Oldalképek
PDF
ePub

3855312

38551.49.50

1876, Oct. 17.

Walker Frund.

NOUVELLE PRÉFACE

Paris, 13 novembre 1874.

Nous essayions, il y a deux ans, de faire voir que la tolérance de Fénelon n'est qu'une pure légende, qui s'évanouit dès qu'on la met en regard des écrits et de la vie de l'illustre prélat; que, loin d'être supérieur à son siècle, il partagea les sentiments et les erreurs de tous ses collègues, sur l'obéissance illimitée que les rois exigent des peuples, sur l'emploi de la force en matière religieuse; qu'il ignora les droits de la conscience individuelle et méconnut l'inviolabilité de l'âme humaine. Nos efforts n'ont pas été vains: L'Intolérance de Fénelon a produit quelque impression dans la presse française et étrangère; car dix-huit journaux ou revues (sans parler de ceux dont les articles ne nous sont pas parvenus) lui ont fait l'accueil le plus sympathique, et dix-neuf (1) (le Journal de Genève du 27 octobre 1872,le Progrès des Communes du 31, - le Siècle du 5 novembre, la Renaissance du 9 (et du 5 septembre 1874),

[ocr errors]

(1) Bien qu'il ait jugé le livre avec une partialité et un mauvais vouloir évidents, le correspondant de l'orthodoxe Journal de Genève en a cependant accepté les conclusions.

- le Disciple de Jésus-Christ du 10, - l'Avenir du 24, -le Rappel du 26, le Progrès religieux du 30,la Independencia du 10 décembre, l'Evangéliste du 12 (1), le Bulletin de la Société d'hist, du prot. franç. du 1er janvier 1873, la Critique philosophique la Revue des Deux Mondes du 1er février,

[ocr errors]

du 30, - la Bibliographie contemporaine du 1er mars, le Temps du 27, le Havre du 4 juillet,

[ocr errors]

le Glaneur

de Saint-Quentin du 31, The Christian Quarterly

la Revue

de Cincinnati, nos de juillet et d'octobre, anglo-française du 1er février 1874) ont pleinement reconnu que le supérieur de la maison des Nouvelles Catholiques de Paris et le chef de la mission d'Aunis et de Saintonge, s'est montré conséquent aux maximes d'intolérance et de persécution qu'il a semées dans ses ouvrages.

Le résultat espéré était atteint, puisqu'une thèse qui contredisait ouvertement l'opinion presque universelle, avait obtenu l'adhésion des esprits éclairés et sans parti pris, les seuls dont le suffrage vaille la peine d'être ambitionné; cependant il eût peut-être manqué quelque chose à la démonstration, si l'on n'avait pu constater, en même temps, l'inanité des subterfuges par lesquels les très-rares défenseurs de la tradition essaient de soutenir l'idole qui tombe de son piédestal.

Le Moniteur du 1er janvier 1873 s'empressa d'affirmer purement et simplement que les faits qui venaient

(1) On remarquera dans cette liste l'absence des feuilles protestantes la Revue chrétienne et le Christianisme au xixe siècle, qui, pour des motifs sans doute différents, ne se sont pas occupées de l'ouvrage,

--

d'être révélés au public, n'avaient ni portée ni signification. Il feignit, à l'imitation des historiens jésuites, de ne voir dans la maison des Nouvelles Catholiques qu'un établissement religieux d'instruction, ou un lieu de retraite, et nullement une prison, et dans le supérieur de la maison qu'un directeur spirituel qui se bornait à enseigner le dogme catholique. Cette double feinte renferme un aveu; car l'écrivain du Moniteur ne se serait pas amusé à nier, contre toute évidence, la responsabilité du supérieur, s'il avait pu établir que les pensionnaires entraient librement dans la maison, et non contraintes par des lettres de cachet, et conduites par des agents de police.

L'Echo de la Dordogne des 14 et 15 avril 1873 partage les mêmes illusions, et s'imagine pouvoir lutter contre des pièces authentiques par des affirmations où l'on cherche vainement l'ombre d'une preuve. Avec plus de sérieux que le Moniteur, il se laisse égarer par une fiction légale, c'est-à-dire par l'expression mensongère de nouveaux catholiques ou nouveaux convertis, qui désignait tous les protestants, même ceux qui n'avaient jamais abjuré. « Fénelon fut chargé, dit-il, de maintenir dans la foi les Nouvelles Catholiques : c'était une congrégation de protestantes converties. » Qu'est-ce que des protestantes converties, à qui l'ordonnance du 8 avril 1686 donne quinze jours. à dater de leur entrée dans la maison, pour faire leur réunion, c'est-à-dire leur abjuration? Qu'est-ce que maintenir dans la foi catholique des personnes que les listes officielles, remises à la police, mentionnent

comme encore protestantes, ne voulant même pas entendre parler de religion, et qu'on envoie à l'hôpital général parce qu'on n'en peut rien obtenir?

Cependant M. Albert Dujaric, l'auteur de ces articles qu'il a réunis et donnés, sous forme de brochure, pour une Réponse au livre de M. O. Douen sur l'intolérance de Fénelon, Périgueux, Dupont et Comp., 1874, in-8o, n'a pas le parti pris de tout nier comme le Moniteur : « Qu'il y ait eu des actes rigoureux envers les Nouvelles Catholiques, nous ne le contestons pas, dit-il, mais ce que nous contestons, c'est que Fénelon y ait pris la moindre part; car il ne se départit jamais, dans l'éducation des jeunes filles confiées à ses soins, d'une charitable sollicitude et d'une douceur toute paternelle. »

Admettons, je le veux bien, que Fénelon n'eut aucune part à ces actes rigoureux, qu'il fut la douceur même; ne voyez-vous pas que plus sa douceur sera grande, plus sa conduite deviendra inexplicable? Voilà un homme d'une douceur infinie, et il reste dans une maison où l'on tourmente de pauvres jeunes filles confiées à sa direction, dans une maison où il n'a qu'à parler pour être obéi, puisqu'il en est le chef; et il ne parle pas ! Et au lieu de la quitter, il y reste plus de dix ans ! Et cette maison ne lui suffit pas, il accepte encore la responsabilité d'une autre celle de la Madelaine du Tresnel, qui fut aussi sous sa dépendance! Que voulez-vous que j'y fasse? Je n'y puis rien; mais il faut bien que cette douceur ne soit qu'un mythe.

En ce qui concerne le missionnaire, M. Dujaric a recours à une argumentation plus hoiteuse encore. J'ai

« ElőzőTovább »