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sang, la guerre, l'épée, l'oppression, la famine, et la ruine, et tous les fléaux (1). »

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Condition désolante ! et cependant l'effet le plus terrible du péché, ce ne sont pas ces calamités passagères, ces maux qui s'endorment dans la tombe à peine sorti du temps, l'homme coupable se réveille; il se réveille dans l'éternité, loin de Dieu, loin de la lumière, loin de toute espérance. Une immobile douleur pèse sur lui sans fin. Il sait ce qu'il vouloit savoir, le bien et le mal; et cette science, qu'il n'épuisera jamais, c'est le` secret du désespoir, et les mystères du remords.

Telle eût été, sans la Rédemption, l'inévitable destinée de tous les enfans d'Adam; et de là l'on peut comprendre quelle reconnoissance, quel amour est dû à celui qui les a rachetés. Une infinie miséricorde est venue au secours d'une misère infinie. « Dieu a tant aimé le monde, qu'il a donné son Fils unique; afin que quiconque croit en lui ne périsse point; mais

(1) Jugum grave super filios Adam, à die exitûs de ventre matris eorum, usque in diem sepulturæ, in matrem omnium. Cogitationes eorum, et timores cordis, adinventio exspectationis, et dies finitionis: à residente super sedem gloriosam, usque ad humiliatum in terrâ et cinere: ab eo qui utitur hyacintho, et portat coronam, usque ad eum qui operitur lino crudo; furor, zelus, tumultus, fluctuatio, et timor mortis, iracundia perseverans, et contentio, et in tempore refectionis, in cubili somnus noctis immutat scientiam ejus. Modicum tanquàm nihil in requie, et ab eo in somnis, quasi in die respectûs. Conturbatus est in visu cordis sui, tanquàm qui evaserit in die belli... Cum omni carne, ab homine usque ad pecus, et super peccatores septuplum. Ad hæc mors, sanguis, contentio, et romphæa, oppressiones, fames, et contritio, et flagella. Ecclesiast., XL, 1 seqq.

TOME 4.

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qu'il ait la vie éternelle, Car Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui (1). »

Substitué à l'humanité tout entière, Jésus-Christ, en s'immolant, a satisfait pour elle à la justice divine, qui exigeoit une victime d'un prix infini. Il nous a délivrés de la mort, et de l'esclavage des principautés et des puissances de l'enfer, abolissant, dit saint Paul, le décret de notre condamnation, et l'attachant à la croix (2). Rédempteur de l'homme condamné, réparateur de l'homme dégradé, il est encore le modèle de l'homme parfait, et la source de toutes les grâces par lesquelles nous pouvons, en suivant ses préceptes, et en imitant ses exemples, rétablir en nous l'image de Dieu, que le péché avoit effacée (3). Voilà ce que le Christ a fait pour nous. Entrons dans les pensées de l'éternelle sagesse, et contemplons ses voies dans l'œuvre merveilleuse de notre régénération.

Les volontés de Dieu, toujours conformes à la

(1) Sic Deus dilexit mundum, ut Filium suum unigenitum daret : ut omnis qui credit in eum non pereat, sed habeat vitam æternam. Non enim misit Deus Filium suum in mundum ut judicet mundum, sed ut salvetur mundus per ipsum. Joan., II, 16, 17.

(2) Et vos cùm mortui essetis in delictis..., convivificavit eum illo, donans vobis omnia delicta: delens quod adversùs nos erat chirographum decreti, quod erat contrarium nobis, et ipsum tulit de medio, affigens illud cruci ; et exspolians principatus, et potestates, traduxit confidenter, palàm triumphans illos in semetipso. Ep.ad Col. II, 13, 15.

(3) Exspoliantes vos veterem hominem cum actibus suis, et induentes novum, eum qui renovatur in agnitionem, secundum imaginem ejus qui creavit illum. Ib., III, 9, 16,

souveraine raison, constituent l'ordre ; et le désordre ou le péché n'est dès-lors, nous le répétons, que la désobéissance à ce que Dieu commande, ou l'opposition de la volonté libre de la créature à la volonté de Dieu. Mais la volonté de Dieu étant Dieu même, s'opposer à sa volonté c'est non seulement se séparer de de lui, non seulement s'élever au-dessus de lui, c'est encore, autant qu'il se peut, attenter à son être (1); et le péché seroit impossible, si l'ordre qu'il trouble n'étoit rétabli par le châtiment. Ainsi la créature demeure à la fois libre et soumise à l'empire du souverain Être. Quiconque résiste à sa bonté, plie sous sa justice et soit qu'on envisage le péché en luimême, soit qu'on en considère les suites, on reconnoît la vérité de ce que dit Bossuet, « qu'il n'est pas en la puissance même de Dieu qu'il y ait une misère plus grande (2). »

Afin donc d'expier le péché de l'homme, le Verbe divin, uni à notre nature, a offert pour nous une

(1) Tel sera, comme saint Paul nous l'apprend, le caractère de l'homme de péché, dont la venue annoncera la dernière apostasie, après laquelle il n'y aura plus de temps, mais l'éternité de l'enfer et l'éternité du ciel. « Le fils de perdition s'opposera à Dieu, et » s'élèvera au-dessus de tout ce qui est appelé Dieu, ou qui est » adoré, jusqu'à s'asseoir dans le temple de Dieu, voulant lui» même passer pour Dieu. » Ne quis vos seducat ullo modo: quoniam (non veniet dies Domini) nisi venerit discessio primùm, et revelatus fuerit homo peccati, filius perditionis qui adversatur, et extollitur supra omne quod dicitur Deus, aut quod colitur, ità ut in templo Dei sedeat, ostendens se tanquam sit Deus. Ep. ad Thessal., II, 3, 4.

(2) Ier sermon pour le IIe dimanche de l'Avent.

obéissance infinie. « Je suis descendu du ciel, non pour faire ma volonté, mais la volonté de celui qui m'a envoyé (1). Je fais toujours ce qui lui plaît (2). » C'est ainsi qu'il nous a réconciliés avec son Père; c'est ainsi qu'il a effacé, par une volonté parfaite, le crime de notre volonté rebelle. « En entrant dans le monde, il a dit : Vous n'avez voulu ni d'hostie ni d'oblation; mais vous m'avez formé un corps : vous n'avez point accepté les holocaustes pour le péché. Alors j'ai dit: Me voici! Il est écrit de moi à la tête du livre, que je ferai, ô Dieu, votre volonté. Et nous avons été, ajoute l'apôtre, sanctifiés dans cette volonté, par l'oblation faite une seule fois du corps de Jésus-Christ. (3).

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Dans la soumission de l'homme-Dieu, dans son sacrifice, tout est au-dessus de nos pensées. Lorsqu'on médite ce profond mystère, et que, de la volonté humaine de Jésus-Christ, s'élevant jusqu'à sa volonté divine, on découvre dans le sein de l'Etre éternel une souveraineté et tout ensemble une obéissance infinie; lorsqu'on le voit, si on l'ose dire, commander selon

(1) Descendi de cœlo, non ut faciam voluntatem meam, sed voluntatem ejus, qui misit me. Joan., VI, 38.

(2) Quæ placita sunt ei, facio semper. Id., VIII, 29. Vid. et. IV, 34; V, 30.

(3) Ingrediens mundum dicit: Hostiam et oblationem noluisti, corpus autem aptasti mihi; holocaustomata pro peccato non tibi placuerunt. Tunc dixi: Ecce venio; in capite libri scriptum est de me: Ut faciam, Deus, voluntatem tuam... In quâ voluntate sanctificati sumus per oblationem corporis Jesu Christi semel. Ep. ad Hebr., X, 5, 6, 7, 10.

tout ce qu'il est, et obéir selon tout ce qu'ilest, et qu'ensuite on se souvient que ces deux actes également parfaits de la puissance suprême ont pour objet la régénération de l'homme déchu, l'esprit s'abîme dans ces merveilles, et il adore en silence la justice, la sainteté, l'amour, qui éclatent dans la Rédemption.

Mais il ne suffit pas de l'admirer: pour en recueillir le fruit, il est nécessaire que l'homme concoure à son propre salut par une obéissance libre, semblable à celle de Jésus-Christ, et par une pleine conformité de sa volonté à la volonté divine. « Tous ceux qui me disent; Seigneur, Seigneur, n'entreront pas dans le royaume des cieux; mais celui qui fait la volonté de mon Père qui est dans le ciel, celui-là entrera dans le royaume des cieux (1). Chacun de nous doit accomplir en soi le sacrifice du Rédempteur : sa grâce nous en donne la force; et, uni au sien, notre sacrifice devient digne du Dieu à qui nous l'offrons, et à qui le Christ lui-même l'offrira éternellement.

Et pour entendre en quoi consiste ce sacrifice de nous-mêmes que nous devons à Dieu, considérons celui de son Fils. Par là nous apprendrons encore mieux quelle expiation exigeoit le péché, et ce que le Sauveur a fait pour réparer la nature humaine.

L'homme tomba premièrement par l'orgueil : il voulut s'égaler à Dieu, et, chose remarquable, ce

(1) Non omnis qui dicit mihi, Domine, Domine, intrabit in regnum cœlorum; sed qui facit voluntatem Patris mei qui in cœlis est, ipse intrabit in regnum cœlorum. Matth., VII, 2L.

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