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que la manifestation de sa puissance, de sa vérité, de sa justice et de sa miséricorde infinie? « Dieu a aimé » le monde, jusqu'à donner son Fils unique; afin que » quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu'il » ait la vie éternelle : car Dieu n'a point envoyé son >> Fils dans le monde pour condamner le monde, mais » pour que le monde fût sauvé par lui (1). »

Ne voyez-vous pas dans ce seul mot le sommaire de toute la religion, la substance de la foi ancienne et l'accomplissement des espérances de ce monde, que Jésus-Christ est venu sauver?

« Celui qui croit en lui n'est point condamné; » mais celui qui ne croit pas est déjà condamné, » parce qu'il ne croit point au nom du Fils unique de >> Dieu (2). »

Et pourquoi condamné ? O Christ, fils du Dieu vivant ! peut-être que ce malheureux n'a pas pu vous reconnoître. L'erreur involontaire est-elle un crime à vos yeux? Punissez-vous dans le juste la foiblesse de l'esprit, comme vous punissez dans le méchant la corruption du cœur? La foi dépend-elle de nous ? Cet infortuné qui ne croit point, peut-il croire? et sur quel motif est-il condamné?

« Voici sa condamnation : La lumière est venue

(1) Sic enim Deus dilexit mundum, ut Filium suum unigenitum daret ut omnis qui credit in eum, non pereat, sed habeat vitam æternam. Non enim misit Deus Filium suum in mundum, ut judicet mundum, sed ut salvetur mundus per ipsum. Joan., III, 16, 17.

(2) Qui credit in eum, non judicatur; qui autem non credit, jam judicatus est: quia non credit in nomine unigeniti Filii Dei. Joan., III, 18.

» dans le monde, et les hommes ont mieux aimé les » ténèbres que la lumière : parce que leurs œuvres » étoient mauvaises. Quiconque fait le mal, hait la » lumière, et ne vient point à la lumière, afin que ses » œuvres ne soient pas dévoilées. Mais celui qui fait » la vérité, vient à la lumière, afin que ses œuvres >> soient manifestées, parce qu'elles sont faites en » Dieu (1). »

Comprenez donc que la lumière est offerte à tous; et qu'en choisissant les ténèbres on rejette librement le don divin, par un usage criminel de la volonté résolue à se fixer dans le mal. On nie la vérité, la sainteté de la doctrine, à cause de la sainteté des devoirs qu'elle impose. Qui ne seroit chrétien, si le christianisme permettoit à chacun de vivre selon ses désirs? On doute, parce qu'on veut douter; on doute, parce que l'esprit traite secrètement avec les passions, et leur livre, pour un indigne prix, la vérité qu'il feint d'aimer, comme l'homme de meurtre (2) livra la vérité vivante.

La morale évangélique épouvante la mollesse, consterne la nature humaine dégradée. Sous le triste joug de leurs vices (3), les enfans d'Adam la con

(1) Hoc est autem judicium: Quia lux venit in mundum, et dilexerunt homines magis tenebras, quàm lucem; erant enim eorum mala opera. Omnis enim qui malė agit, odit lucem, et non venit ad lucem, ut non arguantur opera ejus : qui autem facit veritatem, venit ad lucem, ut manifestentur opera ejus, quia in Deo sunt facta. Joan., III, 19-21.

(2) Judas surnommé Iscariotes ou l'homme de meurtre, vir ocsisionis.

(3) Jugum grave super filios Adam. Eccles., XI, 1.

templent et l'admirent avec effroi. Sa beauté, sa pureté, sa sainteté les subjuguent. Tous rendent hommage à sa perfection; et, quand ils s'écartent de ce qu'elle prescrit, vaincus encore par elle, il leur en coûteroit moins de se condamner eux-mêmes, que de l'accuser. La conscience universelle y reconnoît, mais plus développés, les préceptes de justice promulgués originairement. La loi qui régloit les actions, pénètre jusque dans le cœur pour en régler les mouvemens les plus imperceptibles. Dans ce qu'elle ordonne, dans ce qu'elle défend, dans ce qu'elle conseille, tout est d'un ordre supérieur; tout annonce un état plus élevé, où l'homme, rendu à l'innocence, est appelé par son Sauveur, et dont il voit en lui le modèle. En lisant l'Évangile, si simple et si divin, on se sent comme ravi par quelque chose du ciel. Je ne crois pas qu'il existe un être humain qui pût, à ce moment, commettre une mauvaise action. Il faut auparavant que l'impression qu'il a reçue s'efface; il faut que la parole de grâce et de vérité, dont le charme indéfinissable suspendoit la puissance du mal, cesse de résonner dans son âme émue.

<< Aimez Dieu de tout votre cœur, de tout votre » esprit, de toutes vos forces: voilà le premier et le >> plus grand commandement. Le second lui est sem>> blable: Aimez votre prochain comme vous-même. >> Ces deux commandemens renferment toute la >> loi (1). »

(1) Diliges Dominum Deum tuum ex toto corde tuo, et ex totâ

Ils renferment en effet et la justice et la charité, qui n'est que la perfection de la justice. Nul devoir qui n'en découle. Il est également impossible d'y rien ajouter, d'en rien retrancher; et c'est en les observant que l'homme achève de devenir semblable à Dieu, autant qu'il peut l'être. La foi sanctifie son esprit, en rendant ses pensées conformes aux pensées divines(1); l'amour sanctifie son cœur, en le remplissant des mêmes sentimens que Dieu a pour lui-même (2) et pour les êtres qu'il a créés ; et par là s'explique ce précepte, jusqu'alors incompréhensible: Soyez parfaits, comme votre père céleste est parfait (3). »

Quel autre que Jésus-Christ tint jamais un pareil langage? Que comparerez-vous à ses enseignemens? Cherchez, examinez, dites-nous ce qui y manque, ou ce qu'on pourroit y réformer. Il y a dix-huit siècles que les peuples les entendirent pour la première fois : philosophes si fiers de votre raison, vous qui vantez avec tant de faste les progrès de la sagesse, montreznous les perfectionnemens que lui doit la règle des

animâ tuà, et ex omnibus viribus tuis, et ex omni mente tuâ. Luc., X, 27.-Hoc est maximum, et primum mandatum. Secundum autem simile est huic : Diliges proximum tuum sicut te ipsum....... In his duobus mandatis universa lex pendet, et prophetæ. Matth., XXII, 38, 39 et 40.

(1) Sanctifica eos in veritate. Sermo tuus veritas est... Et pro eis ego sanctifico meipsum ; ut sint et ipsi sanctificati in veritate. Joan., XVII, 17 et 19.

(2) Et notum feci eis nomen tuum, et notum faciam; ut dilectio, quâ dilexisti me, in ipsis sit, et ego in ipsis. Ibid., 26.

(3) Estote ergo vos perfecti, sicut et pater vester cœlestis perfectus est. Matth., V, 48.

mœurs, Vous vous taisez : eh bien, Rousseau va parler pour vous.

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« Je ne sais pourquoi l'on veut attribuer aux pro» grès de la philosophie la belle morale de nos livres. >>> Cette morale, tirée de l'Évangile, étoit chrétienne >> avant d'être philosophique... Les préceptes de Platon » sont souvent très sublimes; mais combien n'erre» t-il pas quelquefois, et jusqu'où ne vont pas ses er>> reurs !... L'Évangile seul est, quant à la morale, toujours sûr, toujours vrai, toujours unique et toujours semblable à lui-même (1). »

Supposez la morale chrétienne abolie, à l'instant plus de société, plus de famille, plus de lois ; le crime seul régneroit, et la vie même tariroit dans sa source. Supposez au contraire une obéissance complète à ses commandemens, la terre, purifiée de tout désordre, seroit l'image du ciel, et, comme lui, le séjour de la paix, du bonheur, de l'innocence et de la sainteté (2).

Et remarquez encore dans le christianisme, dans sa morale et dans ses dogmes, un caractère de divinité

(1) Lettres écrites de la Montagne : III© let., p. 86, 87 ; not. Paris, 1793.

(2) Bolingbroke lui-même n'a pu s'empêcher de le reconnoître : « Il » ne parut jamais dans le monde, dit-il, de religion dont la tendance » naturlele ait été plus propre à augmenter la paix et le bonheur des » hommes, que ne l'est celle de la religion chrétienne. Le système » de religion renfermé dans l'Évangile est un système complet, » remplissant tout ce que se propose la religion naturelle ou révé» lée. L'Évangile de Jésus-Christ est une leçon continue de la mo» rale la plus stricte, de la justice, de la bienveillance et de la cha» rité universelle.» Analyse de Bolingbroke, sect. XII.

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