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Dieu qui parlait par leur bouche; que c'est par conséquent le but que Dieu avait en vue qu'il faut considérer dans les prophéties. Or dans les vues divines, et Grotius en convient, toute l'économie mosaïque était relative au Messie. C'est donc principalement au Messie, d'après le principe même de Grotius, que les prophéties de l'Ancien Testament doivent se rapporter. Il y avait des prophéties, et nous le reconnaissons, qui avaient pour but unique les affaires temporelles de la nation. Il y en avait d'autres qui, ayant pour objet premier et plus direct, les choses du gouvernement judaïque, avaient un autre objet moins direct et relatif au Messie et à sa religion. Il y en avait enfin dont le but unique était le Messie et la loi qu'il devait apporter : c'est ce que nous verrons dans le chapitre suivant, en examinant le détail de ces prophéties.

XII. 4o On nous reproche d'entendre toutes nos prophéties dans un sens métaphorique, allégorique, mystique, et de les détourner de leur sens naturel et littéral, pour les appliquer à Jésus-Christ.

D'abord je nie l'assertion, et je dis, que parmi les prophéties que nous alléguons, il y en a beaucoup qui ne sont ni métaphoriques, ni mystiques, et que nous entendons

dans leur sens le plus littéral (90). Et même sur plusieurs de ces prédictions, c'est nous qui défendons le sens simple et littéral, contre les Juifs qui veulent les détourner à un sens métaphorique; l'examen que nous ferons de ces prophéties, le démontrera clai

rement.

Mais comme il est vrai qu'il y a quelques prophéties que nous donnons en preuves, quoiqu'en les prenant dans un sens métaphorique ou mystique, il est nécessaire d'expliquer nettement ce que nous entendons par ce sens, et dans quels cas nous en ferons usage.

Nous distinguons dans les prophéties trois sens dont elles sont susceptibles: le littéral, le métaphorique et le mystique. Le sens littéral est celui dont les expressions se présentent à l'esprit premièrement, immédiatement, dans leur signification ordinaire et naturelle. Telle est la prédiction de Joseph à Pharaon, qu'il viendra sept années d'abondance, qui seront suivies de sept années de stérilité. Le sens métaphorique est celui qu'expriment les paroles transportées à une signification autre que la naturelle. Quand Jacob prédit que Juda sera un lion couché sur sa proie, que Benjamin sera un loup ravissant, il est évident qu'il parle métaphoriquement. Le sens

mystique est celui que le texte présente à l'esprit, non pas immédiatement et directement, mais médiatement et indirectement et à l'aide de choses signifiées et figurées par le sens littéral. Nous avons déjà eu occasion d'en parler et nous en avons donné un exemple dans le psaume LXXI, lequel est primitivement et directement relatif à Salomon; mais dans lequel il y a des choses qui ne pouvant pas s'effectuer dans ce prince, sont relatives à un autre personnage, dont Salomon est la figure. La différence principale entre le sens métaphorique et le sens mystique, est que celui-ci suppose un sens littéral qu'exclut celui-là. Dans le sens mystique, le prophète a en vue deux objets exprimés, l'un littéralement, l'autre figurativement. Dans le sens métaphorique, le prophète n'a en vue que sa métaphore, il n'a eu nullement dessein d'énoncer ce que signifient proprement ses paroles. David, au psaume LXXI, voit d'abord près de lui Salomon, et ensuite au-delà un autre personnage plus puissant; mais Jacob ne voit pas réellement dans Juda un lion et dans Benjamin un loup.

Il est certain et universellement reconnu, que la manière de parler par métaphores ou par allégories, qui sont des métaphores continuées, était très-commune parmi les orien

taux; et que spécialement les prophètes en faisaient un très-fréquent usage. Quelquefois ils avertissaient eux-mêmes qu'ils parlaient en style figuré. Ainsi Isaïe, au chapitre cinquième, après avoir décrit une vigne, qui, bien que cultivée avec soin, n'a produit que des fruits sauvages, déclare que cette vigne est le peuple d'Israël, qui n'a répondu aux bienfaits de son Dieu que par des offenses. D'autres fois les prophètes n'expliquent point leurs figures; mais alors elles s'expliquent d'elles-mêmes. Nous voyons le même Isaïe, au chapitre onzième, décrivant la prospérité du temps où viendra le rejeton de Jessé, dire que le loup habitera avec l'agneau, le léopard avec le chevreau etc. Il est évident que dans ces passages le sens réel, le sens qu'a eu en vue le prophète, n'est pas le sens littéral, le sens qu'offre la signification. grammaticale des termes. On se tromperait en les entendant ainsi : et on est obligé par force même du sens de les expliquer allégoriment. Les docteurs de la loi eux-mêmes, avant la venue de Jésus-Christ, entendaient dans le sens métaphorique beaucoup de leurs prophéties, spécialement de celles que nous entendons ainsi. Comment donc nos adversaires peuvent-ils trouver mauvais que nous fassions usage des passages prophétiques qui

T. I.

3.

la

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ne peuvent avoir d'autre sens réel que métaphorique.

le sens

Car, nous le déclarons positivement (et ceci répond, à ce qu'il nous semble, d'une manière satisfaisante à la difficulté), nous n'emploierons la preuve tirée des prophéties métaphoriques que lorsqu'un texte réunira quatre conditions: la première, que dans sa signification littérale il n'ait pas un sens raisonnable; la seconde, que sa signification métaphorique présente un sens très-clair; la troisième, qu'il s'applique avec justesse au Messie; la quatrième, que selon cette explication, il setrouve pleinement réalisé en Jésus-Christ. Il paraît évident qu'une prédiction qui réunira ces quatre caractères, doit être regardée comme une prophétie de la divine mission de Jésus-Christ.

Il en est de même des prophéties mystiques. J'ai déjà expliqué que je ne compte en faire usage que dans le cas où il s'y trouverait des passages qui ne pouvant pas s'appliquer au personnage objet direct de la prédiction, trouveraient une juste application à Jésus-Christ. On ne peut trouver mauvais, ni que nous ne rapportions pas ces passages à celui avec qui ils n'ont aucune relation, que nous les rapportions à celui à qui ils conviennent parfaitement.

ni

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