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Donc si l'on ne veut pas, en renversant le témoignage, renverser la base de toute certitude, on est obligé de reconnoître que Jésus-Christ est ressuscité, et qu'il n'existe point de fait plus certain.

Mais si Jésus-Christ est ressuscité, comme l'avoient prédit les prophètes et comme il l'avoit prédit luimême, donc il est le vrai Messie, le Libérateur attendu par tous les peuples; donc le christianisme est divin.

Et si Jésus-Christ est le vrai Messie, le Désiré des nations, il est donc tout ce que les nations avoient appris qu'il devoit être, tout ce que les prophètes avoient dit qu'il seroit, le véritable Fils de Dieu, engendré avant l'aurore, sa Parole, sa Sagesse, son Verbe; il est donc Dieu, Jehovah, ainsi que l'appellent les prophètes, en même temps qu'ils le représentent comme un de nos frères, comme un homme semblable à nous; et le mystère de l'homme-Dieu, qui est le fondement de notre foi, comme il fut toujours le fondement de la foi des justes dans le monde entier, s'est manifestement accompli en lui.

Qui nieroit soit ces conséquences, soit les faits dont elles se déduisent, nieroit la raison humaine. Donc autant il est certain qu'il existe une raison humaine, raison une, perpétuelle, universelle, autant il est certain que le christianisme est vrai. Et après cela qu'on dispute, qu'on subtilise, qu'on doute, qu'on nie, qu'importe à la religion, qui n'en demeure pas moins immuablement ce qu'elle est? qu'importe à Dieu qui atteint inévitablement par sa justice les créatures insensées qui fuient sa miséricorde? Il n'a

voulu forcer ni leur foi ni leurs hommages. En inondant l'univers de splendeur, il ne contraint pas l'homme à jouir de ses bienfaits. Quelque brillante que soit la lumière, elle ne peut l'éclairer malgré lui. Au milieu de son éclat le plus vif, il est libre de s'y dérober. Pour trouver les ténèbres, il suffit qu'il abaisse sa paupière.

Cependant il est peu d'incrédules qui parviennent à se séparer totalement de la vérité. Il y a des momens où elles les subjugue, et on les voit alors, par un mouvement involontaire, se prosterner devant elle. Dans le temps même où ils lui résistent, mille aveux leur échappent, qui sont tout ensemble et l'apologie des doctrines qu'ils attaquent, et la condamnation de celles qu'ils défendent; car l'esprit, ne vivant que de la vérité, ne sauroit la combattre à la fois tout entière, et c'est toujours à l'aide du vrai qu'on s'efforce de soutenir le faux, De là les innombrables contradictions qui remplissent les livres des incrédules, de là les concessions forcées qu'ils font au christianisme; de sorte qu'on n'a besoin que de leurs propres paroles pour établir clairement sa divinité, comme nous l'allons montrer par l'exemple de Rousseau.

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Lorsque Dieu, dit-il, donne aux hommes une révélation que tous sont obligés de croire, il faut qu'il l'établisse sur des preuves bonnes pour tous, et qui par conséquent soient aussi diverses que les manières de voir de ceux qui doivent les adopter (1). » De ce que les preuves de la révélation doivent être

(1) Lettres écrites de la Montagne, p. 85 et 86.

bonnes pour tous, il ne s'ensuit pas qu'elles doivent être diverses pour chacun. A cela près, le principe est vrai. Voyons la suite.

<< Sur ce raisonnement, qui me paroît juste et simple, on a trouvé que Dieu avoit donné à la mission de ses envoyés divers caractères qui rendoient cette mission reconnoissable à tous les hommes, petits et grands, sages et sots, savans et ignorans...

» Le premier, le plus important, le plus certain de ces caractères, se tire de la nature de la doctrine, c'est-à-dire de són utilité, de sa beauté, de sa saintété, de sa vérité, de sa profondeur, et de toutes les autres qualités qui peuvent annoncer aux hommes les instructions de la suprême sagesse, et les préceptes de la suprême bonté. Ce caractère est, comme je l'ai dit, le plus sûr, le plus infaillible; il porte en luimême une preuve qui dispense de toute autre (1). »

Il ne s'agit pas en ce moment de rechercher si l'examen de la doctrine est le moyen général donné aux hommes pour reconnoître certainement la vraie religion. Rousseau lui-même avoue «< que ce caractère est le moins facile à constater; qu'il exige, pour être senti, de l'étude, de la réflexion, des connoissances, des discussions qui ne conviennent qu'aux hommes sages qui sont instruits et qui savent raisonner (2). >> Mais enfin Rousseau se comptoit sans doute parmi les hommes sages, instruits, et qui savent raison

(1) Lettres écrites de la Montagne, p. 86 et 87. (2) Ibid., p. 87.,

ner, et nous ne pensons pas qu'aucun déiste lui conteste ces qualités. Qu'il nous dise donc si le christianisme, qu'un autre déiste appelle la plus belle des religions (1), possède le premier des caractères qui rendent la mission des envoyés divins reconnoissable à tous les hommes.

Dans le même livre, à la même page, d'où nous avons tiré ces paroles, nous lisons encore celles-ci : « L'Évangile seul est, quant à la morale, toujours sûr, toujours vrai; toujours unique, et toujours semblable à lui-même (2). » Le caractère de divinité le plus sûr, le plus infaillible, et qui porte en lui-même une preuve qui dispense de toute autre, appartient done manifestement à l'Évangile, et à l'Évangile seul.

Peut-être dira-t-on que dans ce passage il ne s'agit point de toute la doctrine de l'Évangile, mais seulement de sa morale. Ce seroit assez déjà, car la seule morale qui soit toujours sûre, toujours vraie, toujours unique, est évidemment la seule morale divine, et par conséquent la seule religion qui enseigne cette morale est aussi la seule religion divine. Cela nous semble clair et incontestable. Si cependant l'on veut de plus un aveu formel de Rousseau, nous ne refusons point de le produire.

«Les sciences sont florissantes aujourd'hui, la littérature et les arts billent parmi nous; quel profit en tiré la religion? Demandons-le à cette foule de phi

(1) Lord Herbert de Cherbury. Relig. laïci., p. 28. (2) Lettres écrites de la Montagne, p. 87, not.

losophes qui se piquent de n'en point avoir... La science s'étend et la foi s'anéantit. Tout le monde veut enseigner à bien faire, et personne ne veut l'apprendre; nous sommes tous devenus docteurs, et nous avons cessé d'être chrétiens.

>> Non, ce n'est point avec tant d'art et d'appareil que l'Évangile s'est étendu par tout l'univers, et que sa beauté ravissante a pénétré les cœurs. Ce divin livre, le seul nécessaire à un chrétien, le plus utile de tous à quiconque même ne le seroit pas, n'a besoin que d'être médité pour porter dans l'âme l'amour de son auteur et la volonté d'accomplir ses préceptes. Jamais la vertu n'a parlé un si doux langage; jamais la plus profonde sagesse ne s'est exprimée avec tant d'énergie et de simplicité. On n'en quitte point la lecture sans se sentir meilleur qu'auparavant (1). »

On ne sauroit reconnoître plus expressément, dans la doctrine de l'Évangile, l'utilité, la beauté, la sainteté, la vérité, la profondeur, qui forment le caractère le plus certain, le plus infaillible, de la mission des envoyés divins. Donc nier la mission divine de JésusChrist, qui est venu apporter au monde la doctrine de l'Évangile, c'est nier une vérité, un fait infailliblement

certain.

«Le second caractère est dans celui des hommes choisis de Dieu pour annoncer sa parole; leur sainteté, leur véracité, leur justice, leurs mœurs pures et sans tache, leurs vertus inaccessibles aux passions

(1) Réponse au roi de Pologne. Mélanges, tom. IV, p. 268, 269.

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