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XIII. .. Quoique ces notions et ces principes soient de toute clarté et de toute jus« tice, elles ne sont pas à l'abri des critiques « des incrédules. Ils attaquent et les prophé « ties métaphoriques et les prophéties mystiques. Sur les premières, ils prétendent « que les Apôtres et les Pères ont tourné en métaphores toutes les prophéties et ont fait << de leurs allégories le fondement de la reli

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gion: ils les comparent aux païens, qui <<< recouraient aux allusions pour expliquer << toute leur idolâtrie. Sur les secondes, ils << disent qu'un homme qui donne deux sens « à ses paroles, cherche à tromper; et que «<tels étaient les oracles des païens, qui, par

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leur double signification, induisaient en «<erreur ceux qui avaient la simplicité d'y «< croire. >>

De ces deux difficultés, la première porte sur une assertion fausse; la seconde, sur une équivoque d'expressions.

XIV. Je dis donc d'abord, qu'il est faux que les Apôtres et les Pères aient tourné en allégories toutes les prophéties. Disputant contre les Juifs ou les païens, ils prennent dans le sens le plus strict et le plus littéral celles des prophéties, qui sont exprimées en termes simples et clairs: nous aurons occasion de le montrer, par la citation même de

leurs passages. Les païens étaient forcés de recourir aux allégories, pour expliquer, nonseulement leurs oracles, mais les faits mêmes de leur religion, et pour justifier leurs divinités des obscénités et des crimes dont la mythologie les chargent. Les faits de l'histoire judaïque sont réels et n'ont pas besoin d'explication si, d'après les Apôtres, les Pères y ont vu des figures de Jésus-Christ; ils ont ajouté le sens figuratif au sens littéral, ils ne l'ont pas substitué. J'ai eu occasion de prouver ailleurs que c'est injustement qu'on leur impute d'avoir fait des allégories le fondement de la religion (91).

XV. Je dis ensuite qu'il faut distinguer les diverses manières dont une proposition peut avoir deux sens. Elle est répréhensible, quand elle présente deux sens, dont l'un est vrai et l'autre faux; parce qu'elle tend à tromper, en induisant à croire le sens faux, sous l'apparence du sens vrai qu'elle montre. Tels étaient les oracles cités dans le paganisme, que Cicéron rapporte d'après Hérodote et Ennius, quoiqu'il ne les croie pas authentiques. Ils avaient été faits l'un à Crésus, l'autre à Pyrrhus; et ils paraissaient promettre des victoires; mais ils étaient énoncés de manière à pouvoir également annoncer des défaites (92). Le double sens de ces oracles

était une ambiguité concertée de manière à exprimer les deux contraires; à faire croire le oui et le non, tellement que, quelqu'événement qui arrivât, la véracité du prédiseur fût en sûreté et sa personne exempte de reproche. Mais il en est tout autrement du double sens de nos prophéties mystiques. Ce ne sont pas deux sens opposés : ce sont deux sens subordonnés l'un à l'autre. Ce ne sont pas deux sens dont l'un soit vrai et l'autre faux : ce sont deux sens également vrais; il n'y a ni équivoque ni ambiguité. En quoi donc pourrait consister la tromperie ? Dans quelle erreur engage cette prophétie ? Que l'on s'en tienne au sens littéral; qu'on voie uniquement le sens figuré; qu'on les reçoive tous les deux; dans toutes ces hypothèses, on trouve toujours la vérité.

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XVI. « Quand Dieu, disent encore les in«< crédules, daigne manifester aux hommes « des vérités importantes à leur bonheur, ce « doit être avec une clarté telle qu'ils ne puissent les méconnaître. S'il avait dicté « des prophéties, elles auraient dû avoir un «< caractère de clarté qui les distinguât de «< toutes les autres manières de deviner l'a« venir. Parmi les païens eux-mêmes, ceux qui étaient raisonnables, rejetaient leurs prétendus oracles, sur le fondement de leur

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« obscurité. Si Dieu, disait Cicéron, veut que << nous connaissions les choses futures, il doit « nous les déclarer ouvertement. S'il veut

« que nous les ignorions, il ne doit pas nous

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« les annoncer, même obscurément (93). Les prophéties qu'on nous rapporte de l'Ancien Testament, sont d'une obscurité à laquelle << on ne comprend rien. Ce sont des énigmes, a dont chacun donne le mot à sa guise : les «< chrétiens les expliquent d'une façon; les « Juifs de l'autre. Ce n'est pas tout encore:

les docteurs chrétiens sont entre eux dans « de continuelles disputes sur cette interpré«<tation et les rabbins hébraïques ne sont « pas plus d'accord dans leurs explications; quelle lumière peut-on faire sortir de ces épaisses ténèbres ? »

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XVII. Les incrédules qui nous opposent le peu d'accord entre les divers interprètes des prophéties, devraient du moins ne pas se contredire les uns les autres dans les difficultés qu'ils nous opposent. Ici c'est l'obscurité que le plus grand nombre d'entr'eux reproche à nos prophéties, tandis que d'autres, soit anciens, soit modernes, les rejettent précisément à cause de leur trop grande clarté. Parmi les anciens, Porphyre trouvait les prophéties de Daniel tellement claires, qu'il prétendait qu'elles avaient été compo

sées depuis le règne d'Antiochus Epiphanes, à qui, selon lui, elles étaient relatives (94). Parmi les modernes, il y en a qui disent que bien des personnes éclairées, soit parmi les croyants, soit parmi les incrédules, ont regardé la trop grande clarté dans les prophéties, comme des preuves évidentes qu'elles avaient été faites après coup; qu'on peut accorder aux auteurs de plusieurs de nos prophéties, non le titre de prophètes, mais celui d'historiens. Ainsi se fondent leurs objections sur les principes contradictoires. Les prophéties sont-elles claires? ils prononcent qu'elles ont été faites après coup: renferment-elles quelqu'obscurité? ils décident qu'elles sont indignes de Dieu.

Cette difficulté que tirent quelques incrédules de la clarté de plusieurs de nos prophéties, suffirait pour prouver la fausseté de l'assertion des autres, que toutes les prophéties sont obscures; mais elle sera prouvée plus clairement encore par l'examen que nous en ferons. Nous établirons positivement qu'il y en a dont la clarté est au-dessus de toute contradiction. Car il ne faut pas croire qu'une proposition devienne obscure parce que quelques personnes intéressées auront cherché à répandre des doutes sur son véritable sens. Une proposition est claire, quand on ne peut

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