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a pour but la suppression des académies et des colléges de Saumur, Puylaurens, Die, Châtillon, Sedan, etc. (Vol. I, p. 1126.)

La déclaration royale du 2 avril 1666 répondit si bien aux obsessions du clergé, que la grande émigration protestante date de cette année, et qu'il fallut révoquer cette déclaration, trois ans plus tard, pour empêcher tous les artisans de passer à l'étranger.

Il faudrait lire en entier la Remontrance de 1670, pour se faire une idée de l'empire et de l'audacieux fanatisme du clergé. Vaincu par les remontrances des Etats protestants, par les plaintes de ses sujets et surtout par l'éloquence du grand orateur protestant Dubosc, le roi venait d'adoucir le sort des réformés par la déclaration de 1669. Le clergé poussa de grands cris et s'indigna de «ce changement tant extraordinaire; » il rappela au roi le serment du sacre concernant l'extermination de l'hérésie : « Tout est perdu à jamais, s'écria Messire de Grignan, évêque et comte d'Uzès; nos soins sont superflus, notre zèle tout à fait inutile,... par la funeste liberté, ou, pour mieux dire, par l'horrible libertinage qui donne lieu aux catholiques de votre royaume de faire banqueroute à leur religion. Ces misérables déserteurs, qui nous affligent à toute heure, mériteraient sans doute d'être écrasés sous les carreaux et sous les foudres de la colère de Dieu. » (Vol. supplém., p. 759.) Voilà les sentiments chrétiens du clergé à l'égard des catholiques qui, mus par un sentiment de pitié pour les victimes et d'indignation contre la religion persécutrice, embrassaient le protestantisme. Le roi n'est guère mieux traité; des menaces se font en

tendre, la Remontrance répète fréquemment que «<les trônes les plus affermis sont toujours chancelants si Dieu ne les appuie. » L'orateur du clergé se plaint de la déclaration qui fixe, à 14 ans pour les garçons et à 12 ans pour les filles, l'âge de la conversion. Cette dernière barrière qui arrête les empiétements de l'Eglise sur le domaine sacré de la famille, c'est-à-dire le vol des enfants, le mortarisme pour lui donner son nom moderne, il fallait la faire tomber : « Pouvons-nous, demande l'évêque à Louis XIV, pouvons-nous, sans trahir notre conscience... sans être criminel devant Dieu, ne pas acquiescer à leurs justes désirs (ceux des enfants de 12 et 14 ans) lorsque, par leur propre mouvement, secourus de la grâce, ils se jettent entre nos bras et qu'ils nous découvrent l'extrême envie qu'ils ont d'être admis parmi nous.» (Ibid., p. 762.) Touchante sollicitude de ces hommes qui attentent à la famille, parce qu'ils sont eux-mêmes sans famille et qu'ils n'en connaissent ni les droits, ni les devoirs ! Pour eux tout protestant qui s'efforce de retenir son fils dans la religion qu'il lui a inspirée, est « meurtrier plutôt que père.» (Ibid., p. 765.)

A partir de 1670, l'idée de la Révocation est bien arrêtée dans l'esprit du clergé; désormais, il la présentera au roi sous toutes les formes; il lui montrera qu'il n'y a ni sûreté, ni salut éternel à espérer que par la Révocation. C'est ainsi que le roi se laissa arracher l'un après l'autre tous ces odieux arrêts que la postérité la plus reculée ne pardonnera point encore à sa

mémoire.

André Colbert, évêque d'Auxerre, s'exprimait ainsi

dans sa harangue au roi, le 16 juillet 1680 : « Déjà, Sire, vous avez comblé la plus grande partie des ardents souhaits, que le clergé de France avait formés inutilement depuis plus d'un siècle; vous avez arraché des mains des ennemis de la véritable religion, l'autorité qu'ils avaient usurpée dans des temps malheureux;... vous leur avez interdit l'entrée aux emplois qui leur pouvaient donner moyen d'acquérir des richesses, dont ils se seraient servis pour éblouir et pour séduire des âmes faibles... Plus de 2,500 conversions, que votre sagesse a ménagées et que votre libéralité a soutenues, sont de nouvelles conquêtes que vous avez faites pour l'Eglise... Enfin, ce monstre si redoutable de l'hérésie... se trouve insensiblement abattu aux pieds de Votre Majesté, sans quelle y ait employé ni le fer, ni le feu, et par les seuls efforts d'une prudence qui n'eut jamais d'exemple, et qu'on ne peut assez admirer. Vous avez su les gagner à Jésus-Christ (les réformés) par ces charmes puissants qui vous attirent tous les cœurs... Ils ont été frappés de l'éclat de vos vertus, ils se sont convaincus eux-mêmes qu'un prince si grand, si éclairé, si favorisé du ciel, ne pouvait être engagé dans l'erreur; et ils ont été obligés de se rendre à ces charmes de lumière dont parle saint Paul. » L'évêque d'Auxerre a oublié de nous dire dans laquelle de ses épîtres saint Paul célèbre les charmes de lumière et les vertus du grand roi: mais il n'oublie pas le but final, la Révocation: «Nous n'en doutons plus, Sire, ajoute-t-il, vous ferez bientôt voir ces temps si ardemment désirés, où la véritable religion n'aura plus d'ennemis à combattre dans la France... Que cette victoire fera éclater

de nouvelles acclamations!... Ce sera trop peu que les trophées qu'on a érigés sur la terre, pour honorer votre valeur; on en élèvera dans le ciel, pour rendre des honneurs immortels à votre piété triomphante. »

Enfin le jour si désiré, le grand jour approche, et le 14 juillet 1685, Daniel de Cosnac, évêque et comte de Valence et de Die, entonne d'avance le Te Deum de la Révocation: Sire, les temples renversés, les académies détruites « porteront votre gloire plus avant dans la postérité, que tous les monastères fondés, que toutes les églises élevées depuis le commencement de la monarchie n'ont porté celle de tous vos prédécesseurs. Et que reste-t-il à désirer, sinon qu'une saison si belle soit d'une éternelle durée, qu'un ouvrage si heureusement achevé soit mis dans une entière perfection? »

A côté de ce délire de l'intolérance et de l'adulation, nous aimons à placer ces paroles extraites des Mémoires de Bâville, le farouche et cruel intendant du Languedoc: « Les nouveaux convertis se confesseront et communieront tant qu'on voudra, pour peu qu'ils soient pressés et menacés par la puissance séculière. Mais cela ne produira que des sacriléges. Il faut attaquer les cœurs, c'est là où la religion réside; on ne peut l'établir solidement sans les gagner. » Oui, c'est le cœur qu'il faut attaquer. Grande et profonde parole! au milieu de ce siècle, et de cette génération qui, presque tout entière, crut au pouvoir de la force en matière religieuse, et applaudit au plus horrible des crimes.

II

LES RECLUSES DE LA MAISON DES NOUVELLES

CATHOLIQUES DE PARIS (1685-1687).

1o LES OPINIATRES.

Mlle ALIX,

ne donne aucune espérance de conversion, ordre du 7 juillet 1686 pour la transférer dans un couvent hors Paris; on la retrouve la même année au château de Pont-de-l'Arche.

Mme DE BÉRINGHEN,

femme de Jean de Béringhen, secrétaire du roi, arrêtée le 16 mars 1686 et enfermée au couvent des filles du SaintSacrement, rue Saint-Louis au Marais, n'y fait que peu de progrès. Informée de ce fait, la mère Garnier, supérieure des Nouvelles Catholiques, prie Seignelay de la lui confier, «< espérant réussir à sa conversion » (13 juin 1687). En conséquence, Mme de Béringhen entre aux Nouvelles Catholiques, le 16 juin. — Elle finit par se retirer en Hollande avec son mari, qui avait été mis à la Bastille.

Esther BERNON DE LISLEAU,

née à la Rochelle, n'a pas encore abjuré en décembre 1686. « Elle a été extrêmement maltraitée en province, c'est un esprit effarouché qui a besoin d'être adouci. »

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