miraculeuses. En montrant que ces prodiges étaient l'accomplissement d'antiques prophéties dont le démon ne pouvait pas être auteur, ils prouvaient que c'étaient incontestablement des effets de la puissance divine (83). Gardons

T II.

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que

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nous cependant de donner dans l'opinion les miracles ne prouvent la religion que dépendamment des prophéties qui les avaient annoncés; opinion justement condamnée, et qui tend à affoiblir la principale démonstration du christianisme. Il est vrai que deux des Pères, Origène et Lactance, ont paru la favoriser (74). Mais d'abord ils sont les seuls qui aient eu cette idée; et de plus, on doit considérer leurs expressions comme des hyperboles, qu'ils ne se sont permises que parce qu'ils n'en prévoyaient pas la dangereuse conséquence. Les miracles d'une part, les prophéties de l'autre, forment en soi, et indépendamment de leur réunion, deux preuves complètes de la vérité du christianisme : mais réunies et combinées ensemble, elles se communiquent mutuellement une force nouvelle, et portent la démonstration à un degré encore plus frappant d'évidence.

ARTICLE SEPTIÈME.

PROPHÉTIE SUR LE RÈGNE DU MESSIE.

I. C'EST ici le point qui fait le plus de difficulté vis-à-vis des Juifs. Ils reconnaissent bien avec nous que le Messie doit être un roi, mais ils ont toujours pensé qu'il doit avoir un règne temporel et glorieux; c'est un Messie, triomphant et soumettant à sa domination politique les nations, qu'ils espéraient autrefois, et qu'ils attendent encore aujourd'hui. Nous disons au contraire, d'après l'explication qu'en a donnée Jésus-Christ lui-même, que ce règne promis au Messie doit être un règne de l'ordre spirituel. Quant aux incrédules, comme ils ne croient ni aux prophéties ni au Messie, ils ne veulent admettre aucun royaume prédit de quelque genre qu'il soit. Nous avons donc à prouver trois choses: la première, contre les incrédules, qu'il a été prédit dans l'Ancien Testament que le Messie serait un roi ; la seconde, contre les Juifs, que ce roi prédit dans leur

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