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>> Père, je vous rends grâces de ce que vous m'a» vez écouté. Pour moi, je savois que vous m'écoutez » toujours; mais j'ai dit ceci à cause du peuple qui >> m'environne, afin qu'il croie que vous m'avez en» voyé. Alors il éleva la voix avec un grand cri : » Lazare, sors de la tombe; et aussitôt, celui qui étoit » mort sortit, les pieds et les mains liés de bande» lettes, et le visage enveloppé d'un suaire. Jésus leur » dit : Déliez-le, et laissez-le aller (1).

Quelle est donc cette voix que le sépulcre entend, et à qui les morts obéissent? l'évangéliste remarque que « beaucoup de Juifs qui étoient venus vers Marie >>> et Marthe, et qui avoient vu ce que Jésus fit, cru>> rent en lui (2). » Les pontifes et les pharisiens crurent ausssi au miracle, et ils se dirent: «Que ferons»nous, car cet homme fait un grand nombre de » signes (3)? » et dans l'aveuglement de leur fausse politique et de leur haine, qui les poussoit à leur insu à l'accomplissement des prophéties, ils conclurent de le faire mourir (4).

(1) Tulerunt ergo lapidem. Jesus autem, elevatis sursùm oculis, dixit: Pater, gratias ago tibi quoniam audisti me. Ego autem sciebam quia semper me audis : sed propter populum, qui circumstat, dixi; ut credant quia tu me misisti. Hæc cùm dixisset, voce magnâ clamavit: Lazare, yeni foràs. Et statim prodiit qui fuerat mortuus, ligatus pedes et manus institis ; et facies illius sudario erat ligata. Dixit eis Jesus: Solvite eum, et sinite abire. Joan., XÍ, 41 seqq.

(2) Multi ergo ex Judæis, qui venerant ad Mariam et Martham, et videbant quæ fecit Jesus, crediderunt in eum. Ibid., 45.

(3) Collegerunt ergo pontifices et pharisæi concilium, et dicebant: Quid facimus, quia hic homo multa signa facit? Ibid., 47.

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(4) Si dimittimus eum sic, omnes credent in eum ; et venient Ro

On ne voit pas l'ombre de dissentiment, l'apparence d'un doute sur la vérité des miracles du Sauveur, même parmi ses ennemis. Sa tendre charité s'étendoit à toutes les misères humaines : il suffisoit d'approcher de lui pour recevoir comme une puissante émanation de vie.

«Jésus s'arrêta dans un lieu champêtre avec ses » disciples et une multitude immense qui étoit venue » de toute la Judée, et de Jérusalem, et des contrées » maritimes, et de Tyr, et de Sidon, pour l'écouter, » et pour être guéris de leurs langueurs... Et toute » la foule cherchoit à le toucher, parce qu'il sortoit >> de lui une vertu qui les guérissoit tous (1). »

Si ces prodiges renouvelés à chaque instant n'avoient point été véritables, comment la confiance des peuples eût-elle été toujours croissant? comment lui auroit-on de toutes parts amené des malades pour qu'il les guérît; des malades de toute espèce, et qui tous

mani, et tollent nostrum locum, et gentem. Unus autem ex ipsis, Caïphas nomine, cùm esset pontifex anni illius, dixit els: Vos nescitis quidquam. Nec cogitatis quia expedit vobis ut unus moriatur homo pro populo, et non tota gens pereat. Hoc autem à semetipso non dixit: sed cum esset pontifex anni illius, prophetavit, quòd Jesus moriturus erat pro gente; et non tantin pro gente, sed ut filios Dei, qui erant dispersi, congregaret in unum. Ab illo ergo die cogitaverunt ut interficerent eum. Joan., XI, 48 seqq.

(1) Et descendens cum illis, stetit in loco campestrí, et turba discipulorum ejus, et multitudo copiosa plebis ab omniJudeâ, et Jerusalem, et maritima, et Tyri, et Sidonis, qui venerant ut audirent eum, et sanarentur à languoribus suis..... Et omnis turba quærebant eum tangere: quia virtus de illo exibat, et sanabat omnes. Lue., VI, 17, 18 et 19.

ressentoient également son pouvoir; et cela sans cesse, et cela en présence d'une multitude immense qui accouroit, non seulement de toute la Judée, mais encore des royaumes voisins, pour être témoin de ces merveilles; en présence des prêtres et des docteurs humiliés et jaloux; en présence de tous les ennemis du christianisme naissant, qui prenoient quelquefois le soin de vérifier toutes les circonstances du miracle, afin d'en découvrir la fausseté, s'ils l'avoient pu, comme on le voit dans l'histoire de l'aveugle-né (1) : et tant d'examen, tant de recherches dirigées par tant de haine, n'aboutissent jamais qu'à constater de plus en plus l'incontestable réalité des miracles opérés par le Sauveur? Il est manifeste et nous ne pouvons le nier (2), comme ils le disoient de ceux des apôtres. Que veut-on de plus? que faut-il donc pour qu'un miracle soit certain? En reviendra-t-on à nier sa possibilité? Plutôt que d'être chrétien, plutôt que de vivre de la vie que le Fils de Dieu est venu nous apporter, aimera-t-on mieux renoncer à la raison, et la condamner à mourir dans les angoisses de l'absurdité?

Mais, pour qui sait l'entendre, quelle force invincible dans le témoignage unanime d'un peuple contemporain! et ce n'est pas tout, ce peuple infidèle a continué jusqu'à nos jours à reconnoître dans les miracles du Sauveur une exception réelle aux lois de la

(1) Joan., IX, 1 seqq.

(2) Quid faciemus hominibus istis ? quoniam quidem notum signum factum est per eos, omnibus habitantibus Jerusalem: manifestum est; et non possumus negare. Act., IV, 16.

nature; et les païens en ont tous porté le même jugement. Savans, ignorans, Juifs, idolâtres, il n'y a qu'une voix sur la nature évidemment miraculeuse des œuvres de Jésus-Christ. Ils ont tout dit, ils ont consenti à tout admettre, à tout supposer, plutôt que de les regarder comme des événemens naturels. Les uns les ont attribués à la puissance du nom ineffable de Dieu que Jésus avoit dérobé dans le temple, les autres au pouvoir de Beelzebub; quelques uns, comme Porphyre, à la théurgie, presque tous aux secrets de la magie (1): et c'est aux incrédules de voir si ces explications les peuvent satisfaire.

Toujours sera-t-il certain que les prodiges opérés par le Christ, et par ses apôtres, sont de véritables miracles, de l'aveu de tous les hommes qui en furent témoins, ou qui en ont entendu parler; de l'aveu des Juifs, des païens (2), des chrétiens, des musulmans (3): car voici en quels termes le faux prophète

(1) C'est ce qui se voit dans les passages des auteurs juifs et païens cités précédemment.

(2) Saint Justin, qui écrivoit au milieu du deuxième siècle, renvoie aux actes faits sous Pilate ceux qui révoqueroient en doute les circonstances de la Passion de Jésus-Christ, ou ses miracles, tels que la guérison des malades et la résurrection des morts. Apolog., 1, n. 43.

(3) Les Persans appellent la puissance que Jésus-Christ avoit de faire des miracles, Bad Messih, le vent ou le souffle du Messie. Ils disent en effet que par son souffle il ressuscitoit les morts, etc. (d'Herbelot, Biblioth. orient., art. Bad-Messih, tom. I, p. 522). L'auteur du Methnevi-Mânevi, paraphrasant un passage du Koran, parle ainsi : « Le Messie, d'un côté, ressuscite le Lazare, et, de l'au» tre, vous voyez des Juifs rongés d'envie et de dépit.

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des Arabes fait parler Dieu dans le Koran : « Nous » avons donné à Jésus, le fils de Marie, des signes » manifestes, et nous l'avons fortifié par l'Esprit » saint (1); » et ces signes manifestes, il les appelle ailleurs des miracles évidens (2). ·

Que si, oubliant des témoignages si nombreux, si décisifs, on consulte le monde entier, ou le sens commun de tous les hommes, pour savoir si des faits semblables à ceux que l'Évangile raconte sont dans l'ordre de la nature, ou s'ils ne forment pas au contraire des exceptions réelles à ses lois, quelqu'un doutet-il quelle sera sa réponse?

Ainsi, nécessairement il faut, ou nier le sens commun, ou avouer les miracles de Jésus-Christ, et avec eux la sainteté, la divinité du christianisme. Mais avant de développer cette dernière conséquence, nous devons parler du miracle le plus auguste du Sauveur, celui de sa résurrection (3), qui eut cela de propre

(1) We gave unto Jesus, the son of Mary, manifest signs, and strengthened him with the holy Spirit. The Koran translated by George Sale, chap. II; vol. I, p. 47. London, 1764.

(2) We gave evident miracles to Jesus, etc. Ibid., p. 17. Vid. et. ch. III, p. 64. ·Ibid., XLIII; vol. II, p. 361. — Ibid., ch, LXH, p. 436. Il rend également témoignage à la mission divine et aux miracles de Moïse. « We formerly sent Moses with our signs. » Vol. II, chap. XIV, p. 62. Ibid., chap. XVIII, p. 110. — Ibid., chap. XXIII, p. 181. Et alib.

(3) Il existe quatre ouvrages où la résurrection de Jésus-Christ est examinée dans toutes ses circonstances, et environnée de toutes ses preuves. Nous engageons le lecteur à les consulter. En voici les titres La religion chrétienne démontrée par la résurrection de Jésus-Christ; par Homfroi Ditton, 1 vol. in-4°. Les témoins de la

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