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C'ÉTAIT le premier jour du mois de mai. Les cloches de Pâques avaient sonné depuis quelques jours la résurrection du prin

(1) MURGER (Henry), né et mort à Paris (1822-1861), fils d'un concierge-tailleur de la rue Taitbout. Il fut quelque temps secrétaire du comte Tolstoï, puis mena dans une mansarde du Quartier latin cette vie de misère qu'il devait si bien décrire dans les Scènes de la vie de bohème. C'est à ce livre, publié par fragments dans le « Corsaire », en 1848, qu'il doit toute sa réputation. Il révélait un écrivain charmant qui ne dédaigne pas, malgré sa fantaisie et son lyrisme, d'observer et de peindre d'après nature, et chez qui le sentiment et la sensibilité ne nuisent jamais à l'esprit et à l'ironie. Célèbre à partir de ce moment, Murger se vit ouvrir tous les journaux et toutes les revues, même la Revue des Deux Mondes ». Mais sa

santé le trahit au moment où l'aisance lui souriait, et il mourut bientôt d'épuisement, à la maison Dubois. Il est l'auteur de nombreux romans où sa verve languit et où on ne le retrouve plus que par intervalles. Citons: le Pays latin (1851); Scènes de la vie de jeunesse (1851); Scènes de campagne (1854); les Buveurs d'eau (1855); le Dernier Rendez-Vous (1856). Comme poète, il a donné les Ballades et Fantaisies (1854) et les Nuits d'hiver (1864). Au théâtre, après la Vie de bohème, en collaboration avec Th. Barrière (1849), il a écrit deux actes charmants: le Bonhomme Jadis (1852) et le Serment d'Horace (1861).

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temps, et de tous les côtés il arrivait empressé et joyeux; il arrivait, comme dit la ballade allemande, léger ainsi que le jeune fiancé qui va planter le mai sous la fenêtre de sa bienaimée. Il peignait le ciel en bleu, les arbres en vert, et toutes choses en belles couleurs. Il réveillait le soleil engourdi qui dormait couché dans son lit de brouillards, la tête appuyée sur les nuages gros de neige qui lui servaient d'oreiller, et il lui criait Ah! hé! l'ami! c'est l'heure, et me voici ! vite à la besogne! Mettez sans plus de retard votre bel habit, fait de beaux rayons neufs, et montrez-vous tout de suite à votre balcon pour annoncer mon arrivée.

Sur quoi le soleil s'était, en effet, mis en campagne, et se promenait fier et superbe comme un seigneur de la cour. Les hirondelles, revenues de leur pèlerinage d'Orient, emplissaient l'air de leur vol; l'aubépine blanchissait les buissons; la violette embaumait l'herbe des bois, où l'on voyait déjà tous les oiseaux sortir de leurs nids avec un cahier de romances sous leurs ailes. C'était le printemps en effet, le vrai printemps des poètes et des amoureux, et non pas le printemps de Matthieu Laensberg, un vilain printemps qui a le nez rouge, l'onglée aux doigts, et qui fait encore frissonner le pauvre au coin de son âtre, où les dernières cendres de sa dernière bûche sont depuis longtemps éteintes. Les brises attiédies couraient dans l'air transparent, et semaient dans la ville les premières odeurs des campagnes environnantes. Les rayons du soleil, clairs et chaleureux, allaient frapper aux vitres des fenêtres. Au malade ils disaient : Ouvrez, nous sommes la santé ! et dans la mansarde de la fillette penchée à son miroir, cet innocent et premier amour des plus innocentes, ils disaient: Ouvre, la belle, que nous éclairions ta beauté! nous sommes les messagers du beau temps: tu peux maintenant mettre ta robe de toile, ton chapeau de paille et chausser ton brodequin coquet : voici que les bosquets où l'on danse sont panachés de belles fleurs nouvelles, et les violons vont se réveiller pour le bal de dimanche. Bonjour, la belle !

ŒUVRES DE HENRY MURger.

Calmann Lévy, éditeur

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FIN DE LETTRE A LEMERCIER

DE NEUVILLE, DATÉE DE
MARLOTTE (20 DEC. 1860).

(Lemercier lui avait demandé de la copie pour son journal « les Nouvelles de Paris »).

SYLVIE

Adrienne.

JE me représentais un château du temps de Henri IV avec ses toits pointus couverts d'ardoises et sa face rougeâtre aux encoignures dentelées de pierres jaunies, une grande place verte encadrée d'ormes et de tilleuls, dont le soleil couchant perçait le feuillage de ses traits enflammés. Des jeunes filles dansaient en rond sur la pelouse en chantant de vieux airs transmis par leurs mères, et d'un français si naturellement pur que l'on se sentait bien exister dans ce vieux pays du Valois, où, pendant plus de mille ans, a battu le cœur de la France.

J'étais le seul garçon dans cette ronde, où j'avais amené ma compagne toute jeune encore, Sylvie, une petite fille du hameau

(1) GÉRARD DE NERVAL (Gérard Labrunie, dit), né et mort à Paris (1808-1855) [Voir la Notice aux Poètes, 2o vol., page 23]. Après avoir collaboré sous des pseudonymes à différents journaux et revues, notamment à l'Artiste, Gérard de Nerval publia, en 1850, Scènes de la vie orientale, réimprimé sous le titre de Voyage en Orient, chef-d'œuvre de grâce où le poète alterne avec le savant et le conteur. Vinrent ensuite: Lorelly, souvenirs d'Allemagne (1852 et 1855), promenade sur les bords du Rhin et dans la Saxe; la Bohème galante (1855), la Main de gloire (1853), les Filles du feu (1854-56), les Illuminés (1852), enfin Aurélia ou le Rêve et la Vie, sorte de poème de la folie se racontant elle-même, et que Gérard achevait au moment de sa mort. On doit à cet incomparable écrivain mille pages délicieuses, parmi lesquelles il faut citer surtout Sylvie, cette fille du feu, naïve et malicieuse à la fois, quelque chose comme un Greuze retouché par Fragonard. La prose française n'offre pas, dans ses menus chefs-d'œuvre, quelque chose d'aussi pur, d'aussi élégant que cette nouvelle. La langue du xviiie siècle, celle des Confessions et du Neveu de Rameau, suffit à Gérard. Il est objectif sans doute, mais pas trop ; son image, comme sa pensée, est toujours discrète et nuancée, et, habile à noter les détails poétiques, il voltige à fleur de terre avec aisance et légèreté. On ne se douterait guère, à ne le lire que dans ses chefs-d'œuvre, qu'il vivait en plein romantisme, et, en effet, il ne fut jamais romantique au fond de lui-même. Il traversa cette époque comme une hirondelle voyageuse, se posant seulement en passant sur la flèche d'une cathédrale gothique, pour repartir bien vite vers le soleil, vers l'Orient, qui le hanta toute sa vie, où il vécut même deux ans, et où il eut avec la poésie des noces d'or dignes d'illustrer un conte de Schéhérazade.

voisin, si vive et si fraîche, avec ses yeux noirs, son profil régulier et sa peau légèrement hâlée !... Je n'aimais qu'elle, je ne voyais qu'elle, jusque-là ! A peine avais-je remarqué, dans la ronde où nous dansions, une blonde, grande et belle, qu'on appelait Adrienne. Tout d'un coup, suivant les règles de la danse, Adrienne se trouva placée seule avec moi au milieu du cercle. Nos tailles étaient pareilles. On nous dit de nous embrasser, et la danse et le chœur tournaient plus vivement que jamais. En lui donnant ce baiser, je ne pus m'empêcher de lui presser la main. Les longs anneaux roulés de ses cheveux d'or effleuraient mes joues. De ce moment, un trouble inconnu s'empara de moi.

La belle devait chanter pour avoir le droit de rentrer dans la danse. On s'assit autour d'elle, et aussitôt, d'une voix fraîche et pénétrante, légèrement voilée, comme celle des filles de ce pays brumeux, elle chanta une de ces anciennes romances pleines de mélancolie et d'amour, qui racontent toujours les malheurs d'une princesse enfermée dans sa tour par la volonté d'un père qui la punit d'avoir aimé. La mélodie se terminait à chaque stance par ces trilles chevrotants que font valoir si bien les voix jeunes, quand elles imitent par un frisson modulé la voix tremblante des aïeules.

A mesure qu'elle chantait, l'ombre descendait des grands arbres, et le clair de lune naissant tombait sur elle seule, isolée de notre cercle attentif. Elle se tut, et personne n'osa rompre le silence. La pelouse était couverte de faibles vapeurs condensées, qui déroulaient leurs blancs flocons sur les pointes des herbes. Nous pensions être en paradis. Je me levai enfin, courant au parterre du château, où se trouvaient des lauriers, plantés dans de grands vases de faïence peints en camaïeu. Je rapportai deux branches, qui furent tressées en couronne et nouées d'un ruban. Je posai sur la tête d'Adrienne cet ornement dont les feuilles lustrées éclataient sur ses cheveux blonds aux rayons pâles de la lune. Elle ressemblait à la Béatrice de Dante, qui sourit au poète errant sur la lisière des saintes demeures. Adrienne se leva. Développant sa taille élancée, elle nous fit un salut gracieux, et rentra en courant dans le château. C'était, nous dit-on, la petite fille de l'un des descendants d'une famille alliée aux anciens rois de France; le sang des Valois coulait dans ses veines. Pour ce jour de fête, on lui avait permis de se mêler à nos jeux ; nous ne devions plus la revoir, car le lendemain elle repartit pour un couvent où elle était pensionnaire.

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