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» élémens. C'est des hommes que les hommes les ont • >> reçus; ils en ont formé le courage, l'obéissance, et >> les cinq vertus éternelles, et c'est là ce qu'on appelle » nature. Dans les hommes tout ce qui est conforme >> à cette doctrine naturelle, tout ce qui, de soi-même » et dans l'usage journalier forme la voie ordinaire » des actions raisonnables, s'appelle loi (ou vertu). De » la part des saints, tout ce qui tend à disposer ou à >> mesurer d'une manière conforme à la raison les ac>>tions des autres hommes, de telle sorte qu'elles ne » péchent ni par excès ni par défaut, ce qui forme » pour l'univers une règle ou une loi invariable, s'ap» pelle instruction. Cette instruction s'établit d'après » la raison ou la loi; la raison est conforme à la na»ture, la nature est un ordre du ciel. Ainsi l'on peut » regarder la première origine de la raison ou de la vertu » comme venant du ciel même (1). »

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Un écrivain qui paroît avoir soigneusement étudié l'ancienne histoire de la Chine, assure « que les Chi»nois, depuis le commencement de leur origine jus» qu'au temps de Confucius, n'ont point été idolâtres; » qu'ils n'ont eu ni faux dieux ni statues; qu'ils n'ont » adoré que le Créateur de l'univers, qu'ils ont tou» jours appelé Xam-ti, et auquel leur troisième empe>> reur, nommé Hoam-ti, bâtit un temple.... Le nom » de Xam-ti, qu'ils donnoient à Dieu, signifie sou» verain Maître ou Empereur. On remarque qu'il y >> a bien eu des empereurs de la Chine qui ont pris as

(1) L'Invariable Milieu, etc., not., p. 134, 135.

>> sez souvent le surnom de Ti, qui veut dire Maître, » Empereur, ou celui de Vam, qui signifie Roi; » qu'il y a eu même un prince de la quatrième race, » qui s'est fait appeler Xi hoam-ti, le grand ou l'au-, » guste Empereur; mais qu'il ne s'en est trouvé aucun » qui ait osé prendre le titre de Xam, c'est-à-dire de » Souverain, et qu'on l'a toujours laissé par respect » à l'Arbitre absolu de l'univers (1). »

Nous avons déjà cité l'écrit plein d'intérêt, sous divers rapports, dans lequel un prince de la famille impériale, converti au christianisme, et qui reçut au baptême le nom de Jean, expose les motifs de sa conversion; voici comment il s'exprime au commencement de cet écrit:

« J'ai bien examiné nos livres, et j'ai remarqué » que Yao-Chun, Ya-Tang, Ouen-Vou, Kong-Tze, »Mong-Tze, tous ces sages philosophes et ces anciens » empereurs, ne servoient que le suprême Monarqué » du ciel; qu'ils regardoient ce culte comme la pre>> mière et la plus essentielle affaire, comme la base de >> leur gouvernement. >>

Après avoir rapporté différentes preuves de ce fait, tirées des anciennes annales de la Chine, il ajoute :

« Le philosophe Confucius dit: Les cérémonies » qu'on pratique pour honorer la terre, doivent se >> rapporter toutes au culte du Maître du ciel. Mon» goze, autre philosophe célèbre, dit: Veillez sur votre » cœur, veillez sur votre esprit, parce que vous servez

(1) Morale de Confucius; Avertissem., p. 15.

>> le souverain Monarque du ciel. Enfin il paroît que ces >> princes et ces philosophes n'avoient en tout d'autre » but, et d'autre fin, que de faire respecter et honorer

le Seigneur suprême. Tous les sages de ces premiers >>> siècles ont enseigné la même doctrine; ils l'ont con>> servée très pure et sans mélange de fausseté (1).

Li-Lao-Kiun établit moins un culte nouveau, qu'il ne détourna du vrai culte, en formant une espèce d'école philosophique, où à des opinions dangereuses on mêloit les rêveries absurdes de la magie.

Ce ne fut que l'an 65 de notre ère, sous le règne de Mim-Ti, que la secte de Fô s'introduisit à la Chine (2); et quoiqu'elle n'y soit que tolérée (3), et que les grands la méprisent (4), elle a précipité dans l'idolâtrie presque tout le peuple de ce vaste empire (5).

(1) Motifs du prince Jean pour embrasser la religion chrétienne : Lettres édif., tom. XX, p. 349, 350.

(2) La plupart des historiens chinois conviennent que le culte de Fô n'a été introduit à la Chine que du temps des Hans. « La doc» trine de Fò, dit un de ces écrivains, n'est dans le fond qu'une » vile secte de quelques peuples barbares; ce n'est que sous les » derniers Hans qu'elle s'est glissée dans notre empire, du moins » est-il très certain qu'anciennement elle n'y étoit point connue. » · De Guignes; Mémoir. de l'Acad. des Inscript., tom. XLV, p. 583. (3) Le P. Premare; Lettres édif., tom. XXI, p. 177.

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(4) « Un homme entêté des contes qu'on fait sur les divinités des » sectes de Fo et de Tao, fùt-il un bel-esprit, il ne se préservera » pas d'un grain de folie qui paroîtrá. » Mœurs de la Chine, ouvrage chinois, trad. par le P. d'Entrecolles, p. 44 du Mss.

(5) Cette même secte pénétra, l'an de J.-C. 333, dans l'ile de Ceylan; et à Borneo, vers l'an 430. De Guignes; Hist. des Huns, part. II.

Quand on vient à considérer ces grandes catastrophes du monde moral, ces nations qui, s'éloignent de Dieu, et qui tombent comme les anges rebelles, une pitié profonde et une secrète terreur s'emparent de l'âme. Qu'est-ce que l'homme? Qu'est-ce que ses lumières? Qu'est-ce que sa raison? Quelle est cette force qui le pousse au crime? et que gagne-t-il à se perdre? Prodigieux aveuglement! Mais il est ainsi ; le mal lui plaît. Né pour le ciel, il cherche l'enfer, comme un voyageur égaré cherche sa patrie. Et, chose étrange, la vérité qu'il fuit, la loi qu'il viole, se présentent de tous côtés à ses regards; il ne peut les ignorer, il ne peut les nier; tous les siècles et tous les peuples, même les plus dégradés, rendent témoignage à cette loi, à cette vérité, à la religion une, universelle, perpétuelle, et la rejeter c'est apostasier la raison humaine.

Partout le culte d'un seul Dieu a précédé l'idolâtrie, comme l'innocence précède le vice, comme l'ordre précède sa transgression. La foiblesse de l'esprit et la corruption du cœur donnent naissance à des pratiques superstitieuses; elles se répandent, elles se multiplient, elles deviennent enfin générales; et, ce qu'on ne sauroit trop faire observer, la tradition qui les condamne, la perpétuité ou l'antiquité, n'en demeure pas moins la règle universellement reconnue de la véritable foi et du culte légitime. Mais on abuse de cette règle, on la fausse; les passions et les préjugés, c'est-à-dire une volonté pervertie et une raison rebelle, empêchent qu'on en fasse une juste et

complète application. Demandez à l'idolâtre et au protestant ce qui les retient, l'un dans l'idolâtrie, l'autre dans le schisme; ils vous repondront qu'ils suivent la religion de leurs pères. Tous deux avouent le principe qui doit les conduire à la vérité, tous deux refusent d'en tirer la dernière conséquence. Vous suivez la religion de vos pères ont-ils suivi la religion des leurs? et si la plus ancienne est la seule vraie, comme votre réponse le suppose et comme l'atteste le monde entier, interrogez donc vos premiers ancêtres, et non leurs coupables descendans; ouvrez les tombes antiques, et il en sortira une voix qui vous instruira (1).

Quand les hommes, dit Leland, se dispersèrent >> après le déluge, pour remplir la terre et en habiter >>> les différentes contrées, les chefs ou les conducteurs » de chaque horde transportèrent avec eux les prin>>cipes fondamentaux de la religion et de la morale >> dans les pays où ils s'établirent; ils les conservèrent >> au moins quelque temps, et ils les transmirent aux >> générations suivantes. Platon pensoit la même chose, » lorsqu'il disoit que dans ces premiers temps le >> peuple suivoit les lois et les coutumes de ses pères, >> de ses ancêtres et des anciens de la nation. Les mo>> ralistes de cet âge ne raisonnoient point comme les

(1) Interroga de diebus antiquis, qui fuerunt antè te ex die quo creavit Deus hominem super terram, à summo cœlo usque ad summum ejus, si facta est aliquando hujuscemodi res, aut unquàm cognitum est... Interroga... majores tuos, et dicent tibi. Deuter.,IV, 32; et XXXII, 7.

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