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cette sublime autorité, sous laquelle ploient les anges mêmes, et qui règne encore plus haut. L'univers matériel lui obéit, et ne la connoît pas. Une voix a parlé aux cieux et les astres dociles redisent incessamment, dans tous les points de l'espace, cette grande parole qu'ils n'ont point entendue. Pour eux, l'autorité n'est que la puissance; mais pour les êtres intelligens qui vivent de vérité et doivent concourir librement à l'ordre, elle est la raison générale manifestée par le témoignage ou par la parole. Le premier homme reçoit les premières vérités, sur le témoignage de Dieu, raison suprême, et elles se conservent parmi les hommes, perpétuellement manifestées par le témoignage universel (1), expression de la raison générale. La société ne subsiste que par sa foi dans ces vérités transmises de génération en génération comme la vie, qui s'éteindroit sans elles; transmises comme la pensée, puisqu'elles ne sont que la pensée même reçue primitivement et perpétuée par la parole. Se roidir contre cette grande loi, c'est lutter contre l'existence; il faut, pour s'en affranchir, reculer jusqu'au néant. Créatures superbes, qui dites Nous ne croirons pas, descendez donc. Et nous, guidés par la lumière que repousse votre orgueil, nous nous élèverons jusque dans le sein du souverain Être, et là encore nous re

(1)« Toute croyance universelle est toujours plus ou moins vraie, » c'est-à-dire que l'homme peut bien avoir couvert, et pour ainsi » dire encroûté la vérité par les erreurs dont il l'a surchargée; >> mais ces erreurs sont locales, et la vérité universelle se mon» trera toujours. » Soirées de Saint-Pétersbourg, parM. le comte de Maistre; tom. I, p. 280.

trouverons une image de la loi qui vous humilie : car la certitude n'est en Dieu même que l'intelligence infinie, la raison essentielle, par laquelle le Père conçoit et engendre éternellement son Fils, son Verbe, la parole par laquelle un Dieu éternel et parfait se dit lui-même à lui-même tout ce qu'il est (1); témoignage toujours subsistant, qui est cette pensée même et cette parole intérieure conçue dans l'esprit de Dieu, qui le comprend tout entier, et embrasse en elle-même toute la vérité qui est en lui (2): et la religion qui nous unit à Dieu en nous faisant participer à sa vérité et à son amour, n'est encore, dans ses dogmes, que ce témoignage traduit en notre langue par le Verbe luimême (3), ou la manifestation sensible de la raison

(1) Bossuet, Élévation sur les mystères. II. Sem. Élevat. 4. On retrouve quelque chose de semblable dans l'homme fait à l'image de Dieu, et Platon l'avoit aperçu: « Pour moi, dit-il, la pensée est » le discours que l'esprit se tient à lui-même : » Tò dè dixvoɛïãoɩ, ἄρ ̓ ὅπερ ἐγὼ καλεῖς.... λόγον ὃν αὐτὴ τρὸς αὕτην ἡ ψυχὴ διεξέρχεται. Plat. in Theat. Opp., tom. II, p. 150, 151. Éclairé par une doctrine plus haute, Origène a vu toute la vérité dont on ne trouve que le germe dans Platon. « Celse, dit-il, prétend que Dieu est incompréhensible » au Verbe même. Il faut distinguer s'il parle du Verbe qui est en » nous, ou que nous prononçons, de nos connoissances, ou de nos » discours; il est bien certain que Dieu est incompréhensible au » verbe pris en ce sens. Mais s'il s'agit du Verbe qui étoit en Dieu, » el qui étoit Dieu, ce qu'avance Celse est insoutenable: le Verbe » divin non seulement comprend Dieu, mais il le fait connoître à » ceux à qui il manifeste le Père.» Origen. contr. Cels., lib. VII, n. 65.

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(2) Bossuet, VI Avertissem. aux Protest. n. XXXI.

(3) Eh! qui pourroit sauver l'homme et le conduire au Dieu suprême, sinon le Verbe-Dieu ? Dès le commencement dans Dieu,

» il s'est fait chair dans le temps en faveur de ceux qui ne pou» voient le voir comme Verbe - Dieu. Devenu chair et prenant une » voix corporelle, il appelle à lui ceux qui sont chair, pour

les

universelle, dans ce quelle a de plus haut, de plus inaccessible à notre propre raison abandonnée à ses seules forces; en sorte que, si nous voulons y être attentifs, nous comprendrons que Dieu, avec sa toutepuissance, ne nous pouvoit donner une plus grande certitude des vérités que son Fils est venu nous annoncer, puisque son témoignage enferme en soi toute la certitude divine.

Mais l'ordre des idées ne nous permet pas en ce moment d'arrêter nos regards sur ces magnifiques harmonies qui ravissent de joie l'intelligence. Avant d'admirer par quels moyens la religion a été établie et se conserve, nous devons prouver qu'il en existe nécessairement une véritable. Cette tâche sera facile, maintenant qu'ayant placé la raison humaine sur sa base, nous savons comment on peut reconnoître avec certitude la vérité. Nous ne la demanderons pas à l'esprit de l'homme, mais à la raison de la société. Nous interrogerons les croyances, les traditions du genre humain, nous constaterons ses décisions; et s'il se présente un contradicteur, ouvrant devant lui deux

» rendre d'abord conformes au Verbe qui a été fait chair; ensuite, » pour les élever jusqu'à contempler le Verbe avant qu'il fût » chair; de manière que, devenus parfaits, ils disent : Quoique » nous ayons connu le Christ, selon la chair, nous ne le connoissons » plus maintenant (2 Cor. 5). Devenu chair, il a habité parmi nous. » Il s'est transformé une fois sur le Thabor, où non seulement il a » paru dans tout son éclat, mais où il a fait voir la loi spirituelle » et les prophéties représentées par Moïse et par Élie. On a pu » dire alors: Nous avons vu sa gloire, la gloire du Fils unique du Père, plein de grâce et de vérité (Jean, I.).» Origen. contr. Cels., lib. VII, n. 68.

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voies, dans l'une desquelles il faut absolument marcher, la voie solitaire et ténébreuse du jugement individuel, qui aboutit au néant, et la voie sociale de l'autorité, qui conduit à la vie ou à Dieu même, pour

toute réponse nous lui dirons: Choisissez.

TOME 2.

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CHAPITRE XVI.

Qu'il existe une vraie Religion; qu'il n'en existe qu'une seule, et qu'elle est absolument nécessaire au salut.

ON a, depuis soixante ans, assez plaidé la cause du désespoir et de la mort : j'entreprends de défendre celle de l'espérance. Quelque chose me presse d'élever la voix, et d'appeler mon siècle en jugement. Je suis las d'entendre répéter à l'homme: Tu n'as rien à craindre, rien à attendre, et tu ne dois rien qu'à toi. Il le croiroit peut-être enfin; peut-être qu'oubliant sa noble origine, il en viendroit jusqu'à se regarder en effet comme une masse organisée qui reçoit l'esprit de tout ce qui l'environne et de ses besoins (1), jusqu'à dire à la pourriture: Vous êtes ma mère; et aux vers: Vous êtes mes frères et mes sœurs (2); peut-être qu'il se persuaderoit réellement être affranchi de tout devoir envers son Auteur; peut-être que ses désirs mêmes s'arrêteroient aux portes du tombeau, et que, satisfait d'une frêle supériorité sur les brutes, passant comme elles sans retour, il s'honoreroit de tenir le sceptre du néant. Je veux le briser dans sa main. Qu'il apprenne ce qu'il

(1) C'est ainsi que Saint-Lambert définit l'homme.

(2) Putredini dixi: Pater meus es; mater mea et soror mea, vermibus. Job. XVII, 14.

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