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ne reçut jamais de sanction si universelle. Si donc cette preuve n'étoit qu'un sophisme; si, pendant soixante

que c'est que l'on cherche, si l'on n'attachoit pas une idée précis au mot Dieu; c'est par là qu'on doit commencer : autrement le theiste, en affirmant que Dieu est, et l'athée en le niant, ne sauroient ce qu'ils affirment et ce qu'ils nient.

Le théiste dit donc Par le mot Dieu, j'entends un être infini, qui renferme en soi toutes les perfections ou toutes les réalités possibles, en un mot la plénitude de l'être; qui, souverainement indépendant, peut seul dès lors dire de lui-même, en contemplant son essence: Je suis celui qui suis, ou dont le nom propre est : Celui qui est. Voilà l'être dont j'affirme l'existence.

Maintenant il faut que l'athéc admette ou non cette définition. S'il ne l'admet pas, ce n'est plus Dieu qu'il nie, c'est quelque autre chose, c'est tout ce qu'on voudra, hors Dieu, puisqu'il attache sa négation à une idée qui n'est pas celle de Dieu.

S'il l'admet, alors en substituant la définition au mot defini, la proposition qu'il soutient se réduit à ceci : Celui qui est, n'est pas.

On dira peut-être que l'existence étant comprise dans la définition que le théiste donne de Dieu, il suppose ce qui est en question, et par conséquent ne prouve rien. Mais que tous les hommes ensemble essaient de définir Dieu, sans que l'idée d'existence entre dans sa notion, ils n'y réussiront pas; et c'est cette impossibilité même qui fait toute la force de la preuve, en montrant qu'il est contradictoire de demander seulement si Dieu est.

En résumé, l'idée de l'ètre peut-elle être séparée de l'idée de Dieu ? a-t-on l'idée de Dieu, si on ne le conçoit pas comme l'être infini ? Il faudra bien répondre que non. Donc, toutes les fois qu'on raisonne sur une notion différente on est hors de la question : et l'on ne sauroit y rentrer qu'aussitôt le doute ne redevienne ce qu'il est, c'est-à-dire une absurdité, une contradiction réelle dans les termes.

Ce qui trompe quelques personnes, c'est qu'il n'en est pas ainsi pour tout autre être que Dieu. Les créatures étant nécessairement contingentes, l'idée d'existence n'entre pas nécessairement dans leur notion; de sorte que, pour s'assurer qu'elles existent, on est obligé d'en chercher la preuve ou la raison hors d'elles. Vouloir appliquer cette méthode à Dieu, c'est renverser l'ordre des idées et se condamner à un athéisme invincible; car la raison de l'existence de Dieu ne se trouve et ne peut se trouver qu'en Dieu même.

Preuve physique.-On établit comme un axiome incontestable en mécanique, que la matière est indifférente au mouvement et au

siècles, le genre humain avoit pu être abusé par sa raison, que seroit-ce de la raison de chaque individu?

repos. Si, en effet, le mouvement lui étoit essentiel, il seroit impossible de la concevoir en repos. Or loin que nous ne puissions pas la concevoir en repos, nous sommes portés au contraire à regarder le repos comme son état naturel. Qu'un corps inanimé se meuve sous nos yeux, nous imaginons aussitôt une cause de son mouvement, certains qu'il a commencé, et qu'il doit finir avec l'impression de la cause étrangère qui le produit. De plus, qu'entend-on lorsqu'on parle du mouvement essentiel à la matière? qu'est-ce que ce mouvement? est-il indéterminé, ou déterminé? Un mouvement indéterminé seroit un mouvement en tous sens, et ayant à la fois tous les degrés de vitesse, chose absurde. Il n'y a point de mouvement sans quelque direction; si donc le mouvement nécessaire est déterminé, « dans quel sens la matière se >> meut-elle nécessairement ? Toute la matière en corps a-t-elle un » mouvement uniforme, ou chaque atome a-t-il son mouvement » propre ? Selon la première idée, l'univers entier doit former une » masse solide et indivisible; selon la seconde, il ne doit former » qu'un fluide épars et incohérent, sans qu'il soit jamais possible » que deux atomes s e réunissent, Sur quelle direction se fera ce >> mouvement commun de toute la matière? Sera-ce en droite li»gne, ou circulairement, en haut, en bas, à droite, à gauche? Si >> chaque molécule de matière a sa direction particulière, quelles » seront les causes de toutes ces directions et de toutes ces diffé»rences? Si chaque atome ou molécule de matière ne faisoit que » tourner sur son propre centre, jamais rien ne sortiroit de sa » place, et il n'y auroit point de mouvement communiqué ; encore » même faudroit-il que ce mouvement circulaire fût déterminé dans » quelque sens. Donner à la matière le mouvement par abstrac» tion, c'est dire des mots qui ne signifient rien; et lui donner un » mouvement déterminé, c'est supposer une cause qui le déter» mine. Plus je multiplie les forces particulières, plus j'ai de nou» velles causes à expliquer, sans jamais trouver aucun agent com» mun qui les dirige. Loin de pouvoir imaginer aucun ordre dans >> le concours fortuit des élémens, je n'en puis pas même imaginer » le combat, et le chaos de l'univers m'est plus inconcevable que son » harmonie. » (Émile, liv. IV.)

Il ne sert de rien de recourir à des lois générales pour expliquer l'existence du mouvement, son intensité plus ou moins grande, et ses directions diverses. « Ces lois, dit encore Rousseau, n'étant

N'ayant plus aucun moyen de discerner le vrai du faux en matière de raisonnement, il faudroit renoncer

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point des êtres réels, des substances, ont donc quelque autre >> fondement qui m'est inconnu. L'expérience et l'observation nous » ont fait connoître les lois du mouvement ces lois déterminent » les effets sans montrer les causes; elles ne suffisent point pour expliquer le système du monde et la marche de l'univers. Des» cartes avec des dés formoit le ciel et la terre, mais il ne put » donner le premier branle à ces dés, ni mettre en jeu sa force centrifuge qu'à l'aide d'un mouvement de rotation. Newton a trouvé la loi de l'attraction, mais l'attraction seule réduiroit bien» tôt l'univers en une masse immobile; à cette loi il a fallu joindre » une force projectile pour faire décrire des courbes aux corps cé» lestes. Que Descartes nous dise quelle loi physique a fait tourner » ses tourbillons; que Newton nous montre la main qui lança les planètes sur la tangente de leurs orbites.

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» Les premières causes du mouvement ne sont point dans la ma» tière; elle reçoit le mouvement et le communique, mais elle ne » le produit pas. Plus j'observe l'action et réaction des forces de la >> nature agissant les unes sur les autres, plus je trouve que, d'effet > en effet, il faut toujours remonter à quelque volonté pour pre» mière cause; car supposer un progrès de cause à l'infini, c'est » n'en point supposer du tout. En un mot, tout mouvement qui » n'est point produit par un autre ne peut venir que d'un acte spontané, volontaire. Les corps inanimés n'agissent que par le » mouvement, et il n'y a point de véritable action sans volonté. » Voilà mon premier principe. Je crois donc qu'une volonté meut » l'univers et anime la nature. Voilà mon premier dogme, ou mon » premier article de foi. » (Emile, ibid.)

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Preuve mathématique.-De l'impossibilité absolue que la matière ait existé éternellement, suit la nécessité de la création, par conséquent la nécessité d'un créateur ou la nécessité de l'existence de Dieu. Or, qu'il soit impossible que la matière ait existé de toute éternité, c'est ce qu'on démontre géométriquement, par l'impossibilité reconnue d'une suite actuellement infinie de termes soit permanens, soit successifs (voy. la Dissert. de Gerdil, t. III de ses OEuvres, p. 261; Maclaurin, Traité des fluctions, introd., p. 41, Mairan, d'Alembert, etc.). Je suppose en effet la matière éternelle, on pourra supposer aussi que l'ordre présent de l'univers a subsisté éternellement; car, par exemple, le mouvement de la terre autour du soleil n'étant point une chose qui répugne, ce mou

à raisonner, et briser avec mépris le dernier instrument de nos connoissances.

Et maintenant venez, hommes sans Dieu, superbes athlètes du néant, venez prendre possession de votre empire; vous l'avez conquis, il est à vous: mais ne vous y trompez pas, votre triomphe sera muet comme la mort. Impuissans à rien établir, même le doute, si vous osez ouvrir la bouche, prononcer un mot, tout le genre humain se lèvera pour vous imposer silence; il vous niera votre être, et vous ne pourrez le prouver. Un morne scepticisme, la nuit des tombeaux, voilà votre partage. Nulle vérité, nulle croyance, nul amour dès lors et nulle action. Prodigieux

vement a pu exister à quelque époque que ce soit, et dès lors rien n'empêche de supposer qu'il a existé toujours, ou que la terre a accompli un nombre actuellement infini de révolutions autour du soleil, ce qui implique l'existence possible d'une suite actuellement infinie de nombres, et par conséquent une absurdité démontrée telle mathématiquement. Que deux points vinssent à se mouvoir de même vitesse sur deux parallèles, ou, ce qui ne change rien au fond de l'hypothèse, sur deux lignes, dont l'une seroit une branche de l'hyperbole et l'autre son asymptote, nous ririons de qui nous diroit : Il arrivera un moment où ces deux points se rencontreront. Où seroit néanmoins l'absurdité? uniquement dans la supposition d'un point de concours, dont l'existence ne seroit possible que dans le cas où les deux mobiles eussent parcouru, avant d'y arriver, une suite actuellement infinie de longueurs déterminées. Renversons maintenant l'hypothèse; supposons aux deux mobiles un mouvement inverse, et qu'on nous dise qu'ils sont partis du point ou l'asymptote touche la courbe : l'assertion seroit-elle moins absurde? La différence dans le sens du mouvement rend - elle le point de concours plus possible? fait-elle que l'existence d'une suite actuellement infinie de grandeurs déterminées, impossible dans le premier cas, soit admissible dans le second? Cette impossibilité une fois reconnue, il faut donc avouer la nécessité de la création, et de l'existence de Dieu par conséquent.

dénuement! Ils ont, disent-ils, secoué le joug : oui, le joug de l'intelligence, le joug de la vie. Je cherche à me représenter cet état d'indigence totale, ce vide ténébreux de la raison, ce sourd mouvement de la pensée, semblable au travail intérieur de la putréfaction dans un cadavre; ma vue se trouble, je ne vois que des ombres qui se pressent pour recouvrir un mystère effrayant.

Entraîné par sa doctrine à la destruction, l'athée ne subsiste que parce que la nature, ou plutôt Dieu même le force d'être inconséquent, et de déférer à chaque instant à l'autorité générale comme à la règle infaillible du vrai. Il ne fait pas une démarche qui ne prouve sa pleine foi en quelque vérité, dont il n'a d'autre certitude que le consentement commun. Il parle, il agit, done il croit; car on n'agit qu'en vertu d'une croyance, et qui parle croit au moins pouvoir être entendu or sur quoi repose cette croyance, que sur le témoignage des hommes ? Mais il faut nécessairement ou l'admettre toujours, ou le récuser toujours. Nier ce témoignage sur le point où il est le plus unanime, c'est s'ôter le droit de l'alléguer sur aucun autre point; c'est renverser la base de la raison : et l'athée n'est pas même recevable à raisonner contre Dieu, puisqu'il commence par rejeter l'autorité générale de la raison.

A la vue d'une folie si extrême et d'un crime si grand, on tombe dans un étonnement profond. Se peut-il que l'homme en vienne jusqu'à cet excès? Y a-t-il de vrais athées? Peut-être; car, hélas ! qui

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