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ardeur, il frappe la terre et l'enfonce; et il ne « devient point tranquille par les premiers signaux << de la trompette. Mais lorsqu'elle donne un signal « décisif, alors il dit: Courage! Il distingue, comme << par l'odorat, que le combat va se donner, avant

qu'il se donne. Il entend, ce semble, le comman<< dement des généraux, et il prend garde au bruit « confus de l'armée*. »

Chaque mot demanderait d'être développé pour en faire sentir la beauté : je ne m'arrêterai qu'aux derniers, qui donnent une espèce d'entendement et de parole au cheval.

Les armées sont long-temps à se mettre en ordre de bataille, et elles sont quelquefois long-temps en présence sans s'ébranler. Tous les mouvements sont marqués par des signaux particuliers, et les différents sons de trompette apprennent aux soldats tout ce qu'ils doivent faire. Cette lenteur importune le cheval. Comme il est prêt au premier son de trompette, il porte avec impatience qu'il faille avertir tant de fois l'armée. Il murmure en secret contre tous ces délais; et, ne pouvant demeurer en place, ni aussi désobéir, il bat continuellement du pied, et se plaint en sa manière qu'on perde inutilement le temps à se regarder sans rien faire:

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Numquid præbebis equo fortitudinem, aut circumdabis collo ejus hinnitum? Numquid suscitabis eum quasi locustas ? Gloria narium ejus terror. Terram ungulâ fodit: exultat audacter: in occursum pergit armatis. Contemnit pavorem, nec cedit gladio. Super ipsum souabit pharetra, vibrabit hasta et clypeus. Fervens et fremens sorbet terram, nec reputat tube sonare clangorem. Ubi audierit buccinam, dicit Vah! procul odoratur bellum, exhortationem ducum, et ululatum exercitûs. Job. XXXIX, 19, 25.

Fervens et fremens sorbet terram. Dans son impatience, il compte pour rien tous les signaux qui ne sont point décisifs, et qui ne font que marquer quelque détail dont il n'est point occupé : Nec reputat tubæ sonare clangorem. Mais quand c'est tout de bon, et et que le dernier coup de la trompette annonce la bataille, alors toute la contenance du cheval change. On dirait qu'il distingue, comme par l'odorat, que le combat va se donner, et qu'il a entendu distinctement l'ordre du général; et il répond aux cris confus de l'armée par un frémissement qui marque son allégresse et son courage. « Ubi audierit <«< buccinam, dicit, Vah! Procul odoratur bellum, << exhortationem ducum, et ululatum exercitus. »>

Qu'on compare les admirables descriptions qu'Homère et Virgile ont faites du cheval, on verra combien celle-ci est supérieure. (V. t. II, p. 483 et suiv.) S V. Figures.

Ce serait une chose infinie que de vouloir parcourir toutes les différentes espèces de figures qui se rencontrent dans l'Écriture. Les passages que j'ai déjà cités en renferment un grand nombre. J'y en ajouterai encore quelques-unes, sur-tout de celles qui sont les plus communes, telles sont la métaphore, la similitude, la répétition, l'apostrophe, la prosopopée.

1. Métaphore et similitude. —«J'ai toujours craint « la colère de Dieu, comme des flots suspendus sur «< ma tête, et je n'en ai pu supporter le poids *. »

Semper quasi tumentes super me fluctus timui Deum, et pondus ejus ferre non potui. Job. XXXI, 23.

Quelle idée de la colère de Dieu! des flots qui engloutissent tout, un poids qui accable et qui brise. Iram Domini portabo (Mich. VII, 9). Comment la pourrons-nous porter pendant toute l'éternité?

La magnificence de Dieu à l'égard de ses élus n'est pas moins difficile à comprendre et à exprimer. « Il << les enivrera de ses biens, il les inondera d'un « torrent de délices *. »

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Il est une autre ivresse bien terrible réservée aux impies. «< Tu seras enivrée de douleurs, dit un prophète à Jérusalem réprouvée. Tu boiras la même coupe que ta sœur Samarie a bue, qui n'est pleine << que de désolation et de tristesse. Tu la boiras jusqu'à la lie. Tu seras même contrainte d'en manger <<< les fragments; et, dans l'excès de ton désespoir, «< tu te déchireras la poitrine; car c'est moi qui l'ai «< ainsi ordonné, dit le seigneur **. » Voilà une affreuse peinture de la rage des réprouvés, mais encore infiniment au-dessous de la vérité.

2. Répétition. - « Comme je me suis appliqué à <«<les arracher, et à les détruire, et à les dissiper, et « à les perdre, et à les affliger: ainsi je m'applique «< rai à les édifier et à les planter, dit le Seigneur

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."

* Inebriabuntur ab ubertate domus tuæ et torrente voluptatis tuæ potabis eos. Ps. XXXV, 9.

** Ebrietate et dolore repleberis: calice mororis et tristitiæ, calice sororis tuæ Samariæ. Et bibes illum, et epotabis usque ad fæces, et fragmenta ejus devorabis, et ubera tua lacerabis: quia ego locutus sum, ait Dominus Deus. Ezech. XXIII, 33, 34.

*** Sicut vigilavi super eos ut evellerem, et demolirer, et dissiparem, et disperderem, et affligerem: sic vigilabo super eos ut ædificem, et plantem, ait Dominus. Jer. XXXI, 28.

La conjonction répétée ici plusieurs fois marque comme autant de coups redoublés de la colère de Dieu.

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Babylone est tombée; elle est tombée, cette grande ville qui a fait boire à toutes les nations, « le vin empoisonné de sa prostitution*. » Cette répétition, qui est aussi dans Isaïe (XXI, 9), marque que la chute de cette grande ville paraîtra incroyable, et que, pour y ajouter foi, on se fera répéter plusieurs fois cette étonnante nouvelle.

« C'est maintenant, dit le Seigneur, que je me «<lèverai; c'est maintenant que je signalerai ma << grandeur; c'est maintenant que je ferai éclater ma puissance **. » C'est-à-dire, qu'après avoir longtemps paru endormi, il sortira enfin de son sommeil, pour prendre avec éclat la défense de son peuple, et que le moment en est venu : nunc, nunc. Dieu s'explique encore d'une manière plus vive dans le même prophète : « Je me suis tu jusqu'à cette «< heure, je suis demeuré dans le silence, j'ai été pa<< tient :mais maintenant je me ferai entendre comme «une femme qui est dans les douleurs de l'enfante<«< ment; je détruirai tout, j'abîmerai tout ***. »

3. Apostrophe. Prosopopée. -Ces deux figures sont souvent mêlées ensemble. La dernière consiste principalement à personnifier des choses inanimées,

* Cecidit, cecidit Babylon illa magna, quæ à vino iræ fornicationis suæ potavit omnes gentes. Apoc. XIV, 8.

** Nunc consurgam, dicit dominus; nunc exaltabor; nunc sublevabor. Isaï. XXXIII, 10.

*** Tacui semper, silui, patiens fui: sicut parturiens loquar; dissipabo et absorbebo simul. Isaï. XLII, 14.

à leur donner du sentiment et de la parole, ou bien à leur adresser son discours.

Dans le psaume CXXXVI, c'est un citoyen de Jérusalem relégué à Babylone, qui, tristement assis sur les bords du fleuve qui arrosait cette ville, exhale sa douleur et ses plaintes en tournant les yeux vers sa chère patrie. Ses maîtres, qui le tenaient captif, le pressaient de chanter, pour les réjouir, quelques airs de musique sur ses instruments. Pénétré de douleur et d'indignation, il s'écrie: «Comment chan<< terions - nous le cantique du Seigneur dans une « terre étrangère? Si je viens à t'oublier, ô Jéru<< salem, que ma main droite oublie tout ce qu'elle « sait : que ma langue demeure attachée à mon pa«lais, si je ne me souviens plus de toi*. » Combien cette apostrophe à Jérusalem rend-elle tendre et touchant le discours de ce Juif exilé! Il croit la voir, l'entretenir, lui protester avec serment qu'il consent à perdre la voix et l'usage de la langue aussi bien que de ses instruments, plutôt que de l'oublier en prenant part aux fausses joies de Babylone.

Les écrivains sacrés font un merveilleux usage de la prosopopée, et Jérusalem en est souvent l'objet. Je me contenterai d'en indiquer un seul exemple tiré de Baruch où ce prophète décrit le malheur des Juifs emmenés captifs à Babylone. Il introduit Jérusalem comme une mère désolée, mais soumise

* Quomodò cantabimus canticum Domini in terrâ alienâ? Si oblitus fuero tui, Jerusalem, oblivioni detur (Heb. obliviscatur) dextera mea. Adhæreat lingua mea faucibus meis, si non meminero tuî. Ps. CXXXVI, 5.

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