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nément par quelques prières; s'il est naturel que ces paroles: Lève-toi et marche, rendent l'usage de ses membres à un paralytique de trente-huit ans; qu'un mort ressuscite à ce seul mot: Sors du tombeau ! J'adjure tout homme sensé et de bonne foi, de me dire ce que répondra le genre humain.

Mais qu'est-il besoin de l'interroger? et qui ne sait que tous les peuples, dans tous les temps, ont cru aux faits miraculeux; qu'ils ont été persuadés que le souverain Être manifestoit quelquefois sa puissance dans des faits particuliers? Et puisque cette croyance est universelle, donc elle est vraie: il n'en faut pas d'autre preuve; et nous pouvions, sans affoiblir la cause du christianisme, nous dispenser de combattre par le raisonnement les sophismes de l'incrédulité. Le témoignage de tous les siècles et de toutes les nations *prouve invinciblement qu'il y a de vrais miracles, comme il prouve qu'il existe une vraie religion; et, de même qu'on discerne aisément la vraie religion des religions fausses, par sa perpétuité et son universalité, on discerne aisément les vrais des faux miracles, en considérant ce qui fut toujours et partout reconnu pour une exception réelle et visible aux lois de la nature (1): et c'est ainsi que toutes les vérités unies dans leur principe, qui est la raison éternelle et infinie de Dieu, nous sont manifestées avec certitude

(1) Rousseau avoue que plusieurs des miracles rapportés dans la Bible paroissent être dans ce cas. Lettres écrites de la Montagne, p. 114.

par le témoignage infaillible de la raison une, perpétuelle et universelle du genre humain.

Pour appliquer maintenant ce qui vient d'être dit, aux prodiges opérés par Jésus-Christ et par les apôtres: est-il certain que les faits rapportés dans l'Évangile soient vrais ? est-il certain que ces faits soient miraculeux? Voilà les deux questions qui nous restent à examiner.

Déjà nous avons prouvé généralement la vérité des faits évangéliques (1); mais nous voulons encore montrer combien il est impossible de révoquer en doute aucun de ceux dont il s'agit ici particulière

ment.

Presque tout ce que raconte l'Évangile s'est passé devant une multitude de témoins, qui venoient de toutes parts écouter les enseignemens de Jésus-Christ et contempler ses œuvres. Ce n'étoit point dans les ténèbres ni dans des lieux solitaires qu'il manifestoit sa puissance, mais au grand jour, au milieu du peuple, et dans le temple même, sous les yeux des docteurs de la loi. Sa vie étoit publique; il ne cachoit pas plus ses actions que sa doctrine (2), et ses actions n'étoient qu'une suite continue de prodiges. Qui donc auroit pu se tromper sur des faits si nombreux, si éclatans? Et en supposant même dans quelques hommes ou l'erreur ou l'imposture, auroient-ils donc pu

(1) Voyez le chapitre XXXII.

(2) Ego palàm locutus sum mundo; ego semper docui in Synagogå et in templo, quo omnes Judæi conveniunt : et in occulto locutus sum nihil. Joan., XVIII, 20.

abuser un peuple entier pendant trois ans, lui faire croire qu'il voyoit chaque jour ce qu'il ne voyoit pas, persuader à des aveugles qu'ils avoient recouvré la vue, à des sourds qu'ils entendoient, à des paralytiques qu'ils marchoient, à des lépreux que leur lèpre avoit disparu? Quel prodige plus étonnant qu'une crédulité si profonde et si générale?

Car, ni pendant la vie de Jésus-Christ, ni après sa mort, personne ne contesta la vérité d'aucun de ces faits. Ils ont toujours passé pour constans parmi les Juifs (1). Le Talmud et tous les rabbins les avouent expressément (2). Il est dit dans le Toldoth que Jésus-Christ, afin de prouver qu'il étoit le Fils de Dieu annoncé par Isaïe, ressuscita un mort (3). Ce n'est

(1) Virtutes autem facturum (Christum) à Patre, Esaias dicit : Ecce Deus noster judicium retribuit; ipse veniet, et salvos faciet nos. Tunc infirmi curabuntur, et oculi cæcorum videbunt, et aures surdorum audient, et claudus saliet sicut cervus, et multorum linguæ solventur, et cætera quæ operatum Christum nec vos diffitemini. Tertullian. adv. Judæos, cap. IX. Vid. et. S. Chrysost. Exposit. in Ps. VIII, cap. V, n. 1.

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(2) Talmud. Tract. Sanhedr., fol. 43, 104, 107. Nizzachon. ap. Wagenseil. Tela ignea Satan., tom. II, p. 34. — Acta. S. Pion. ap. Bolland. 1a die mens. februar. Herban, Juif, dans sa dispute avec saint Grégoire, dit que les Juifs ont fait mourir Jésus parce que c'étoit un magicien, et qu'il guérissoit les malades le jour du sabbat, ce que la loi défendoit (Biblioth. Patr., tom. I, p. 198 et 263, gr. lat). On voit dans saint Isidore de Séville que lorsqu'on alléguoit les miracles de Jésus-Christ aux Juifs, ils répondoient que les prophètes en avoient pareillement fait un grand nombre. Dicit incredulus quod et prophetæ miracula multa fecerunt (De Nativit. Domini, cap. XVII). Bullet cite beaucoup d'autres témoignages des Juifs dans son Hist. de l'établissem. du christianisme.

(3) Lib. Toldoth Jeschu, p. 7 et 8. TONE 4.

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pas du moins la prévention qui a dicté ces témoignages, confirmés par celui de tous les païens (1), de Celse (2), de Porphyre (3), de Julien (4), d'Hiéroclès (5). Croit-on que ces anciens ennemis du christianisme eussent reconnu la vérité des faits évangéliques, s'il leur avoit été possible de la nier? croit-on qu'ils l'aient confessée sans examen? croit-on que le moindre sujet de doute cût échappé à la sagacité de leur haine ? croit-on enfin que les premiers chrétiens eussent parlé avec autant de confiance des miracles du Sauveur, si l'on avoit pules contester? Jésus-Christ, disoit Quadrat dans une Apologie adressée à l'empereur Adrien, « Jésus-Christ a fait ses miracles à la vue de l'univers, parce qu'ils étoient au-dessus de tout soupçon. Il a guéri des malades et il a ressuscitė des morts. Quelques-uns ont survécu long-temps à l'auteur du prodige, et ne sont morts que de nos jours (6). >>

Il est évident que les faits d'une époque reculée ne

(1) S. Justin., Apolog. 1, n. 30.

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Arnob. adv. Gentes, lib. 1, p. 25. Lactant., Institut. divin., lib. IV, cap. XIII; et lib. V, cap. III. —- Euseb., Demonstrat. evangel., lib. III, cap. VIII. Evagr. in Spicileg. Marten., tom. V, p. 2 et 3. August., Epist. 135, 136.

Volus ap.

(2) Ap. Orig. contr. Cels., lib. I, n. 6, 38, 67, 68, 71; lib. I, a. 48; lib. 111, n. 27; lib. VIII, n. 9 et 47.

(3) l ́id. Bullet, Hist. de l'établissem, du christian., p. 107. Po· ris, 1764.

(4) Ap. Cyrill. adv. Julian., lib. VI.

(5) Ap. Euseb. contr. Hieroel, ad calc. Demonstr, evangel, p.512.

(6) Ap. Euseb. Hist, eccles. lib. 311, cap. XXXVF

peuvent être connus, ne peuvent être prouvés que par le témoignage. Que demande-t-on pour croire les faits de Jésus-Christ, ses miracles et ceux des apôtres? des témoignages non suspects? Soit: qu'y a-t-il de moins suspect que des témoins qui se font égorger ? Douterez-vous de leur foi dans ce qu'ils attestoient, dites-nous donc comment ils pouvoient la mieux prouver. Est-ce cette foi même si forte, si constamment, si généreusement manifestée qui diminue votre confiance dans leur témoignage? Vous croiriez donc davantage ce qu'ils affirment, si eux-mêmes ils l'avoient moins cru?

Mais enfin, dites-vous, c'étoient des chrétiens! Je vous entends; tous les témoignages qui regardent Jésus-Christ vous semblent suspects, excepté ceux des ennemis du christianisme: eh bien! les Juifs sont-ils des ennemis du christianisme? trouvez-vous qu'ils y soient assez opposés pour mériter d'être crus sur ce qui le concerne? Ils attestent les mêmes faits que les chrétiens; jamais ils n'ont varié à cet égard un seul instant. Les païens étoient-ils des ennemis du christianisme? trois siècles d'horribles persécutions vous paroissent-ils une preuve suffisante de leur haine? vous ne voulez pas croire les victimes, croirez-vous au moins les bourreaux? Ils s'accordent avec les Juifs et les chrétiens pour reconnoître la vérité des faits merveilleux rapportés dans l'Évangile.

Encore une fois, que demandez-vous? des témoignages uniformes? Ils existent, on les a produits, Vous venez de les entendre. Des témoignages nom

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