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La vérité, cette lumière du ciel, figurée par l'étoile qui parut autrefois aux mages, est la seule chose ici-bas qui soit digne des soins et des recherches de l'homme. Elle seule est la lumière de notre esprit, la règle de notre cœur, la source des vrais plaisirs, le fondement de nos espérances, la consolation de nos craintes, l'adou cissement de nos maux, le remède de toutes nos peines; elle seule est la ressource de la bonne conscience, la terreur de la mauvaise; la peine secrète du vice, la récompense intérieure de la vertu; elle seule immortalise ceux qui l'ont aimée, illustre les chaînes de ceux qui souffrent pour elle, attire des honneurs publics aux cendres de ses martyrs et de ses défenseurs, et rend res→ pectables l'abjection et la pauvreté de ceux qui ont tout quitté pour la suivre; enfin elle scule inspire des pensées magnanimes; forme des hommes héroïques, des ames dont le monde n'est pas digne, des sages seuls dignes de ce nom. Tous nos soins devroient donc se borner à la connoître tous nos talens, à la manifester, tout notre zèle, å la défendre : nous ne devrions donc chercher dans les hommes que la vérité, ne vouloir leur plaire que par la vérité, n'estimer en eux que la vérité, et ne souffrir qu'ils voulussent nous plaire que par elle en un mot, il semble donc qu'il devroit suffire qu'elle se montrât à nous, pour se faire aimer, et qu'elle nous montrat à nousmêmes pour nous apprendre à nous connoître.

Cependant il est étonnant combien la même

vérité montrée aux hommes fait en eux d'impres

sions différentes. Pour les

uns,

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un

c'est une lumière qui les éclaire, qui les délivre, qui leur rend le devoir aimable, en le leur montrant aux autres, c'est une lumière importune, et comme éblouissement, qui les attriste et qui les gêne; enfin, à plusieurs, un nuage épais qui les irrite, qui arme leur fureur, et qui achève de les aveugler.

AVENT.

LES HOMMES SE DOIVENT MUTUELLEMENT LA VÉRITÉ.

Nous ne devons pas à tous les hommes des soins, des prévenances, des empressemens; nous leur devons à tous la vérité : les différentes situations. que la naissance et les dignités nous donnent dans le monde, diversifient nos devoirs à l'égard de nos frères; celui de la vérité, dans toutes les situations, est le même. Nous la devons aux grands comme aux petits; à nos maîtres comme à nos sujets; à ceux qui la haïssent comme ceux qui l'aiment; à ceux qui veulent s'en servir contre nous, comme à ceux qui desirent en faire usage pour eux-mêmes: il est des conjonctures où la prudence permet de cacher et de dissimuler l'amour que nous avons pour nos frères; il n'en est point où il nous soit permis de leur dissimuler la vérité : eu un mot, la vérité n'est point à nous; nous n'en sommes que les témoins, les défenseurs

et les dépositaires : c'est la lumière de Dieu dans l'homme, qui doit éclairer tout le monde; et lorsque nous la dissimulons, nous sommes injustes envers nos frères, à qui elle appartient comme à nous, et ingrats envers le père des lumières, qui l'a répandue dans notre ame.

AVENT.

PORTRAIT D'UN PRINCE AMI DE LA VÉRITÉ.

SOUVERAINEMENT vrai, il n'aimoit que la vérité dans les autres: nul intérêt n'étoit jamais entré dans sa grande ame, en concurrence avec la vé→ rité elle lui paroissoit le premier devoir de l'homme, et le titre le plus glorieux du prince. Il laissoit aux ames vulgaires les déguisemens et les finesses utiles, ou pour nous parer d'une gloire qui ne nous appartient pas, ou pour cacher nos défauts véritables; toutes ses paroles étoient dictées par la vérité même; il ne trouvoit de beau dans les hommes que la vérité ; il ne cherchoit point ses amis parmi les flatteurs; son rang même lui étoit souvent à charge par les ménagemens qu'on s'imposoit devant lui; et on lui a souvent oui dire que dans ses voyages, lorsque la bienséance lui avoit pu permettre d'être inconnu, n'avoit pas trouvé de plaisir plus doux que d'entendre parler les hommes naturellement, et se montrer tels qu'ils sont : plaisir assez inconnu aux grands, qui ne voient jamais des hommes

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DIEU ne peut se manifester aux hommes que pour leur apprendre ce qu'il est, et ce que les hommes lui doivent ; et la religion n'est proprement qu'une lumière divine qui découvre Dieu à l'homme, et qui règle les devoirs de l'homme envers Dieu. Soit que le Très-Haut se montre lui-même à la terre, soit qu'il remplisse de son esprit des hommes extraordinaires, la fin de toutes ces démarches ne peut être que la connoissance et la sanctification de son nom dans l'univers, et l'établissement d'un culte où l'on rende à lui seul ce qui n'est dû qu'à lui seul.

AVENT.

ANCIENNETÉ DE LA RELIGION.

L'ANCIENNETÉ, en matière de religion, est un caractère que la raison respecte; et l'on peut dire qu'une croyance consacrée par la religion des premiers hommes, et par la simplicité des premiers temps, forme déjà un préjugé en sa faveur. Ce n'est pas que le mensonge ne se glorifie souvent des mêmes titres, et qu'il n'y ait parmi les hommes de vieilles erreurs, qui semblent disputer avec la vérité, de l'ancienneté de leur origine;

mais à qui veut en suivre l'histoire, il n'est pas malaisé de remonter jusqu'à leur naissance. La nouveauté se trouve toujours le caractère le plus constant et le plus inséparable de l'erreur.

En effet, s'il y a une véritable religion sur la terre, elle doit être la plus ancienne de toutes; elle doit être le premier et le plus essentiel devoir de l'homme envers le Dieu qui veut en être honoré. Il faut donc que ce devoir soit aussi ancien que l'homme; et comme il est attaché à sa nature, il doit, pour ainsi dire, être né avec lui. Et voilà le premier caractère qui distingue d'abord la religion des chrétiens des superstitions et des sectes. C'est la plus ancienne religion qui soit au monde. Les premiers hommes, avant qu'un culte impie se fût taillé des divinités de bois et de pierre, adorèrent le même Dieu que nous adorons, lui dressèrent des autels, lui offrirent des sacrifices attendirent de sa libéralité la récompense de leur vertu, et de sa justice le châtiment de leur désobéissance. L'histoire de la naissance de cette religion est l'histoire de la naissance du monde même. Les livres divins qui l'ont conservée jus'qu'à nous, renferment les premiers monumens de l'origine des choses. Ils sont eux-mêmes plus anciens que toutes ces productions fabuleuses de l'esprit humain qui amusèrent si tristement depuis la crédulité des siècles suivans: et comme l'erreur naît toujours de la vérité, et n'en est qu'une vicieuse imitation, c'est dans les principaux traits de cette histoire divine, que les fables du paga-

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nisme

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