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>> contre un que son produit n'est point l'effet du ha>> sard (1). >>

Sophiste, reconnoissez vos paroles; et ne dites plus que la clarté d'une prophétie ne rendant pas son accomplissement impossible, cet accomplissement, quand il a lieu, ne prouve rien, à la rigueur, pour celui qui l'a prédit: car la possibilité que cet accomplissement soit l'effet du hasard peut être telle, de votre aveu, qu'elle n'ait en sa faveur qu'une chance unique contreune infinité d'autres chances. Or quand il y a l'infini à parier contre un qu'un homme est véritablement prophète, on ose penser qu'à la rigueur cela prouve quelque chose pour lui; et cette preuve est si forte à vos propres yeux, que vous l'employez pour établir l'existence du souverain Être.

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Mais allons plus loin en excluant la condition contradictoire d'une impossibilité absolue dans l'accomplissement, toutes les conditions requises par Rousseau pour qu'une prophétie fasse autorité, conditions dont il juge le concours impossible, peuvent se rencontrer, et se sont en effet rencontrées réellement. Les apôtres ont entendu, ou ils ont pu entendre JésusChrist prédire sa résurrection. Les apôtres ont vu, ou ils ont pu voir Jésus-Christ ressuscité. La résurrection d'un mort est un événement que le hasard n'a pu opérer. Done il peut y avoir des prophéties qui, suivant Rousseau lui-même, fassent autorité; et les Pères ont en raison d'enseigner que la prophétie est un ca

(1) Emile, liv. IV, tom. II, p. 312.

ractère distinctif et le témoignage authentique de la Divinité, qui connoît seule l'avenir; parce qu'elle seule connoît ses volontés et les volontés libres des créatures (1).

En considérant la nature de l'homme et les lois qui en dérivent, nous avons reconnu que la prophétie est une suite nécessaire de ces lois, et que l'ordre entier de nos devoirs repose sur la révélation de l'avenir. Mais quand nous serions incapables de concevoir la nécessité ou même l'utilité de la prophétie, quand ses rapports avec l'ordre général échapperoient à notre raison; son existence attestée par tous les peuples dans tous les siècles, seroit encore un fait au-dessus du plus léger doute, un fait aussi certain que l'existence de l'homme même.

Cet accord universel, qui forme, suivant Aristote, la plus puissante preuve (2), avoit frappé Cicéron.

C'est, dit-il, une opinion très ancienne, descendue » des temps héroïques jusqu'à nous, et affermie par >> le consentement du peuple romain et de toutes les »> nations, qu'il existe parmi les hommes une certaine

(1) « La prophétie est le caractère distinctif de la Divinité : la con> noissance des choses futures est au-dessus de l'intelligence hu» maine. L'accomplissement de la prophétie est donc une preuve » sans réplique que Dieu en est l'auteur. » Orig. contr. Cels., lib. VI, n. 10. - Idoneum, opinor, testimonium Divinitatis veritas divinationis. Tertull., Apolog., cap. XX.-S. Iren., lib. I, c. XIII, n. 2.- Aut. quæst. et respons. ad orthod. resp. ad qu. 146. Minut. Felix in Octavio.-S. Hilar., lib. IX de Trinit.-S. August. de Divinat. Dæmon., cap. V.

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(2) Κράτιςτον πάντας ἀνθρώπους, κ. τ. λ. Potentissima probatio est, si in id quod dicitur omnes consentiant. Arist.

>> divination que les Grecs appellent d'un nom qui >> signifie le pressentiment et la science des choses fu»tures. Chose magnifique et salutaire, si elle existe >> réellement, et qui, plus qu'aucune autre, rapproche » notre nature de la nature divine....... Or je ne vois >> aucune nation, si polic qu'elle soit et si savante, ou >> si grossière et si barbare, qui ne croie que l'avenir >> est annoncé, que plusieurs le connoissent et peuvent » le prédire (1). »

Cette croyance étoit fondée, en premier lieu, sur la tradition primitive. Il y a eu des prophètes dès le commencement (2). Le premier homme apprit de Dieu qu'il sortiroit de la femme une semence bénie qui écraseroit la tête du serpent (3). Hénoch, suivant saint Jude et Philon (4); Noé (5), Abraham (6),

(1) Vetus opinio est, jam usque ab heroicis ducta temporibus, eaque et populi romani et omnium gentium firmata consensu, versari quamdam inter homines divinationem, quam Græci. μzyTONY appellant, id est, præsensionem et scientiam rerum futurarum. Magnifica quidem res et salutaris, si modo est ulla; quâque proximė ad deorum vim natura mortalis possit accedere... Gentem quidem nullam video, neque tam humanam atque doctam, neque tam immanem atque barbaram, quæ non significari futura, et à quibusdam intelligi, prædicique posse censeat. Cicer. de Divinat., lib. I, cap. I, n. 1 et 2. Vid. et. Origen. contr. Cels., lib. I, n. 36. Machiavel, Disc. sur Tile-Live, 1, 56. M. de Maistre, Soirées de Saint-Pétersbourg, XI entret., nol., tom. II, p. 348 et suiv.

(2) S. Epiphan. adv. Hæres., p 6.

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(3) S. Jud. epist. 14. Phil. lib. Quis rerum divin. hæres., p. 517.

(4) Genes., III, 15.

(5) Ibid. VI.

(6) Ibid., XX, 7.

Isaac (1), Jacob (2), Joseph (3), reçurent de Dieu l'esprit prophétique, et l'on a vu que tout le genre humain avoit conservé le souvenir des antiques oracles qui annonçoient au monde un Libérateur (4).

Secondement, Dieu ne cessa point, même depuis la loi écrite, de susciter parmi les Gentils de véritables prophètes, pour procurer à tous les hommes le moyen de parvenir au salut, et pour assurer en particulier celui des élus. Balaam en offre un exemple. « Dans >> tous les temps, dit Origène, la sagesse divine des>>cendant dans les âmes des justes, en a fait des pro>> phètes et amis de Dieu (5). »

Saint Augustin s'exprime sur ce point en des termes non moins exprès. «S'il y a eu des prophètes chez le >> peuple juif, il y en a eu aussi chez les autres peu>>ples, et ils ont prédit des choses qui regardent Jésus» Christ (6). » Et encore : « On croit avec raison » qu'il y a eu chez les autres nations des hommes à » qui le mystère de Jésus-Christ a été révélé, et qui » ont été poussés à le prédire (7). »

(1) Genes., XXVII, 27 et seq.

(2) Ibid., XLIX.

(3) Ibid., XXXVII

(4) Voyez le chapitre XXVII.

(5) Origen. contr. Cels., lib. IV, n. 7. Traduct. de Gourcy. (6) Siquidem de populo Judæorum fuerunt prophetæ, per quos Evangelium, cujus fide credentes justificantur, ante promissum esse testatur....; fuerunt enim et prhetæ non ipsius, in quibus etiam aliqua inveniuntur quæ de Christo audita cecinerunt. S. Aug. Epist. ad Rom. inchoat. Exposil., cap. III, part. II, tom. III,

col. 926.

(7) Non incongruè creditur fuisse et in aliis gentibus homines, quibus hoc mysterium revelatum est, et qui hoc etiam prædicere

Clément d'Alexandrie n'en doutoit point, et ses paroles montrent même qu'il regardoit ce sentiment comme une tradition apostolique (1). Il ne faut pas s'étonner de l'entendre nommer les Sibylles. Presque tous les anciens Pères (2), et saint Augustin luimême (3), les ont crues véritablement inspirées. On a tout lieu de croire que sous ce nom, qui ne désigne aucun personnage certainement connu, de vraies prophéties avoient cours chez les Grecs et chez les Romains. Quoiqu'on en ignorât les auteurs, elles ne laissoient pas de produire leur effet, en dirigeant la foi et l'espérance des justes vers le Sauveur attendu, et en préparant les peuples à le reconnoître. Il est pos

impulsi sunt. De Cirit. Dei, tom. XVIII, cáp. XLVII, tom. VII,

col. 530.

(1) Quod enim quemadmodùm Judæos Deus salvos esse voluit, daus eis prophetas, ità etiam Græcorum spectatissimos propriæ suæ linguæ prophetas excitatos, prout poterant capere Dei beneficentiam, à vulgo secrevit, præter Petri prædicationem, declarabit Paulus apostolus dicens: Libros quoque sumile, agnoscite Sibyllam quomodo unum Deum significat, et ea quæ sunt futurâ : et Hỳ daspen sumite et legite, et invenietis Dei filium multò clariùs et apertiùs esse scriptum, et quemadmodùm adversùs Christum multi reges instruent aciem, qui cum habent odio, et eos qui nomen ejus gestant, et ejus fideles, et ejus tolerantiam et adventum. Clem. Alexandr. Strom., lib. VI, p. 636.

(2) S. Justin. Cohort. ad Græc., p. 34 et 36.-Lacl. Divin. Inst., lib. IV, cap. XV.

(3) Omninò non est cui alteri præter Dominum Christum, dicat genus humanum:

Te duce, si qua manent sceleris vestigia nosti,

Irrita perpetua solvent formidine terras.

Quod ex Cumæo, id est, ex Sybillino carmine se fassus est transtulisse Virgilius ; quoniam fortassis illa vates aliquid de unico Salvatore in spiritu audierat, quod necessc habuit confiteri. S. Augúst. Epist. CCLVIII ad Martian., n. 5, tom. II, col. 88 i.

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