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sible qu'on ait attribué faussement plusieurs prophéties aux sibylles; cependant Lactance, après en avoir cité de très frappantes, assure que quiconque alu Cicéron, Varron, e d'autres écrivains qui vivoient avant JésusChrist, ne pensera point qu'elles soient supposées (1).

Au reste, nous prions de bien remarquer que nous ne nous autorisons d'aucune de ces prédictions incertaines. Si nous en parlons, c'est uniquement pour montrer que les Pères ont cru que l'esprit prophétique étoit répandu chez tous les peuples (2), quoique sans doute beaucoup moins que chez le peuple choisi de Dieu pour être le dépositaire des promesses.

(1) His testimoniis quidam revicti solent eò confugere ut aiant, non esse illa carmina Sibyllina, sed à nostris conficta, atque composita: quod profectò non putabit, qui Ciceronem, Varronemque legerit, aliosque veteres, qui Erythræam Sibyllam, cæterasque commemorant, quarum ex libris ista exempla proferimus : qui auctores anté obierunt, quàm Christus secundum carnem nasceretur. Lactant: Divin. Instit., lib. IV, cap. XV.

(2) Saint Thomas le dit expressément. « Discendum, quod multis » gċatilium facta fuit revelatio de Christo: ut patet per ea, quæ » prædixerunt. » 2. 2æ Quæst. II, art. 7.— C'est aussi ce que pensoient Sixte de Sienne et le savant évêque d'Avranches. Le premier s'exprime ainsi : « Gentilibus verò, si qui absque Mediatoris » notitiâ salutem sunt assecuti, sat fuit habere fidem in unicâ Dei » credulitate inclusam; hoc est ut Deum esse crederent humani ge» neris servatorem, juxta ordinem in suå admirabili Providentia » occultum, et aliquibus ipsorum valibus, ac sibyllis peculiari » privilegio revelatum. » Sixt. Senens., Biblioth. sancta, lib. VI, Annot. LI, p. 490.-Voici maintenant les paroles de Huet, qui attribue une véritable inspiration à Confucius : « Quodque multò magis » mirere, scriptum reliquit in libris suis magnus ille sinicæ doctrinæ » antistes Confucius, Verbum aliquandò carnem futurum; annum» que quod id facturum esset, eum nempè ipsum quo Chris»tus Dominus natus est, animo prævidil. » Alnetan. Quæst., ib. II, cap. XIII, p. 235. — Les musulmans croient que Dieu a suç

Il y avoit encore entre les Juifs et les autres nations une différence importante. Celles-ci n'avoient point d'Écriture sacrée, parce qu'il n'existoit point parmi elles de tribunal souverain divinement établi pour en être l'infaillible interprète. La connoissance des dogmes et des devoirs se conservoit, comme les prophéties, par la tradition. Les Juifs seuls possédoient la parole de Dieu consignée dans des monumens authentiques; de sorte que la doctrine du genre humain, avant la venue du Messie, doit être cherchée et ne peut être trouvée que dans la tradition universelle, et cette tradition atteste l'existence du don prophétique dans le monde entier. Sans cela, on ne pourroit pas même concevoir la religion; puisqu'elle est entièrement fondée sur un Rédempteur attendu, et par conséquent prédit..

Les prophéties nombreuses que renferme l'Écriture peuvent être divisées en trois classes :

1° Celles qui ont eu leur accomplissement avant Jésus-Christ.

2o Celles que Jésus-Christ lui-même a accomplies. 3o Les prophéties de Jésus-Christ et des apôtres, parmi lesquelles il en est plusieurs qui ont eu déjà leur accomplissement, et d'autres qui ne l'auront qu'à la fin des temps.

Les premières servoient à fortifier la foi des secondes; elles étoient comme la preuve de leur accom

cessivement envoyé dans le monde un grand nombre de prophètes, et Sale présume qu'ils tiennent cette tradition des Juifs et des chrétiens. Prelim. Discourse on the Koran, sect. IV, vol. I, p. 99.

plissement futur pour ceux qui n'en devoient pas être témoins. Qu'elles se soient vérifiées exactement, qui pourroit en douter, après le témoignage unanime de ceux qui en étoient les dépositaires, l'objet, et qui dès-lors ont pu mieux que personne et les entendre, et en faire l'application aux événemens? Nier l'existence de ces prophéties, ce seroit nier l'existence de l'Écriture; nier leur accomplissement, ce seroit nier l'histoire des Juifs.

Il y a plus ce seroit nier encore l'histoire des nations voisines, et celle même des puissantes monarchies de l'Orient, que Dieu faisoit servir à l'exécution de ses desseins sur son peuple, et dont, par ce motif, les destinées furent souvent prédites. Ainsi la prise de Babylone par Cyrus est annoncée dans Isaïe et Jérémie (1), avec ses plus légères circonstances. Le prophète a tout vu, jusqu'au moyen que le vainqueur emploieroit pour se rendre maître de cette ville superbe (2). Cyrus lui-même, qu'Isaïe avoit appelé par son nom deux cents ans avant qu'il fût né (3), reconnoît le manifeste accomplissement de la parole divine; et «< ravi des oracles qui avoient prédit ses

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(1) Voyez Bossuet, Disc. sur l'hist. univ., II part., chap. VI. (2) Jerem., L, 38; LI, 36.

(3) Qui dico Cyro : Pastor meus es, et omnem voluntatem meam complebis. Is., XLIV, 28. ~Hæc dicit Dominus Christo meo Cyro, cujus apprehendi dexteram, ut subjiciam ante faciem ejus gentes, et dorsa regum vertam, et aperiam coram eo januas, et portæ non claudentur. Ego ante te ibo... et vocavi te nomine tuo. Id., XLV, 1 et seq.

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» victoires, il avoue qu'il doit son empire au Dieu du » ciel (1) que les Juifs servoient (2). »

Si quelques-unes des prophéties qui les concernent particulièrement, nous paroissent obscures aujourd'hui, nous ne devons pas nous en étonner, puisqu'elles n'ont point été faites pour nous. Les prophètes, selon la remarque d'Origène, « n'annonçoient pas seule>> ment de grands événemens qui intéressoient toutes » les nations de la terre, ou tout le corps des Juifs, » comme ce qui regarde le Messie, les empires, la » conversion des Gentils; mais aussi des faits particu»liers: c'est de quoi il y a plusieurs exemples dans >> les livres des Juifs (3). »

Quand ce peuple n'attesteroit pas que les prophéties de ce genre se sont accomplies, ou quand on refuseroit de croire son témoignage; s'il est certain d'ailleurs que ceux qui les ont faites étoient réellement prophètes, cela suffit pour être assuré que tout ce qu'ils ont prédit s'est vérifié. Or l'accomplissement incontestable d'une seule prophétie avérée, prouve l'inspiration de son auteur; et l'Écriture offre un grand nombre de semblables prophéties: sans même y comprendre celles qui ont le Messie pour objet, et dont nous parlerons tout-à-l'heure. C'est dans l'Écriture-Sainte que Porphyre et Julien, ces ardens ennemis du Christ, vont chercher des exemples de prophéties véritables (4).

(1) II Paralip., XXXVI, 23. I Esdr., 1 et 2.

(2) Bossuet, loc. cit.

(3) Orig. contr. Cels., lib. II, n. 37. Traduct de Gourcy.

(4) Porphyr. de Abstin. lib. IV, cap. 13. Id. Porph. et Julian. ap. Cyrill., lib. V et VI in Julian.

Porphyre étoit même si frappé de celles de Daniel, qu'il essaya de tirer de leur clarté même un argument contre elles, prétendant qu'elles n'avoient pu être écrites qu'après les événemens qu'elles prédisent, parce que le prophète paroît bien plutôt raconter le passé, qu'annoncer l'avenir (1). Or il n'est pas maintenant un seul incrédule qui conteste l'authenticité des prophéties de Daniel : et voilà les incrédules des premiers siècles, qui, terrassés par l'évidence de leur accomplissement, vous disent que ce ne sont pas des prédictions, mais une histoire. Je ne sais ce qu'on peut demander, ce qu'on peut désirer encore après ce double aveu.

Mais, comme nous l'avons fait observer déjà, le dernier objet des prophéties étant constamment le Messie qui devoit venir, celles qui se sont accomplies avant sa venue tendoient toutes au même but, qui étoit d'affermir la foi dans les prophéties qu'il devoit accomplir lui-même; et certainement personne ne doutera qu'elles n'aient produit leur effet, puisqu'au moment où Jésus-Christ apparut sur la terre, il étoit attendu non seulement des Juifs, mais du genre humain tout entier. Écoutons Pascal.

«La plus grande des preuves de Jésus-Christ, ce » sont les prophéties. C'est aussi à quoi Dieu a le plus

(1) Contra prophetam Danielem duodecimum librum scripsit Porphyrius, nolens eum ab ipso, cujus est inscriptus nomine, esse compositum sed à quodam qui temporibus Antiochi qui appellatus est Epiphanes, fuerit in Judæâ; et non tam Danielem ventura dixisse, quàm illum narrâsse præterita, S. Hieronym., lib. XIV, in Daniel. Præf., Oper. tom. III, col. 1071, 1072.

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