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» met du monde, comme l'a dit le poëte, il se nomme » (1) le Très-Haut (2). »

Comment pourroit-on maintenant ne pas convenir que les anciens connoissoient également et les hautes vérités qui appartiennent à la première révélation, et le moyen de les distinguer des erreurs qu'on y ajouta dans la suite? Mais personne n'a mieux établi que Cicéron le principe de la perpétuité, et l'autorité de la tradition. Il faut l'entendre, l'admirer, et gemir de ce que sachant si bien comment on pouvoit discerner les véritables dogmes et le culte véritable, des opinions fausses et des superstitions qui les défiguroient, il ait lâchement cédé, sur tant de points essentiels, aux préjugés de son siècle, et n'ait pas osé attaquer de front le paganisme qu'il méprisoit (3).

(1) Tu solus altissimus. Ps., LXXXII, 19.

(2) Αρχαῖος μὲν οὖν τις λόγος καὶ πατριός ἐστι πᾶσιν ἀνθρώποις, ὡς ἐκ Θεοῦ τὰ πάντα, καὶ διὰ Θεοῦ ἡμῖν συνέστηκεν. Οὐδεμία δὲ φύσις, αὐτὴ καθ ̓ ἑαυτὴν αυτάρκης, ἐρημωθεῖσα τῆς ἐκ τούτου σωτηρίας. Διὸ καὶ τῶν παλαιῶν εἰπεῖν τινες προήχθησαν, ὅτι ταῦτα πάντα ἐστι θεῶν πλέα τέ, καὶ δι' ὀφθαλμῶν ἐνδαλλόμεννα ἡμῖν, καὶ δὲ ἀκοῆς, καὶ πάσης αἰσθήσεως, τῆ μὲν θείᾳ δυνάμει πρέποντα καταβαλλόμενοι λόγον, οὐ μὴν τη γε οὐσία. Σωτὴρ μὲν γὰρ ὄντως ἁπάντων ἐστὶ καὶ γενέτωρ τῶν ὁπωσδήποτε κατὰ τόνδε τὸν κόσμον συντελουμένων, ὁ Θεός· οὐ μὴν αὐτουργοῦ καί ἐπιπόνου ζώου κάματον ὑπομενων, ἀλλὰ δυνάμει χρώμενος ἀτρύτῳ, δι' ἧς καὶ τῶν πόῤῥω δοκούντων εἶναι, περιγίνεται. Τὴν μὲν οὖνὰ νωτάτω καὶ πρώτ ην ἔδραν αὐτὸς ἔλαχεν, ἵπατός τε διὰ τοῦτο ὠνόμασται, καὶ κατὰ τὸν ποιητὴν ἀκρο τάτη κορυφή του σύμπαντος ἐγκαθιδρυμένος οὐρανοῦ. Aristot. de Mundo, cap. VI; Oper. tom. I, pag. 471.

(3) La même chose arrive aujourd'hui chez les protestans. A peine trouveroit-on un homme instruit et de bonne foi qui ne méprise le protestantisme, et n'en reconnoisse en lui-même la fausseté. Mais on ne laisse pas pour cela d'y rester attaché et de le défendre, soit par des considérations politiques, soit par des intérêts temporels,

« Lorsque, levant nos regards au ciel, nous con>> sidérons ces grands corps qui roulent dans l'im» mensité, qu'y a-t-il de plus clair, de plus évident, » qu'ils sont régis par une intelligence divine? S'il » n'en étoit pas ainsi, comment Ennius auroit-il pu >>> dire avec l'assentiment universel: Contemplez. » cette sublime lumière, Jupiter que tous invoquent? >> Et ce Jupiter, qu'est-ce sinon le souverain maître >> de l'univers, qui gouverne tout par sa volonté, et, » comme l'appelle le même Ennius, le Père des » dieux et des hommes, le Dieu tout-puissant et présent >> partout? Celui qui douteroit de son existence, je >> ne comprends pas certes pourquoi il ne pourroit >> point douter aussi de l'existence du soleil; car l'un » n'est pas plus évident que l'autre. Si cette connois>>sance n'étoit pas certaine, si cette croyance n'étoit >> pas inébranlablement affermie dans nos âmes, elle » ne demeureroit pas toujours stable, pas toujours stable, elle ne seroit pas » confirmée par la longueur du temps, elle n'auroit pu » se fortifier avec les siècles et le cours des âges. Car >> nous voyons les opinions vaines et fausses s'évanouir » en vieillissant.... Mais le temps, qui efface les rêves » de l'opinion, confirme les jugemens de la nature (1).»

Ainsi la perpétuité est le caractère de ce qui est vrai; et quel autre moyen de reconnoître la perpétuité d'un dogme ou d'une loi, que la tradition des

soit par habitude, soit enfin par une crainte secrète de la vérité et des devoirs qu'elle imposé.

(1). Quid enim potest esse tam apertum, tamque perspicuum, cùm cœlum suspeximus, cœlestiaque contemplati sumus, quàm esse ali

5.

ancêtres? Aussi est-ce cette tradition que "Cicéron propose pour règle des croyances; le raisonnement, comme il le dit, n'étant propre qu'à ébranler les vérités les plus certaines.

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« J'ai toujours défendu, je défendrai toujours les. >> croyances que nous avons reçues de nos pères, >> touchant les dieux immortels et le culte qui leur est. » dû; et les discours d'aucun homme, savant ou » ignorant, n'ébranleront jamais en moi ces croyan>>ces. Voilà quels sont, Balbus, les sentimens de Cotta, » les sentimens du pontife. Expliquez-moi mainte>> nant les vôtres : car je dois apprendre de vous, qui » êtes philosophe, la raison de la religion; et je dois » croire nos ancêtres, lors même qu'ils n'apportent au» cune raison de ce qu'ils nous enseignent (1). »

quod Numen præstantissimæ mentis, quo hæc regantur? Quod ni ita esset, qui potuisset assensu omnium dicere Ennius:

Aspice hoc sublime candens, quem iuvocant omnes Jovem,

illum verò et Jovem, et dominatorem rerum, et omnia nutu regentem, et, ut idem Ennius,

..... Patrem disumque hominumque,

et præsentem, ac præpotentem Deum? Quod qui dubitet, haud sanė intelligo cur non idem sol sit, an nullus sit, dubitare possit. Quid 、enim est hoc illo evidentiùs? Quod nisi cognitum comprehensumque animis haberemus, non tam stabilis opinio permaneret, nec confirmaretur diuturnitate temporis, nec unà cum sæculis, ætatibusque hominum inveterare poluisset. Etenim videmus cæteras opiniones fictas atque vanas diuturnitate extabuisse..... Opinionum enim commenta delet dies; naturæ judicia confirmat. Cicer. de nat. Deor., lib. II. cap. II, n. 4 et 5.

(1) Opiniones, quas à majoribus accepimus de diis immortalibus, sacra, cæremonias, religionesque....... Ego eas defendam semper, semperque defendi: nec me ex eâ opinione, quam à majoribus accepi de cultu deorum immortalium, ullius unquàm oratio aut docti,

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Balbus, qui venoit de faire un long discours sur la nature des dieux, répond qu'il est inutile d'y rien ajouter, puisque Cotta est convaincu de leur existence. Oui, reprend Cotta, j'y crois sur le témoignage de nos pères, mais non pas sur les preuves que vous avez données. «< Ne trouvant pas ce dogme aussi évi>> dent que vous désireriez qu'il le fût, vous avez >> voulu prouver par des argumens l'existence des » dieux. Pour moi, il me suffisoit que ce fût la tradi>>tion de nos ancêtres; mais vous, méprisant l'auto>> rité, vous cherchez l'appui de la raison. Souffrez >> donc que ma raison combatte la vôtre. Vous em>>ployez toute sorte d'argumens pour démontrer qu'il >> existe des dieux; et, en argumentant, vous rendez >> douteuse une vérité qui, à mon avis, est au-dessus >> du plus léger doute (1). »

C'est ainsi que le raisonnement ébranloit peu à peu les croyances publiques, en affoiblissant dans les esprits l'autorité de la tradition. Il n'a jamais eu d'autre effet; et, comme le remarque un auteur persan, « ad

aut indocti movebit... Habes, Balbe, quid Cotta, quid pontifex sentiat. Fac nunc ergo intelligam tu quid sentias: à te enim philosopho`rationem acccipere debeo religionis: majoribus autem nostris, etiam nullâ ratione redditâ, credere. De nat. Deor., lib. III, c. II, n. 5 et 6.

(1) Quia non confidebas, tam esse id perspicuum, quàm tu velis : proptereà multis argumentis deos esse docere voluisti. Mihi unum satis erat, ità nobis majores nostros tradidisse. Sed tu auctoritates contemnis, ratione pugnas. Patere igitur, rationem meam cum tuâ ratione contendere. Affers hæc omnia argumenta, cur dii sint ; remque mea sententià minimè dubiam, argumentando dubiam facis. Ibid., cap. IV, n. 9, 10.

» hérer à ses propres sentimens et à ses lumières est >> le grand chemin de l'impiété... Toutes vos pensées >> et tous vos raisonnemens ne peuvent vous conduire » que dans les ténèbres de l'orgueil et de l'opiniâ>> treté. Il faut donc quitter absolument cet attache»ment à ses propres lumières, qui est une impiété >> manifeste et une idolâtrie de soi-même (1). »

L'immortalité de l'âme étoit un dogme non moins universel et non moins ancien que celui de l'existence de la Divinité. Comme l'observe M. de La Barre, << on ne commença à le révoquer en doute, qu'après >> une longue suite de siècles, lorsque la philosophie >> eut accoutumé à disputer de tout (2). » L'espérance s'en alloit avec la vérité, et la sagesse humaine ne laissoit à l'homme que le tombeau. Les païens mêmes avoient horreur de ces doctrines du néant. « Quand je viens à y penser, ainsi qu'il m'arrive sou» vent, dit Cicéron, j'admire l'insolence de ces phi»losophes qui, avec des transports de joie, rendent » grâces à leur chef, à l'inventeur de cette opinion, » et l'honorent comme un dieu, parce qu'il les a, » disent-ils, délivrés de deux maîtres très durs, d'une >> erreur éternelle, et d'une crainte qui les poursuivoit le jour et la nuit (3).

(1) D'Herbelol, Biblioth. orient., art. Din.; tom. II, p. 215. Paris, 1783.

(2) Mémoir. de l'Acad. des Inscript., tom. XXIX, p. 39.

(3) Quæ quidem cogitans, soleo sæpè mirari nonnullorum insolentiam philosophorum, qui naturæ cognitionem admirantur, ejusque inventori et principi gratias exsultantes agunt, eumque venerantur, ut deum liberatos enim se per eum dicunt gravissimis do

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