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cuté, et ce sont là des biens qu'on n'est guère tenté d'acquérir au prix de sa vie. Cherchera-t-on à expliquer par le fanatisme ce sacrifice entier de soi-même, aussitôt se présentent de nouvelles absurdités. Le fanatisme est une passion ardente, sombre, implacable : que voit-on de pareil dans les apôtres ? Leur caractère c'est le calme, la simplicité, la douceur; et avant la mort de leur maître, une excessive timidité qu'ils avouent avec une candeur naïve. Saint Pierre reniant Jésus-Christ et tremblant devant une servante, étoitil un fanatique ? Les autres apôtres dispersés comme des brebis sans pasteur (1); saint Thomas refusant de croire que le Christ est ressuscité, s'il ne le voit de ses yeux et ne le touche de ses mains (2); saint Paul devenant de persécuteur, le plus humble disciple de ce même Christ qu'il doit annoncer aux Gentils : tous ces hommes, que le monde n'a connus que par leurs bienfaits, leur parfait désintéressement, leur charité compatissante, étoient-ils des fanatiques? Le fanatisme combat, domine, écrase ce qui lui résiste ; eux n'ont su que mourir.

Qu'on en pense, après tout, ce qu'on voudra ; qu'on

(1) Tunc dicit il!is Jesus: Omnes vos scandalum patiemini in me, in ista nocte. Scriptum est enim: Percutiam pastorem, et dispergentur oves gregis. Matth., XXVI, 31.

(2) Thomas autem unus ex duodecim, qui dicitur Didymus, non erat cum eis quando venit Jesus. Dixerunt ergo ei alii discipuli : Vidimus Dominum. Ille autem dixit eis: Nisi videro in manibus ejus fixuram clavorum, et mittam digitum meum in locum clavorum, et mittam manum meam in latus ejus, non credam. Joan., XX, 24, 25.

TOME 4.

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suppose que les apôtres étoient ou des fourbes, ou des enthousiastes, on ne gagne absolument rien par cette supposition, à moins qu'on ne suppose de plus que tous les premiers chrétiens, tous les Juifs qui accouroient pour être témoins des œuvres de Jésus-Christ, et ceux qui le bénissoient, disant: Gloire au fils de David (1)! et ceux qui crioient: Qu'on le crucifie (2)! étoient aussi des enthousiastes, ou des fourbes qui s'entendoient pour persuader au monde la vérité de faits innombrables qui n'existèrent jamais.

Car il faut remarquer que ces faits avoient dû être publics; que les apôtres en appeloient hautement au témoignage d'un peuple entier, d'un peuple en grande partie ennemi du christianisme, et dont les aveux ont dès-lors une force irrésistible. Aucune de ces choses, disoit saint Paul, dans la Judée même, au roi Agrippa, aucune de ces choses ne s'est passée dans un coin obscur, et vous n'en ignorez aucune (3). Parle-t-on de la sorte, quand on peut craindre une solennelle dénégation? Et que répond Agrippa? Peu s'en faut que vous ne me persuadiez de me faire chrétien (4).

clama

(1) Turbæ autem, quæ præcedebant et quæ sequebantur, bant, dicentes: Hosanna filio David: benedictus, qui venit in nomine Domini: hosanna in altissimis. Matth., XXI, 9.

(2) Dicit illis Pilatus: Quid igitur faciam de Jesu, qui dicitur Christus? Dicunt omnes: Crucifigatur. Ait illis præses: Quid enim mali fecit ? At illi magis clamabant, dicentes: Crucifigatur, Ibid., XXVII, 22, 23.

(3) Scit enim rex ad quem et constanter loquor latere enim eum nihil horum arbitror. Neque enim in angulo quidquam horum gestum est. Act., XVII, 26.

(4) In modico suades me christianum fieri. Ibid., 38.

Mais on doutera peut-être de ces circonstances mêmes, à cause qu'elles sont rapportées dans le livre des Actes. On ne doutera pas du moins que le christia nisme n'ait existé dès le premier siècle de notre ère, ni par conséquent qu'il ait été annoncé par les apôtres et les premiers disciples. Presque tous les peuples alors connus entendirent la bonne nouvelle du salut, qui se répandit avec la rapidité de la lumière (1). L'authenticité du Nouveau-Testament étant démontrée, nous savons certainement ce que racontoient les apôtres, ce qu'ils enseignoient, ce qu'ils disoient d'eux-mêmes et des œuvres qu'ils opéroient publiquement. La propar gation du christianisme prouye qu'on les crut. Le tém moignage des prosélytes qu'ils faisoient à Jésus-Christ, est confirmé, comme on l'a vu, par le témoignage des Juifs et des païens. C'est donc le monde presque entier qu'il faut démentir, pour nier les faits évangéliques; c'est presque toutes les nations soumises à la domination romaine qu'il faut accuser d'enthousiasme ou de fourberie, c'est le principe de toute croyance qu'il faut anéantir car que trouvera-t-on de plus croyable que ce qui a été cru universellement ?

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Il n'y a qu'un insensé ou un fou d'orgueil qui puisse essayer d'opposer ses petites idées, ses petites opinions particulières au consentement commun. Ce que l'homme sait n'est rien en comparaison de ce qu'il

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(1) Fides ex auditu; auditus autem per verbum Christi. Sed dico: Numquid non audierunt? Et quidem in omnem terram exivit sonus eorum et in fines orbis terræ verba corum. Ep. ad Rom., X, 17, 18.

ignore, et l'incrédule argumente toujours comme s'il savoit tout. Sa vie même ne lui est-elle pas incompréhensible? Qu'il en cherche la preuve dans ce qu'il connoît de son organisation, l'y découvrira-t-il ? Mettez un livre de physiologie entre les mains d'un philosophe; partant de la supposition qu'il renferme une science complète, il prouvera, s'il le veut, par mille raisons, l'impossibilité que l'être décrit dans ce livre existe. Comment lui répondroit-on ? par le fait même de l'existence de cet être impossible. Et comment prouveroit-on ce fait ? par le témoignage. Nous ne connoissons pas davantage, nous connoissons beaucoup moins le plan éternel de la Providence, l'ensemble des lois qu'elle a établies, que nous ne nous connoissons nous-mêmes; l'ordre universel nous échappe et cependant l'incrédule raisonne constamment selon l'hypothèse qu'il en a une connoissance parfaite. Cela ne se peut pas, dit-il; donc cela n'est pas. Et qui l'assure que cela ne se peut pas? Il commence par mettre sa pensée à la place de celle de Dieu, et puis il prononce sans hésiter sa décision irrévocable, Qui ne voit qu'en contredisant le témoignage général des hommes, en niant un effet attesté, ou il suppose qu'il connoît toutes les causes qui peuvent rendre cet effet possible, toutes les volontés de l'Être tout-puissant, tous les motifs qui les déterminent, ou sa négation se réduit à ce triomphant argument: Je ne comprends pas que cela puisse être, donc cela n'est pas. Comment lui répondre ? encore par un fait. Cela est, donc cela peut être. Cela est, parce qu'un témoi

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gnage irrécusable l'affirme. Cela est, parce que, s'il n'étoit pas certain que cela fût, rien ne seroit certain, pas même votre négation, ou, si vous l'aimez mieux, votre doute, qui n'est non plus qu'un fait connu seulement par le témoignage, par le vôtre d'abord, et ensuite par celui des personnes qui l'ont entendu. Cela est, , parce qu'à l'instant même où vous dites: Cela n'est pas, vous vous ôtez à vous-même le droit de prononcer aucun jugement, puisque votre raison proteste contre la raison humaine.

L'inspiration de l'Écriture, conséquence nécessaire de ce que nous avons établi, ne sauroit être niée par quiconque aura compris ce qui précède.

Car, premièrement, la vérité des faits rapportés dans l'Écriture étant reconnue, l'inspiration de l'Écriture devient elle-même un fait aussi incontestable que tous les autres. La loi donnée par Dieu même sur le mont Sina, est un fait identique avec l'inspiration de cette partie de l'Écriture. La mission de Moïse, prouvée par ses œuvres, prouvées elles-mêmes par tant de témoignages; la promesse que Dieu lui fait de mettre sa parole sur ses lèvres, de lui enseigner ce qu'il doit dire (1), sont des fails identiques avec l'inspiration de Moïse. Chaque livre de l'Ancien-Testament offriroit de semblables preuves de son inspiration, ou bien on la trouveroit attestée dans un autre livre dont l'in spiration seroit prouvée de la même manière que l'in

(1) Ego ero in ore tuo, doceboque te quid loquaris. Exod., IV, 12 seqq.

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