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>> les mêmes apparences; Jésus-Christ sauve l'un, et » laisse l'autre, après les mêmes crimes. Joseph ne >> fait que prédire ; Jésus-Christ fait. Joseph demande >> à celui qui sera sauvé, qu'il se souvienne de lui, quand il sera venu en sa gloire; et celui que Jésus>> Christ sauve, lui demande qu'il se souvienne de >>> lui quand il sera en son royaume (1). »

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Ainsi les figures s'accordent avec les prophéties, et les événemens ont vérifié les prophéties et les figures. Les justes de l'ancienne loi, les Juifs spirituels, connoissoient Jésus-Christ presque aussi clairement que nous le connoissons nous-mêmes. Avec combien de vérité disoit-il done: Scrutez les Écritures, ce sont elles-mêmes qui rendent témoignage de moi (2)! Nous ne craignons point de le dire : que les incrédules lisent l'Évangile, qu'ils remarquent attentivement les circonstances principales de la vie du Sauveur, le caractère et l'objet de sa mission, les effets qu'elle devoit produire; nous les défions hautement de composer ensuite des prophéties plus claires que les véritables prophéties, sur tous les faits qu'elles ont

annoncés.

Qu'on ne nous parle donc plus d'obscurité ; tout est obscur pour l'œil qui se ferme, mais ses ténèbres n'affoiblissent point la lumière qui éclaire le monde. Qu'on ne nous parle plus du hasard pour expliquer le

(1) Pensées de Pascal; IIe part., art. IX, tom. II, p. 91.

(2) Scrutamini Scripturas... et illæ sunt quæ testimonium perhibent de me. Joan., V, 39.

don prophétique, à moins qu'on ne soutienne aussi que c'est par hasard que les évangélistes, en rapportant les actions de l'homme-Dieu, ont raconté ce qu'il a fait et souffert réellement. S'ils n'ont dit que ce qu'ils ont vu, et s'ils n'ont pu le dire qu'après l'avoir les prophètes qui ont dit les mêmes choses qu'eux les ont vues comme eux; et leur inspiration est dèslors invinciblement prouvée, ainsi que la divinité du christianisme.

vu,

Mais, quand l'incrédule résisteroit à une si forte évidence; il ne seroit pas encore affranchi de l'obligation de croire, qui lui paroît si pesante. A moins de renverser le fondement de la raison, il seroit contraint de céder au témoignage de deux immenses sociétés qui concourent à établir l'autorité des prophéties. En niera-t-il la réalité, les Juifs l'accablent de leur témoignage: en niera-t-il l'accomplissement, ces mêmes Juifs, on l'a vu, en sont une preuve vivante; et le témoignage des chrétiens interdit le plus léger doute, car que lui opposeroit-on? Le témoignage des idolâtres ? ils ne nient ni n'affirment, ils ignorent (1); le témoignage des musulmans? il est conforme au témoignage des chrétiens (2). Sur quoi donc

(1) On a vu même que plusieurs païens, Porphyre, Julien, Phlégon, reconnoissoient l'autorité et l'accomplissement de plusieurs prophéties contenues dans l'ancien et le nouveau Testament.

(2) Après avoir nommé Abraham, Isaac, Jacob, Joseph, Noé, Job, Moïse, Aaron, David, Salomon, Elie, Elisée, Zacharie, Jonas, JésusChrist, saint Jean; Mahomet fait ainsi parler Dieu dans le Koran : « C'est à ceux-ci que nous avons donné l'Ecriture, et la sagesse,

l'incrédule se fonderoit-il pour l'attaquer, sur sa raison? Il n'a qu'elle. Mais si sa raison peut prévaloir contre la raison d'une multitude innombrable d'hommes aussi éclairés que lui, aussi sincères que lui, il n'y aura plus de raison humaine, plus de jugement commun qui fasse loi, plus de certitude: chaque homme aura sa vérité, comme il a sa raison. Il faudra concevoir sous la même notion le vrai et le faux, et, après avoir tout confondu, tout admis, tout nié, repousser avec mépris la pensée même, et gémir en silence, dans d'éternelles ténèbres, sur cette grande illusion qu'on appelle l'intelligence.

C'est en vain que l'incrédule chercheroit hors du christianisme une route qui n'aboutisse pas à cet abîme. Et quelle marque plus frappante de sainteté dans la religion chrétienne, qu'on ne puisse rejeter aucun de ses dogmes, aucun des faits sur lesquels elle est établie, sans profaner l'homme même, en anéan– tissant sa raison? Ce qui vient de Dieu est vrai, ce qui vient de Dieu est saint; et comment pourroit-elle ne pas venir de Dieu, la religion fondée sur tant de prophéties dont l'univers presque entier atteste l'accomplissement? Qui auroit inspiré les prophètes? qui leur auroit révélé le Sauveur du monde, et l'époque de son avénement, et les circonstances de sa vie, de sa passion, de sa mort et de sa résurrection? Rien n'a été caché pour eux la réprobation des Juifs infi

» et le don de prophétie.» Voyez Sale, the Koran translated, vol. I, p. 171. Ibid., vol. II, ch. XVII, p. 103 et alib.

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dèles, la vocation des Gentils, les épreuves, les persécutions que souffriroit l'Église naissante, le triomphe éclatant qui succéderoit à ses douleurs, ils ont tout connu, tout prédit. Pendant quatre mille ans, le genre humain a entendu leur voix lui annoncer toujours plus clairement ces merveilles. Ce long miracle devoit-il servir à autoriser l'erreur, à consacrer l'imposture? Qui le pensera? Il faut donc reconnoître que le christianisme est divin. Et quoi de plus divin, en effet, qu'une religion qui satisfait pleinement tous les besoins, tous les désirs de notre âme, en nous montrant à la fois notre origine et nos destinées, ce qui fut et ce qui sera; qui convoque, pour ainsi dire, et les siècles écoulés, et les siècles futurs, qui les rassemble sous nos yeux, afin de nous détacher du présent, qui n'est rien, de nous instruire de notre grandeur, et de nous faire découvrir dans une existence d'un moment l'éternité tout entière? Il n'y a point de temps pour le chrétien telle est la puissance de la foi qu'elle ranime le passé, qu'elle réalise l'avenir, et qu'elle crée en nous comme une image de cette vie sans succession, sans veille et sans lendemain, qu'aucune durée ne mesure; de cette pensée immobile, inaltérable, infinie, qui comprend tout dans son unitě: vie parfaite, immense, de l'auteur de la vie; éternelle pensée de l'Être éternel!

CHAPITRE XXXIV.

Miracles.

Une religion fondée sur des prophéties certaines est évidemment l'œuvre de Dieu, puisque Dieu seul connoît l'avenir; or le christianisme est fondé sur des prophéties qu'on ne peut contester sans nier l'histoire des Juifs, l'histoire évangélique, et même la tradition universelle et perpétuelle du genre humain, c'est-àdire sans renverser la base de toute certitude: donc le christianisme est divin.

Mais la divinité de la religion chrétienne se manifeste encore avec non moins d'éclat dans les miracles opérés pour lui servir de preuve depuis l'origine du monde. En se révélant à l'homme, en lui dictant des lois, jamais Dieu ne sépara les prodiges de sa puissance des merveilles de sa pensée, afin que, reconnoissant à ce signe infaillible l'autorité suprême à qui l'univers obéit, l'homme, incapable de comprendre toutes les vérités qu'il doit croire, obéit luimême sans hésiter à la parole de l'Être infini.

Pour se former une idée juste des miracles et de leur objet il faut se souvenir que la religion, ou l'ensemble des lois de notre nature intelligente, n'a pu nous être connue que par la révélation. Comment pourrions-nous savoir ce qu'est Dieu et ce que nous

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