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ne sauroit, pour ainsi dire, comment placer dans ces étonnantes prophéties une pensée humaine ; tant elles sont opposées à tout ce que l'esprit de l'homme auroit pu suggérer aux prophètes. Après avoir annoncé que le Christ seroit le Verbe éternel, qu'il seroit Dieu, se peut-il que d'eux-mêmes ils aient dit que ce Dieu souffriroit, qu'il mourroit ? Il est impossible. Mais considérons l'histoire des derniers temps de la vie du Sauveur: oui, l'histoire, car c'en est une, et la prophétie n'est que la narration abrégée de l'Évangile.

On voit d'abord son triomphe, et la joie de Sion. Le roi juste, le roi pauvre, le roi sauveur, entre à Jérusalem monté sur une ânesse. Il annoncera la paix aux peuples, et sa puissance s'étendra de la mer à la mer,ˆ et depuis les fleuves jusqu'aux extrémités de la terre. Et, pour que ces images de puissance et de gloire ne détournent point l'esprit à des pensées terrestres, tout-àcoup le prophète s'écrie: Vous avez délivré dans le sang de votre alliance ceux qui sont enchaînés au fond du lac où il n'y a point d'eau (1)!

L'orgueil irrité des docteurs, des pharisiens hypocrites, de toute cette race perverse, à qui Jésus disoit, Malheur à vous ne peut plus le supporter. Ces hommes endurcis forment le dessein de le perdre (2).

(1) Exulta satis, filia Sion; jubila, filia Jerusalem: ecce rex tuus, veniet tibi Justus et Salvator: ipse pauper, et ascendens super asinam, et super pullum filium asinæ... Et loquetur pacem gentibus, et potestas ejus à mari usque ad mare, et à fluminibus usque ad fines terræ. Tu quoque in sanguine testamenti tui emisisti vinctos tuos de lácu, in quo non est aqua. Zachär., IX, 9, 10 et 11.

(2) Concilium malignantium obsedit me. Ps., XXI, 17.

Ils se réjouissent déjà dans cette espérance; ils tiennent conseil pour rassembler sur lui les tourmens que leur haine gratuite lui prépare (1). « Enveloppons le juste » dans nos piéges, parce qu'il est contraire à nos » œuvres, et qu'il nous reproche nos péchés. Il se >> vante d'avoir la science de Dieu, et il se nomme le >> Fils de Dieu. Il s'est fait le détracteur de nos pen>>sées. Il nous est odieux même à voir, car sa vie est » différente de la vie des autres, et ses voies ne sont » pas les mêmes. Il nous estime insensés, et il s'abs>> tient de nos voies comme d'une souillure; il loue la >> fin des justes, et il se glorifie d'avoir Dieu pour père. >> Voyons donc si ses paroles sont vraies, éprouvons » ce qui lui arrivera, et nous saurons quelle sera sa >> fin. Car s'il est vraiment le fils de Dieu, Dieu le » soutiendra, et le délivrera des mains de ses ennemis. >> Interrogeons-le par l'outrage et par le supplice, afin » que nous connoissions sa vertu, et que nous éprou>> vions sa patience. Condamnons-le à la mort la plus >>> infâme; car Dieu le secourra, si ses paroles sont vé>> ritables. C'est là ce qu'ils ont pensé, et ils ont erré ; >> et leur malice les a aveuglés, et ils ont ignoré les >> mystères de Dieu (2).

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(1) Adversùm me lætati sunt, et convenerunt : congregata sunt super me flagella, et ignoravi... Non supergaudeant mihi qui adversantur mihi iniquè, qui oderunt me gratis, et annuunt oculis. Ps., XXXIX, 15, 19.

(2) Circumveniamus ergo justum, quoniam inutilis est nobis, et contrarius est operibus nostris, et improperat nobis peccata legis, et diffamat in nos peccata disciplinæ nostræ. Promittit se scientiam Dei habere, et filium Dei se nominat. Factus est nobis in traductio

Voilà donc les ennemis du Christ qui conspirent sa ruine, qui la méditent entre eux secrètement, qui se disent l'un à l'autre Quand mourra-t-il, lui et son nom (1)? Ceux-ci sont ses ennemis déclarés; mais quel est cet autre ennemi, qui, s'il entre pour le voir, lui dit des paroles trompeuses, qui amasse l'iniquité dans son cœur, et qui sort pour parler le langage de la haine et de la calomnie (2)? Vous ne le reconnoissez pas encore; écoutez : « L'homme de ma paix, en qui >> j'ai mis ma confiance, qui mangeoit mon pain, s'est » élevé contre moi (3). Si mon ennemi m'avoit mau» dit, je l'aurois supporté ; si celui qui me haïssoit >> m'avoit outragé, j'aurois pu me cacher de lui: mais » toi avec qui je n'avois qu'une âme, toi le chef que

nem cogitationum nostrarum. Gravis est nobis etiam ad videndum, quoniam dissimilis est aliis vita illius, et immutatæ sunt viæ ejus. Tanquàm nugaces æstimati sumus ab illo, et abstinet se à viis nostris tanquàm ab immunditiis, et præfert novissima justorum, et gloriatur patrem se habere Deum. Videamus ergo si sermones illius veri sint, et tentemus quæ ventura sunt illi, et sciemus quæ erunt novissima illius. Si enim est verus filius Dei, suspiciet illum, et liberabit eum de manibus contrariorum. Contumeliâ et tormento interrogemus eum, ut sciamus reverentiam ejus, et probemus patientiam illius. Morte turpissimâ condemnemus eum; erit enim ei respectus ex sermonibus illius. Hæc cogitaverunt, et erraverunt : excæcavit enim illos malitia eorum. Et nescierunt sacramenta Dei. Sapient., II, 12 seqq.

(1) Adversùm me susurrabant omnes inimici mei: adversùm me cogitabant mala mihi... Inimici mei dixerunt mala mihi : quando morietur, et peribit nomen ejus? Ps., XL, 8, 6.

(2) Et si ingrediebatur ut videret, vana loquebatur: cor ejus congregavit iniquitatem sibi. Egrediebatur foras, et loquebatur in idipsum. Ibid., 7 et 8.

(3) Etenim homo pacis meæ, in quo speravi, qui edebat panes meos, magnificavit super me supplantationem. Ib., 10.

j'avois choisi, qui vivois avec moi familièrement, » qui t'asseyois à ma table, qui marchois avec moi » dans la maison de Dieu (1) ! »

Ouvrez l'Évangile : dites-moi, y a-t-il eu un traître parmi ceux qui vivoient familièrement avec le Sauveur, parmi les chefs qu'il avoit choisis? Voulez-vous une autre circonstance, le prophète a tout vu: Dieu acheté trente deniers; digne prix auquel ils m'ont apprécié ! cet argent jeté dans le temple, et employé au champ du statuaire (2) ou du potier (3).

Il falloit que le Christ souffrit et qu'il entrát ainsi dans sa gloire. Combien de fois ne l'a-t-il pas répété lui-même (4)! Et le prophète aussi avoit dit : « Il boira » dans le chemin, de l'eau du torrent ; c'est pourquoi » il lèvera la tête (5). Il a été blessé à cause de nos

iniquités, il a été brisé pour nos crimes; le châti»ment qui nous donne la paix a été sur lui, et nous » avons été guéris par ses meurtrissures. Nous avons

(1) Si inimicus meus maledixisset mihi, sustinuissem utique. Et si is qui oderat me, super me magna locutus fuisset ; abscondissem me forsitan ab eo. Tu verò homo unanimis, dux meus, et notus meus; qui simul mecum dulces capiebas cibos, in domo Dei ambulavimus cum consensu! Ps., LIV, 13-16.

(2) Le mot hébreu signifie également un statuaire, ou un potier.

(3) Appenderunt mercedem meam triginta argenteos. Et dixit Dominus ad me. Projice illud ad statuarium, decorum pretium, quo appretiatus sum ab eis. Et tuli triginta argenteos, et projeci illos ad domum Domini ad statuarium. Zachar., XI, 12, 13.

(4) Matth., XVI, 21.— XVII, 12.. Marc., VIII, 31. - IX, 11. Luc., XXIV, 46.

(5) De torrente in viâ bibet, proptereà exaltabit caput. Ps., CIX, 7.

>>> tous erré comme des brebis, chacun a décliné dans >> sa voie ; et le Seigneur a mis sur lui l'iniquité de »> nous tous. Il a été immolé, parce qu'il l'a voulu, et >> il n'a pas ouvert la bouche. Il sera conduit à la mort » comme une brebis, et il se taira comme un agneau >> devant celui qui le tond, et il n'ouvrira point la >> bouche. Il a expiré dans les angoisses, et par un ju»gement: qui racontera sa génération (1)? Il a été

(1) Ce passage peut offrir un sens un peu différent. Voici la tra

duction littérale de l'hébreu : De detentione seu angustia (¬¿¿)

sublatus est ; et generationem ejus quis eloquatur? quoniam abscissus est de terrâ viventium; propter prævaricationem populi mei, plaga ei. « Il a été enlevé soudain du lieu d'angoisse et du » jugement; et qui publiera sa génération? car il a été retranché » de la terre des vivans; il a été frappé à cause du péché de mon » peuple. » On voit dans le Talmud (lom. Sanhedr., cap. VI et VII, lit. Dine Nephosboth) qu'au temps du sanhédrin, l'exécution d'un homme condamné à mort ne suivoit jamais immédiatement la sentence portée contre lui. Il passoit la nuit dans la prison, et le lendemain matin on examinoit de nouveau sa cause pour s'assurer de la justice de la décision. Si le condamné étoit derechef trouvé coupable; avant de le tirer de prison pour le conduire au lieu du supplice, et pendant qu'on l'y conduisoit, deux officiers du tribunal parcouroient la ville en criant : « Un tel, fils d'un tel, de telle famille » et de telle tribu, a été condamné à mort pour telle cause, sur la » déposition de telles personnes. Quiconque sait quelque chose en sa » faveur ou contre le témoignage des témoins, ou contre les témoins » eux-mêmes, est étroitement obligé à venir dans la salle de justice » (où les membres du sanhédrin restoient assemblés pendant toute la » journée de l'exécution), pour y déclarer la vérité devant le sánhé» drin; sinon, il sera coupable de la mort de l'innocent. » Aucune de ces formalités ne fut observée à l'égard de Jésus-Christ. Livré aux exécuteurs immédiatement après le jugement, il fut conduit au supplice sans que les témoins eussent été dûment examinés (Ibid., cap. V et VI), sans qu'on eût proclamé leurs noms, ni le nom du condamné, ni celui de sa famille. En annonçant la mort du Christ, le prophète annonce aussi cette violation de la loi. Ce sens,

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