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est, qu'il s'instruise de sa grandeur, aussi bien que sa dépendance. On s'est efforcé d'en détruire les titres vaine tentative, ils subsistent; on les lui montrera. Ils sont écrits dans sa nature; tous les siècles les y ont lus, tous, même les plus dépravés. Je les citerai à comparoître, et on les entendra proclamer l'existence d'une vraie religion. Qui osera les démentir, et opposer à leur témoignage ses pensées d'un jour? Nous verrons qui l'osera, quand tout-à-l'heure, réveillant les générations éteintes, et convoquant les peuples qui ne sont plus, ils se lèveront de leur poussière pour venir déposer en faveur des droits de Dieu et des immortels destins de l'homme.

Et pourquoi périroit-il? Qui l'a condamné? Sur quoi juge-t-on qu'il finisse d'être ? Ce corps qui se décompose, ces ossemens, cette cendre, est-ce donc l'homme? Non, non, et la philosophie se hâte trop de sceller la tombe. Qu'elle nous montre des parties distinctes dans la pensée, alors nous comprendrons qu'elle puisse se dissoudre. Elle ne l'a pas fait, elle ne le fera jamais jamais elle ne divisera l'idée de justice, ni ne la concevra divisée en différentes portions ayant entre elles des rapports de grandeur, de formes et de distance; elle est une, ou elle n'est point. Et le désir, l'amour, la volonté, voit-on clairement que ce soient des propriétés de la matière, des modifications de l'étendue? Voit-on clairement qu'une certaine disposition d'élémens composés, produise le sentiment essentiellement simple, et qu'en mélangeant des substances inertes, il en résulte une substance

active, capable de connoître, de vouloir et d'aimer (1)? Merveilleux effet de l'organisation! cette boue que je foule aux pieds n'attend qu'un peu de chaleur, un nouvel arrangement de ses parties, pour devenir de l'intelligence, pour embrasser les cieux, en calculer les lois; pour franchir l'espace immense, et chercher par-delà tous les mondes, non seulement visibles, mais imaginables, un infini qui la satisfasse : atome à l'étroit dans l'univers ! Certes, je plains les esprits assez foibles pour croupir dans ces basses illusions; que si encore ils s'y complaisent, s'ils redoutent d'être détrompés, je n'ai point de termes pour exprimer l'horreur et le mépris qu'inspire une pareille dégradation.

Et que disent-ils cependant? Ils appellent les sens en témoignage, ils veulent que la vie s'arrête là où s'arrêtent les yeux; semblables à des enfans qui, voyant le soleil descendre au-dessous de l'horizon, le croiroient à jamais éteint. Mais, quoi! sont-ils donc les seuls qu'ait frappés le triste spectacle d'organes en dissolution? sont-ils les premiers qui aient entendu le silence du sépulcre? Il y a six mille ans que les hommes passent comme des ombres devant l'homme; et néanmoins le genre humain, défendu contre le prestige des sens par une foi puissante et par un sen

(1) L'homme, par son corps, n'existe que dans le présent; il n'existe, par son esprit, que dans le passé et dans l'avenir: car le présent est insaisissable à la pensée. Le mode d'existence du corps et de l'esprit diffère donc essentiellement; l'esprit et le corps sont done d'une nature essentiellement diverse,

timent invincible, ne vit jamais dans la mort qu'un changement d'existence, et, malgré les contradictions de quelques esprits abusés par d'effroyables désirs, il conserva toujours, comme un dogme de la raison générale, une haute tradition d'immortalité. Que ceux-là donc qui la repoussent se séparent du genre humain, et s'en aillent à l'écart porter aux vers leur pâture, un cœur palpitant d'amour pour la vérité, la justice, et une intelligence qui connoît Dieu (1).

(1) Le matérialisme, qui est la plus abjecte des erreurs, est en même temps tellement absurde, que le bon sens éprouve une sorte de répugnance à le réfuter. Si l'on ne consulte que le raisonnement, ce qu'il y a de moins prouvé c'est l'existence de la matière: il est infiniment moins déraisonnable de la nier, que de nier l'existence des ètres spirituels, attestée d'ailleurs aussi unanimement que celle des corps, par tons les hommes et dans tous les temps. Les physiologistes modernes, du moins quelques-uns, font pitié, lorsqu'avec une morgue ignorante ils s'efforcent de rendre la science complice de leurs désirs et de leur imbéciliité. Qu'ont-ils donc vu qui favorise leurs opinions impies ? Une certaine organisation physique s'altère, il en résulte une altération analogue dans les phénomènes dépendans de cette organisation; cette organisation est détruite, les phénomènes cessent entièrement. Que prétendent-ils conclure de la? que tout l'homme est anéanti? Mais il faudroit avoir prouvé auparavant que le corps, et même tel corps est tout l'homme. Encore une fois, que veulent-ils conclure? Que c'est le corps qui pense et qui sent, parce que des organes en dissolution ne manifestent plus le sentiment et la pensée? Mais c'est comme s'ils soutenoient que la pensée n'est qu'une modification de la langue, parce que l'homme dont on a coupé la langue cesse de parler ou de manifester sa pensée par la parole. Ils ne croient, disent-ils, qu'à ce qui frappe les sens, qu'aux choses qui se voient, qui se touchent, qui agissent sur l'ouïe, ou sur l'odorat: ils ne croient donc pas à leurs propres idées éternellement invisibles, impalpables, et dont l'expression seule frappe les sens. Qu'ils nous disent à quel sens se rapporte l'idée qu'exprime le mot done. Le même motif devra les empêcher de croire à l'existence du sentiment et de la volonté.

Mais laissons ces discussions superflues. La religion prouvée, tout sera prouvé.

Dieu ayant créé l'homme être intelligent, il existe entre Dieu et l'homme des rapports nécessaires.

Tout rapport entre les êtres dérive de leur nature: car s'il n'en dérivoit pas, il leur seroit étranger; ce ne seroit donc pas un rapport, ce ne seroit rien. Donc les rapports entre Dieu et l'homme dérivent de la nature de l'homme et de celle de Dieu.

Ces rapports constituent, à proprement parler, la Religion. Donc il existe une vraie religion, ou une religion nécessaire.

Tout-à-l'heure j'éclaircirai ces propositions en les

Pauvres gens! ils croient plus, beaucoup plus qu'ils ne s'imaginent: on n'est pas toujours maître d'être aussi stupide qu'on le voudroit. Au fond, c'est bien moins au matérialisme dogmatique qu'ils tiennent qu'à la morale qu'ils en déduisent, et aux conséquences rassurantes pour une conscience coupable, qui leur paroissent en découler nécessairement. Voilà ce qui les attire, ce qui les charme; le néant leur sourit, il flatte leurs remords. Mais ils s'abusent encore en cela, et leurs désirs sont également aveugles et abominables. Qu'ils lisent Bayle, il leur apprendra qu'il n'y a rien dans leurs principes mêmes qui doive les tranquilliser sur les suites de la mort; et que quand l'homme ne seroit qu'un être matériel, quand il n'existeroit point d'autre Dieu que celui de Spinosa, ils n'auroient pas lieu pour cela de se croire à l'abri des souffrances qui peuvent être naturellement attachées à un état dépendant de celui qui forme leur existence présente. Aussi presque toujours l'inquiétude reste au fond du cœur de l'impie, tourmenté par des doutes qu'il ne sauroit vaincre. C'étoit l'état de d'Alembert. M. de Fontanes racontoit que lié avec lui dans sa jeunesse, il l'alla voir à son lit de mort : « Mon» sieur, lui dit-il, vous n'avez plus maintenant rien à ménager; votre » fin approche, soyez sincère: croyez-vous réellement qu'il n'y ait » point d'autre vie?» A ces mots, le mourant se soulève, pose sa main sur le bras de M. de Fontanes, et lui dit : Jeune homme, je n'en sais rien.

développant. J'arrive aux conséquences immédiates qui s'en déduisent.

La religion étant l'expression des rapports qui dérivent de la nature de Dieu et de celle de l'homme, il s'ensuit, premièrement, qu'il ne peut en exister qu'une seule, puisque ces rapports sont invariables; secondement, que toute religion fausse est opposée à la nature de Dieu et à celle de l'homme, qu'elle les sépare, par conséquent, au lieu de les unir, les détruit au lieu de les conserver : ainsi l'erreur dans la foi sépare l'homme de Dieu considéré comme vérité suprême; l'erreur dans les actions, ou le crime, sépare l'homme de Dieu considéré commé auteur de l'ordre.

Donc l'homme ne peut se sauver que dans la vraie religion; car le salut n'est autre chose qu'une union éternelle avec Dieu, comme la réprobation n'est qu'une éternelle séparation de Dieu.

A moins de nier Dieu et de se nier soi-même, il faut admettre ces principes; il faut les admettre, ou renoncer à toute philosophie. Si l'on en doutoit, qu'on y substitue les propositions contradictoires : je ne crains point de le dire, pressée de les avouer, la raison consentiroit plutôt à sa destruction; et c'est pour cela, c'est parce qu'elle est faite pour la vérité, ou pour Dieu même, qu'après avoir rompu cette magnifique alliance, vile adultère de l'erreur, et bientôt délaissée, elle se condamne elle-même à mort, et se précipite dans le scepticisme.

Qu'il y ait des rapports naturels entre Dieu et

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