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MORCEAUX

CHOISIS

DE MASSILLON.

EXISTENCE DE DIEU.

LEVEZ les

yeux, ô homme considérez ces grands corps de lumière qui sont suspendus sur votre tête, et qui nagent, pour ainsi dire, dans ces espaces immenses où votre raison se confond. Qui a formé le soleil, dit Job, et donné le nom à la multitude infinie des étoiles? Comprenez, si vous le pouvez, leur nature, leur usage, leurs propriétés, leur situation, leur distance, leurs apparitions, l'égalité ou l'inégalité de leurs mouvemens. Notre siècle en a découvert quelque chose, c'est-à-dire, il a un peu mieux conjecturé que les siècles qui nous ont précédés; mais qu'est-ce qu'il nous en a appris, si nous le comparons à ce que nous ignorons encore?

Descendez sur la terre, et dites-nous, si vous le savez, qui tient les vents dans les lieux où ils sont enfermés; qui règle le cours des foudres et des tempêtes; quel est le point fatal qui met des

Tome XII. MORCEAUX CHOISIS.

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bornes à l'impétuosité des flots de la mer; et comment se forme le prodige si régulier de ses mouvemens: expliquez-nous les effets surprenans des plantes, des métaux, des élémens cherchez comment l'or se purifie dans les entrailles de la ,terre : démêlez, si vous le pouvez, l'artifice infini qui entre dans la formation des insectes qui rampent à nos yeux : rendez-nous raison des différens instincts des animaux tournez-vous de tous les côtés; la nature de toutes parts ne vous offre que des énigmes. O homme! vous ne connoissez pas les objets que vous avez sous l'œil, et vous voulez voir clair dans les profondeurs éternelles de la foi ? CARÊME Ier.

GRANDEUR DE DIEU.

GRAND Dieu, souverain maître de l'univers, quel lieu de la terre pourrois-je parcourir où je ne trouve partout sur mes pas les marques sensibles de votre présence, et de quoi admirer la grandeur et la magnificence de votre saint norn? Si des peuples sauvages ont pu laisser effacer l'idée que vous en aviez gravée dans leur ame, toutes les créatures qu'ils ont sous les yeux le portent écrit en caractères si ineffaçables et si éclatans, qu'ils sont inexcusables de ne pas vous y reconnoître. L'impie lui-même a beau se vanter qu'il ne vous connoît pas, et qu'il ne retrouve en luimême aucune notion de votre essence infinie;

c'est qu'il vous cherche dans son cœur dépravé, et dans ses passions, Dieu très-saint, plutôt que dans sa raison. Mais qu'il regarde du moins autour de lui, il vous retrouvera partout; toute la terre lui annoncera son Dieu; il verra les traces de votre grandeur, de votre puissance et de votre sagesse imprimées sur toutes les créatures; et son cœur corrompu se trouvera le seul dans l'univers, qui n'annonce et ne reconnoisse pas l'auteur de son être.

L'homme, devenu tout charne!, ne sait plus admirer que les beautés qui frappent ses sens; mais s'il vouloit faire taire ses pensées de chair et de sang qui offusquent sa raison; s'il savoit s'élever au-dessus de lui-même, et de tous les objets sensibles ah! il reconnoîtroit bientôt que tout ce qu'il y a de plus grand et de plus magnifique dans l'univers, n'est, ô mon Dieu, qu'un trait grossier, une ombre légère de la grandeur et de la gloire qui vous environne. Les cieux eux-mêmes, dont la hauteur et la magnificence nous paroissent si dignes d'admiration, disparoissent, comme un atome, sous les yeux de votre immensité. Ces globes immenses, et si infiniment élevés au-dessus de nous, sont encore plus loin des pieds de votre trône adorable, qu'ils ne le sont de la terre. Tout nous annonce votre grandeur, et rien ne peut nous en tracer même une foible et légère image. Elevez donc mon ame, grand Dieu, audessus de toutes les choses visibles. Que je vous voie et vous aime tout seul au milieu de tous les

objets que vous avez créés. Qu'ils ne sortent ja mais à mon égard de leur destination et de leur usage. Ils ne sont faits que pour manifester jusqu'à la fin aux hommes la puissance de celui qui les a créés, et lui former des adorateurs; et non s'attirer eux-mêmes notre amour et nos

pas pour hommages.

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Et qu'est-il besoin en effet, mon Dieu, de vaines recherches et de spéculations pénibles pour connoître ce que vous êtes! Je n'ai qu'à lever les yeux en haut; je vois l'immensité des cieux qui sont l'ouvrage de vos mains, ces grands corps de lumière qui roulent si régulièrement et si majestueusement sur nos têtes, et auprès desquels la terre n'est qu'un atome imperceptible. Quelle magnificence, grand Dieu! Qui a dit au soleil : Sortez du néant, et présidez au jour; et à la lune Paroissez, et soyez le flambeau de la nuit? Qui a donné l'être et le nom à cette multitude d'étoiles qui décorent avec tant de splendeur le firmament, et qui sont autant de soleils immenses ́attachés chacun à une espèce de monde nouveau qu'ils éclairent? Quel est l'ouvrier dont la toutepuissance a pu opérer ces merveilles, où tout l'orgueil de la raison éblouie se perd et se confond? Eh! quel autre que vous, souverain créateur de l'univers, pourroit les avoir opérées? Seroient-elles sorties d'elles-mêmes du sein du hasard et du néant? Et l'impie sera-t-il assez désespéré pour attribuer à ce qui n'est pas, une

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